Liberia
Incursions rebelles dans Monrovia
Rebelles et forces gouvernementales se rencontrent régulièrement à Accra, depuis le mois de mai. Ils signent même un accord de cessez-le-feu le 17 juin, mais il est aussitôt violé. Les rebelles cantonnés aux portes de Monrovia ont engagé de nouvelles grandes offensives contre les positions des troupes loyalistes, fidèles à Charles Taylor.
Les rebelles du Lurd (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) qui cherchent à conforter leurs positions aux différentes portes de la capitale Monrovia, ont franchi certains barrages et se trouveraient mêlés à des combats au centre de la ville. Selon l’AFP, de violents combats ont opposé les rebelles aux forces gouvernementales. Le pont Gabriel Tucker qui donne accès au centre de la ville fait l’objet de rudes combats pour son contrôle. Les habitants de Monrovia choqués et apeurés sont restés chez eux. Selon des témoins cités par l’AFP, des détonations d’armes lourdes ont été entendues et plusieurs roquettes se sont abattues au centre ville et surtout sur le ministère des Travaux publics.
«Je n’ai pas fui, je ne fuirai pas et nous nous battrons contre la terreur», a lancé sur les ondes de la radio nationale, le président Charles Taylor. En effet, des rumeurs selon lesquelles il serait en fuite alimentent les débats pendant que les combats font rage pour le contrôle de certains points stratégiques donnant accès au cœur de la ville. «Je vous ai dit que ma vie n’est pas plus importante que la vôtre», dans le discours de Charles Taylor, était aussi destiné à soutenir le moral des forces gouvernementales soumises à un harcèlement intense des combattants du Lurd. Le ministère libérien de la Défense a annoncé que plus de 2 000 rebelles sont massés dans la périphérie de Monrovia, les accusant de terroriser les populations civiles.
Amnesty international lance à ce propos un appel à la communauté internationale pour qu’elle déploie tous ses moyens afin de «fournir une protection aux réfugiés libériens». Dans un rapport intitulé «Nul endroit où fuir : les réfugiés libériens en Côte d’Ivoire», Amnesty international évoque la situation dramatique de ces milliers de réfugiés qui fuient leur propre pays en guerre, mais ne peuvent entrer ni en Guinée ni au Ghana qui ont fermé leurs frontières indésirables. En Côte d’Ivoire, ils sont aussi indésirables parce que, selon Amnesty international, «la rhétorique xénophobe» de certains médias a poussé les populations à les «considérer comme des complices des groupes d’opposition armés apparus à l’ouest en novembre». L’organisation humanitaire demande également à la communauté internationale d’étudier la possibilité de réinstaller les réfugiés libériens ailleurs que dans les pays voisins et de la région qui leur sont hostiles.
La justice suit son cours
Pendant ce temps, le dossier connaît une autre évolution sur les plans diplomatique et judiciaire. D’abord le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin entame dès le 26 juin une visite officielle de trois jours en Afrique du sud et au Ghana. Outre les relations bilatérales, il entretiendra ses hôtes des questions liées au règlement des conflits en Afrique. L’Afrique du sud exerce actuellement la présidence de l’Union africaine et son président, Thabo Mbeki, s’est personnellement beaucoup investi dans les accords de paix en République démocratique du Congo, qui connaissent actuellement quelques difficultés dans leur application réelle. Il est attendu le 27 juin à Accra, au Ghana où il fera le point avec la président John Kufuor, qui préside la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), de la résolution des différents conflits qui secouent la région. La situation au Libéria y tiendra une bonne place, puisque c’est sous l’égide de la CEDEAO et sur le sol ghanéen que rebelles et pouvoir libériens tentent de trouver un terrain d’entente.
Sur le plan judiciaire, le Tribunal spécial pour juger les crimes de guerre en Sierra Leone, qui avait déjà inculpé Charles Taylor de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, l’accuse également d’avoir aidé financièrement et militairement des groupes rebelles en Sierra Leone, pendant la guerre civile de 1996 à 2001. Le tribunal cherche aussi à démontrer l’implication du président libérien dans des réseaux mafieux de trafics de diamants et de bois. Il évoque une évidente collusion avec les rebelles sierra-leonais, qui aurait permis à Charles Taylor d’amasser plus de 1,3 milliard d’euros dans les banques suisses. La justice suisse, alertée, a accédé à la demande du tribunal spécial pour la Sierra Leone de bloquer tous les comptes que pourraient détenir le président, les membres de son entourage et de nombreux hommes d’affaires. La Suisse, qui annonce son soutien au tribunal spécial pour la Sierra Leone, met à sa disposition deux experts pour une durée de trois ans.
