Grande-Bretagne
L’euro renvoyé à plus tard
Devant les députés, le ministre des Finances Gordon Brown s’est livré à un vibrant plaidoyer pour l’euro… lorsque la Grande Bretagne remplira les critères.
Gordon Brown, le chancelier de l’Échiquier (ministre des Finances) a mis fin à un suspense qui n’avait rien d’insoutenable : la Grande Bretagne n’est pas prête pour entrer dans l’euro. Devant la Chambre des Communes, le grand argentier britannique est venu livrer le résultat du vif débat interne qui a traversé le gouvernement de Tony Blair ces dernières semaines.
Pour Gordon Brown, toute décision ne peut se faire que sur la base de l’intérêt national de la Grande-Bretagne. Sous les huées des députés conservateurs, le ministre travailliste a défendu le principe de l’adhésion britannique à l’euro. Lors de son accession au pouvoir en 1997, le gouvernement Blair avait fixé cinq critères de la compatibilité de l’économie britannique avec la monnaie unique européenne :
- la convergence avec la zone euro
- une souplesse suffisante pour s’adapter
- l’impact sur l’emploi
- l’impact sur les services financiers
- l’impact sur l’investissement étranger
Mais, au vu des 1 800 pages des 18 études réalisées par le Trésor britannique et publiées ce lundi, le gouvernement Blair a conclu que trois des cinq critères n’étaient pas encore remplis pour l’adhésion, un seul (services financiers) étant satisfait.
Pour autant, Gordon Brown a annoncé un vaste plan de réformes économiques destiné à renforcer la convergence et sans attendre que les critères soient effectivement satisfaits, le gouvernement de Londres publiera dès l’automne 2003 un projet de loi visant à organiser le référendum d’adhésion du Royaume Uni à l’euro. Il n’a en revanche pas précisé la date à laquelle serait organisé ce référendum, peut-être l’année prochaine. Cependant, les élections législatives étant prévues pour mars 2006 au plus tard, si le référendum devait avoir lieu après ce scrutin, la campagne électorale porterait vraisemblablement principalement sur la question de l’euro.
La crainte des petits propriétaires
La Grande Bretagne est avec le Danemark et la Suède l’un des trois pays de l’Union européenne à ne pas faire partie de la zone euro qui rassemble douze pays et plus de 300 millions de citoyens européens. Gordon Brown a notamment insisté sur les risques de marginalisation que courait la place financière de Londres si elle se tenait trop longtemps à l’écart de l’euro. Les milieux financiers britanniques et, plus généralement, le monde des affaires, est favorable à une large majorité à l’adhésion britannique à la monnaie unique européenne. Tel n’est cependant pas le cas de l’opinion publique qui, à près de 60 %, y demeure hostile. Cette hostilité est abondamment entretenue par une large partie de la presse, notamment celle du magnat australo-américain Rupert Murdoch, mais pas uniquement.
Pour les Britanniques qui, sur toutes les questions européennes, ont toujours manifesté de grandes réticences, la monnaie est sans doute avec la Reine et le drapeau, le dernier refuge de leur insularité. Car la livre sterling, introduite voici 1 200 ans est plus anciennes que toutes les devises des pays qui font partie de la zone euro. Il est aussi une autre raison très terre à terre et propre à la Grande Bretagne de manifester de la prudence avant d’adhérer : la structure très particulière des taux d’intérêts britanniques.
En Grande Bretagne, les taux, tous les taux, varient au jour le jour. Or les emprunts, tous les emprunts, sont remboursés en fonction du cours du moment. C’est pourquoi la politique de taux élevés favorisés par la Banque centrale européenne terrifie les emprunteurs anglais qui risqueraient d’être étranglés par des échéances hors de prix. La préparation d’une transition harmonieuse qui ne transforment pas en SDF tous les petits propriétaires britanniques qui sont nombreux, et qui votent.
Lire aussi :
Le gouvernement britannique va-t-il convoquer un référendum sur l'euro ?
La chronique Europe de Valérie Lainé
Pour Gordon Brown, toute décision ne peut se faire que sur la base de l’intérêt national de la Grande-Bretagne. Sous les huées des députés conservateurs, le ministre travailliste a défendu le principe de l’adhésion britannique à l’euro. Lors de son accession au pouvoir en 1997, le gouvernement Blair avait fixé cinq critères de la compatibilité de l’économie britannique avec la monnaie unique européenne :
- la convergence avec la zone euro
- une souplesse suffisante pour s’adapter
- l’impact sur l’emploi
- l’impact sur les services financiers
- l’impact sur l’investissement étranger
Mais, au vu des 1 800 pages des 18 études réalisées par le Trésor britannique et publiées ce lundi, le gouvernement Blair a conclu que trois des cinq critères n’étaient pas encore remplis pour l’adhésion, un seul (services financiers) étant satisfait.
Pour autant, Gordon Brown a annoncé un vaste plan de réformes économiques destiné à renforcer la convergence et sans attendre que les critères soient effectivement satisfaits, le gouvernement de Londres publiera dès l’automne 2003 un projet de loi visant à organiser le référendum d’adhésion du Royaume Uni à l’euro. Il n’a en revanche pas précisé la date à laquelle serait organisé ce référendum, peut-être l’année prochaine. Cependant, les élections législatives étant prévues pour mars 2006 au plus tard, si le référendum devait avoir lieu après ce scrutin, la campagne électorale porterait vraisemblablement principalement sur la question de l’euro.
La crainte des petits propriétaires
La Grande Bretagne est avec le Danemark et la Suède l’un des trois pays de l’Union européenne à ne pas faire partie de la zone euro qui rassemble douze pays et plus de 300 millions de citoyens européens. Gordon Brown a notamment insisté sur les risques de marginalisation que courait la place financière de Londres si elle se tenait trop longtemps à l’écart de l’euro. Les milieux financiers britanniques et, plus généralement, le monde des affaires, est favorable à une large majorité à l’adhésion britannique à la monnaie unique européenne. Tel n’est cependant pas le cas de l’opinion publique qui, à près de 60 %, y demeure hostile. Cette hostilité est abondamment entretenue par une large partie de la presse, notamment celle du magnat australo-américain Rupert Murdoch, mais pas uniquement.
Pour les Britanniques qui, sur toutes les questions européennes, ont toujours manifesté de grandes réticences, la monnaie est sans doute avec la Reine et le drapeau, le dernier refuge de leur insularité. Car la livre sterling, introduite voici 1 200 ans est plus anciennes que toutes les devises des pays qui font partie de la zone euro. Il est aussi une autre raison très terre à terre et propre à la Grande Bretagne de manifester de la prudence avant d’adhérer : la structure très particulière des taux d’intérêts britanniques.
En Grande Bretagne, les taux, tous les taux, varient au jour le jour. Or les emprunts, tous les emprunts, sont remboursés en fonction du cours du moment. C’est pourquoi la politique de taux élevés favorisés par la Banque centrale européenne terrifie les emprunteurs anglais qui risqueraient d’être étranglés par des échéances hors de prix. La préparation d’une transition harmonieuse qui ne transforment pas en SDF tous les petits propriétaires britanniques qui sont nombreux, et qui votent.
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La chronique Europe de Valérie Lainé
par Olivier Da Lage
Article publié le 09/06/2003