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Maroc

Ali Lmrabet cesse sa grève de la faim

Le journaliste franco-marocain Ali Lmrabet a décidé de mettre un terme à la grève de la faim qu’il observait depuis 50 jours pour protester contre sa condamnation à trois ans de prison ferme. Il a pris sa décision à l’issue d’un entretien avec le prince Moulay Hicham, cousin du roi.
Le journaliste franco-marocain Ali Lmrabet met un terme à la grève de la faim qu’il observait depuis 50 jours. Une décision qu’il a prise à l’issue d’un deuxième tête à tête dans sa chambre de l’hôpital Avicenne de Rabat avec le prince Moulay Hicham, le cousin du roi du Maroc, Mohamed VI. L’entretien a duré près de trois heures lundi entre les deux hommes qui s’étaient déjà parlé jeudi dernier.

Que se sont-ils dit? Mystère. Me Jamaï, l’avocat d’Ali Lmrabet assure sur RFI que «les discussions claires et militantes qu’il a eues avec Moulay Hicham ont porté leurs fruits». Le prince, que l’on a surnommé le «prince rouge» en raison de ses préoccupations sociales, s’est contenté d’indiquer qu’Ali Lmrabet «a été sensible notamment à l’argument selon lequel il servirait mieux sa cause en restant vivant et à l’idée qu’il ne fallait pas confondre dignité et fierté».

Décision prise «sans condition»

La décision du journaliste de cesser sa grève de la faim a été prise «sans condition» a précisé le prince Moulay Hicham. Une décision saluée sur RFI comme «une première victoire» par Robert Ménard, le secrétaire général de l’organisation Reporters sans frontières. «C’est une victoire pour la vie, mais ce n’est pas une victoire sur le fond» a-t-il précisé. Pour sa part, l’avocat d’Ali Lmrabet rapporte que son client lui a déclaré : «mon combat continue pour mes journaux et pour la liberté d’expression et d’opinion au Maroc».

Le journaliste ne s’alimentait plus que d’eau sucrée et il a perdu une vingtaine de kilos au cours de sa grève de la faim. De l’avis des médecins, Ali Lmrabet se trouvait dans la «zone dangereuse», celle où les conséquences de sa grève de la faim peuvent provoquer des séquelles durables.

Ali Lmrabet a été condamné le 17 juin dernier à trois ans de prison ferme et à l’interdiction des deux journaux satiriques qu’il dirige (Demain magazine et Doumane). Le journaliste a été reconnu coupable «d’outrage à la personne du roi» pour des articles et des dessins mettant en cause la liste civile (somme allouée aux dépenses du roi) votée sans discussion par le Parlement marocain ainsi qu’un photomontage de personnalités politiques marocaines et des extraits d’une interview d’un républicain marocain favorable à l’autodétermination du Sahara occidental.



par Philippe  Couve

Article publié le 24/06/2003