Enfin, un autre acte alimente les spéculations sur le volet libérien de la guerre civile de Sierra Leone. Dans la nuit du 20 au 21 juin le bureau du procureur du tribunal spécial sur la Sierra Leone a été cambriolé à Freetown. Plusieurs dossiers auraient disparu et les regards se tournent vers Monrovia.
«Je n’ai pas fui, je ne fuirai pas et nous nous battrons contre la terreur», a lancé sur les ondes de la radio nationale, le président Charles Taylor. En effet, des rumeurs selon lesquelles il serait en fuite alimentent les débats pendant que les combats font rage pour le contrôle de certains points stratégiques donnant accès au cœur de la ville. «Je vous ai dit que ma vie n’est pas plus importante que la vôtre», dans le discours de Charles Taylor, était aussi destiné à soutenir le moral des forces gouvernementales soumises à un harcèlement intense des combattants du Lurd. Le ministère libérien de la Défense a annoncé que plus de 2 000 rebelles sont massés dans la périphérie de Monrovia, les accusant de terroriser les populations civiles.
Amnesty international lance à ce propos un appel à la communauté internationale pour qu’elle déploie tous ses moyens afin de «fournir une protection aux réfugiés libériens». Dans un rapport intitulé «Nul endroit où fuir : les réfugiés libériens en Côte d’Ivoire», Amnesty international évoque la situation dramatique de ces milliers de réfugiés qui fuient leur propre pays en guerre, mais ne peuvent entrer ni en Guinée ni au Ghana qui ont fermé leurs frontières indésirables. En Côte d’Ivoire, ils sont aussi indésirables parce que, selon Amnesty international, «la rhétorique xénophobe» de certains médias a poussé les populations à les «considérer comme des complices des groupes d’opposition armés apparus à l’ouest en novembre». L’organisation humanitaire demande également à la communauté internationale d’étudier la possibilité de réinstaller les réfugiés libériens ailleurs que dans les pays voisins et de la région qui leur sont hostiles.
La justice suit son cours
Pendant ce temps, le dossier connaît une autre évolution sur les plans diplomatique et judiciaire. D’abord le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin entame dès le 26 juin une visite officielle de trois jours en Afrique du sud et au Ghana. Outre les relations bilatérales, il entretiendra ses hôtes des questions liées au règlement des conflits en Afrique. L’Afrique du sud exerce actuellement la présidence de l’Union africaine et son président, Thabo Mbeki, s’est personnellement beaucoup investi dans les accords de paix en République démocratique du Congo, qui connaissent actuellement quelques difficultés dans leur application réelle. Il est attendu le 27 juin à Accra, au Ghana où il fera le point avec la président John Kufuor, qui préside la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), de la résolution des différents conflits qui secouent la région. La situation au Libéria y tiendra une bonne place, puisque c’est sous l’égide de la CEDEAO et sur le sol ghanéen que rebelles et pouvoir libériens tentent de trouver un terrain d’entente.
Sur le plan judiciaire, le Tribunal spécial pour juger les crimes de guerre en Sierra Leone, qui avait déjà inculpé Charles Taylor de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, l’accuse également d’avoir aidé financièrement et militairement des groupes rebelles en Sierra Leone, pendant la guerre civile de 1996 à 2001. Le tribunal cherche aussi à démontrer l’implication du président libérien dans des réseaux mafieux de trafics de diamants et de bois. Il évoque une évidente collusion avec les rebelles sierra-leonais, qui aurait permis à Charles Taylor d’amasser plus de 1,3 milliard d’euros dans les banques suisses. La justice suisse, alertée, a accédé à la demande du tribunal spécial pour la Sierra Leone de bloquer tous les comptes que pourraient détenir le président, les membres de son entourage et de nombreux hommes d’affaires. La Suisse, qui annonce son soutien au tribunal spécial pour la Sierra Leone, met à sa disposition deux experts pour une durée de trois ans.
Enfin, un autre acte alimente les spéculations sur le volet libérien de la guerre civile de Sierra Leone. Dans la nuit du 20 au 21 juin le bureau du procureur du tribunal spécial sur la Sierra Leone a été cambriolé à Freetown. Plusieurs dossiers auraient disparu et les regards se tournent vers Monrovia.
par Didier Samson
Article publié le 25/06/2003