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Iran

Téhéran sous pression

Répondant à la demande du secrétaire au Foreign Office, Jack Straw, qui a demandé une nouvelle fois à Téhéran de signer «immédiatement et sans condition le protocole additionnel» du Traité de non-prolifération nucléaire, les responsables iraniens ont répété qu’ils refusaient de le faire tant que les pays occidentaux ne s’engageaient pas à aider technologiquement l’Iran à développer son programme nucléaire civil. «Si nous devons accepter de nouveaux engagements, les dimensions et les engagements de l'autre partie doivent être clarifiés», a déclaré dimanche le chef de la diplomatie iranienne Kamal Kharazi, lors d'une conférence de presse conjointe avec Jack Straw.
De notre correspondant à Téhéran.

Le protocole additionnel au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), permet aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de mener des inspections inopinées des sites nucléaires iraniens. De nombreux pays occidentaux, notamment l’Union européenne, les pays du G8, la Russie et le Japon ont demandé à l’Iran de signer ce protocole pour prouver à la communauté internationale qu’il ne cherchait pas à utiliser son programme nucléaire civil à des fins militaires, en particulier pour fabriquer l’arme atomique.

Rejetant les conditions de l’Iran, Jack Straw a affirmé qu'il revenait à l'Iran de faire le premier pas. Si l'Iran signe le protocole additionnel, «je prévois que, dans un futur pas si lointain, la confiance de la communauté internationale sera telle que ces sanctions seront levées», a affirmé le responsable britannique. Téhéran, qui affirme régulièrement que son programme nucléaire est totalement pacifique et civil, se plaint régulièrement des sanctions imposées par les pays occidentaux, notamment les États signataires du TNP, qui ne remplissent pas leurs obligations à son égard, en bloquant les transferts de techniques nucléaires civiles vers Téhéran. «Lorsque l'Iran fait un pas positif, il est de notre droit d'attendre un pas positif de la part de la partie d'en face», a répondu Kamal Kharazi.

Dans ces conditions, la décision de Téhéran d’inviter le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique Mohammed ElBaradei à Téhéran pour des discussions visant à «régler les problèmes techniques» entre les deux parties, risque de ne pas suffire. Le refus iranien intervient alors que dans son dernier rapport à la mi-juin, l’Agence internationale de l’énergie atomique a affirmé que Téhéran avait caché une partie de son programme nucléaire. Ce rapport a conforté les États-Unis qui accusent régulièrement Téhéran de vouloir utiliser son programme nucléaire pour fabriquer l’arme atomique.

Trois dirigeants d’Al-Qaïda arrêtés

Outre la question nucléaire, plusieurs dossiers semblent pousser les relations entre l’Iran et les pays occidentaux, en particulier européens, vers des eaux troubles. Les pays Occidentaux réclament en effet une évolution de la position iranienne à propos du dossier nucléaire, mais aussi en ce qui concerne les droits de l'Homme, la coopération dans la lutte contre le terrorisme et Al-Qaïda et au niveau du processus de paix au Proche-Orient comme conditions d'une plus grande coopération avec ce pays.

A propos d’Al-Qaïda, les pays occidentaux attendent une plus grande coopération et en particulier l’extradition de responsables du mouvement d’Oussama ben Laden arrêtés en Iran. Selon des sources diplomatiques, l’Iran mène des pourparlers secrets avec l'Égypte, le Koweït et l'Arabie saoudite pour l'extradition de responsables de premier plan d'Al-Qaïda qui ont été arrêtés sur son territoire. Selon ces sources, mais aussi des médias de langue arabe de la région, trois hauts dirigeants du réseau terroriste d'Oussama ben Laden figureraient parmi les détenus. Le premier détenu serait l'Egyptien Saïf al-Adel, qui serait le nouveau numéro trois d'Al-Qaïda après le décès présumé en Afghanistan en 2001 du chef des opérations militaires Mohammad Atef. Le deuxième serait Saad ben Laden, l'un des fils d'Oussama ben Laden, un Saoudien déchu de sa nationalité, qui aurait une position clé au sein du réseau. Le troisième serait le porte-parole d'Al-Qaïda, Souleimane Abou Ghaïth, un Koweïtien également déchu de sa nationalité.

Les dirigeants iraniens avaient déjà affirmé qu'une «poignée» de membres du réseau terroriste avaient été arrêtés en Iran avant les attentats de Ryad, le 12 mai, qui ont fait 35 morts, dont neuf Américains, mais ils n’ont jamais voulu révéler leur identité. Autres points sensibles, Jack Straw a demandé à l’Iran de cesser sa politique hostile à la feuille de route et au processus de paix au Proche-Orient et de se montrer plus coopératif. Enfin, Jack Straw et Kamal Kharazi ont affiché leurs divergences à propos des droits de l'Homme. Le chef de la diplomatie iranienne a critiqué le soutien de Tony Blair aux «perturbateurs» et a fait part de la «grande insatisfaction» de son pays concernant les ingérences britanniques dans les affaires intérieures de l'Iran. «La position du Royaume-Uni est de soutenir le droit à des rassemblements libres et pacifiques», a répondu Jack Straw.

Selon nombre d’analyste, la visite de Jack Straw constitue une sorte d’ultimatum à Téhéran de la part des pays occidentaux et en particulier des Etats-Unis qui veulent pousser l’Iran à changer de politique pour éviter toute confrontation.



Article publié le 30/06/2003