Environnement
Des baleines et des hommes
La Commission baleinière internationale ouvre sa 55e session annuelle dans une atmosphère marquée par une opposition désormais traditionnelle entre mangeurs de cétacés et protecteurs inquiets pour la sauvegarde de la biodiversité. Le conflit porte sur quelques centaines de tonnes de viande de baleines prélevées annuellement sur un cheptel réputé en mauvais état.
La Commission baleinière internationale (CBI) a été créée en 1946 afin de contrôler la prédation des grands cétacés (baleines, dauphins, marsouins). Elle a pour objectif de fixer les dates d’ouverture et de fermeture de la chasse, de définir des quotas de prélèvement et d’émettre des interdictions. Son rôle n’est donc pas de protéger, stricto sensu, les baleines. Toutefois, l’observation du mammifère et de son milieu ont conduit la CBI à décréter des mesures contraignantes. En 1986, un moratoire sur la chasse à la baleine est adopté pour dix ans. Au terme de l’échéance, il est reconduit pour une période indéterminée. Depuis cette date, à chaque réunion de la CBI, le moratoire est au centre d’une vive controverse qui oppose pays chasseurs et pays protecteurs. Officiellement, la chasse est donc suspendue, à deux exceptions près: la chasse aborigène, ancestrale et traditionnelle, et la chasse scientifique, consacrée à la collecte d’informations sur l’état de l’espèce.
Selon les pays protecteurs, la situation ne permet pas d’assouplir la réglementation. Sensibles aux arguments des écologistes, ils estiment que 300 000 individus disparaissent de mort accidentelle chaque année, dans les mailles des filets de pêche, et ils lancent un appel pour une protection accrue des cétacés. Ainsi, un projet regroupant dix-neuf signatures circule dans les couloirs de la conférence, sous le nom d’«initiative de Berlin». Si l’esprit du projet était adopté, la CBI changerait de nature et de mission pour devenir une institution dont la vocation serait alors de protéger les cétacés, plutôt que les exploiter dans de bonnes conditions. Parmi les propositions en circulation, outre le renforcement du moratoire, il est notamment question d’établir des sanctuaires dans les océans Atlantique et Pacifique où tout prélèvement deviendrait impossible.
Impropre à la consommation
Une bataille va donc avoir lieu au cours de ces prochains jours à Berlin, où se tient cette 55e session annuelle de la CBI. Et ses conclusions pourraient avoir de graves conséquences sur le fonctionnement global de l’activité. En effet, depuis 1986, deux pays pêcheurs de baleines, le Japon et la Norvège, s’estiment incompris du reste de la communauté internationale. Et face au blocage de la situation, ils trichent. Sous prétexte d’engranger des données scientifiques, Tokyo a repris ses campagnes de pêches depuis 1987 et Oslo, dont les réserves formulées le dispense de se soumettre au moratoire, depuis 1993. La Norvège, qui a autorisé la capture de 711 spécimens cette année, est la cible de toutes les critiques en raison du fait qu’elle est le seul pays au monde à autoriser la chasse commerciale. Elle va encore tenter de convaincre que les cétacés ne sont pas une espèce menacée par le prélèvement annuel de quelques milliers d’individus supplémentaires. Ces deux-là seront soutenus par l’Islande qui en consomme quelques dizaines de tonnes par an.
Mais sur les 49 pays-membres de la Commission, une large majorité conduite par de grands pays influents comme les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Grande-Bretagne, la France ou encore le pays-hôte, l’Allemagne, va s’employer à, au moins, reconduire le moratoire. Car d’autres dangers menacent l’espèce et ceux qui en consomment la viande. Il semble en effet que la baleine soit un marqueur écologique d’une grande efficacité. Selon deux organismes officiels norvégiens, au-dessus de tout soupçon, ses tissus renferment l’essentiel des poisons que l’activité humaine rejette dans l’environnement les rendant dangereux, voire impropres à la consommation.
Selon les pays protecteurs, la situation ne permet pas d’assouplir la réglementation. Sensibles aux arguments des écologistes, ils estiment que 300 000 individus disparaissent de mort accidentelle chaque année, dans les mailles des filets de pêche, et ils lancent un appel pour une protection accrue des cétacés. Ainsi, un projet regroupant dix-neuf signatures circule dans les couloirs de la conférence, sous le nom d’«initiative de Berlin». Si l’esprit du projet était adopté, la CBI changerait de nature et de mission pour devenir une institution dont la vocation serait alors de protéger les cétacés, plutôt que les exploiter dans de bonnes conditions. Parmi les propositions en circulation, outre le renforcement du moratoire, il est notamment question d’établir des sanctuaires dans les océans Atlantique et Pacifique où tout prélèvement deviendrait impossible.
Impropre à la consommation
Une bataille va donc avoir lieu au cours de ces prochains jours à Berlin, où se tient cette 55e session annuelle de la CBI. Et ses conclusions pourraient avoir de graves conséquences sur le fonctionnement global de l’activité. En effet, depuis 1986, deux pays pêcheurs de baleines, le Japon et la Norvège, s’estiment incompris du reste de la communauté internationale. Et face au blocage de la situation, ils trichent. Sous prétexte d’engranger des données scientifiques, Tokyo a repris ses campagnes de pêches depuis 1987 et Oslo, dont les réserves formulées le dispense de se soumettre au moratoire, depuis 1993. La Norvège, qui a autorisé la capture de 711 spécimens cette année, est la cible de toutes les critiques en raison du fait qu’elle est le seul pays au monde à autoriser la chasse commerciale. Elle va encore tenter de convaincre que les cétacés ne sont pas une espèce menacée par le prélèvement annuel de quelques milliers d’individus supplémentaires. Ces deux-là seront soutenus par l’Islande qui en consomme quelques dizaines de tonnes par an.
Mais sur les 49 pays-membres de la Commission, une large majorité conduite par de grands pays influents comme les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Grande-Bretagne, la France ou encore le pays-hôte, l’Allemagne, va s’employer à, au moins, reconduire le moratoire. Car d’autres dangers menacent l’espèce et ceux qui en consomment la viande. Il semble en effet que la baleine soit un marqueur écologique d’une grande efficacité. Selon deux organismes officiels norvégiens, au-dessus de tout soupçon, ses tissus renferment l’essentiel des poisons que l’activité humaine rejette dans l’environnement les rendant dangereux, voire impropres à la consommation.
par Georges Abou
Article publié le 16/06/2003 Dernière mise à jour le 15/06/2003 à 22:00 TU