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Epidémie

Le SRAS en perte de vitesse

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé lundi la sortie de Hong Kong de la liste des zones contaminées par le SRAS. Après 20 jours sans nouveau cas recensé, l’ex-colonie britannique semble avoir réussi à maîtriser l’épidémie de pneumonie atypique. Globalement, le virus est d’ailleurs en perte de vitesse dans la plupart des pays touchés. Mais la vigilance est toujours à l’ordre du jour car rien ne permet d’assurer que le SRAS ne va pas resurgir à un moment ou à un autre.
Hong Kong respire. Le spectre du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) semble s’éloigner. Mais l’alerte a été rude. En quelque cent jours, le virus a contaminé 1 755 personnes sur le territoire et en a tué 296. Hong Kong a été la zone la plus touchée après la Chine d’où l’épidémie semble être partie. C’est aussi celle qui a été la plus exposée du fait de la proximité géographique. Du coup, l’absence de nouveau cas durant les vingt derniers jours (soit deux fois le temps d’incubation du virus) qui permet, selon les critères définis par l’OMS, d’estimer que le territoire est désormais exempt de SRAS, est encourageante. Elle montre que les mesures mises en œuvre, notamment l’isolement des malades, pour lutter contre la propagation de l’épidémie ont une certaine efficacité.

Il n’empêche qu’il est bien trop tôt pour crier victoire même si globalement le nombre de cas répertoriés est partout en baisse. En Chine, on a recensé depuis 27 jours moins de dix nouveaux malades quotidiens. Dimanche, les autorités ont même annoncé qu’il n’y avait eu ni décès ni nouveau cas. Même si l’intensité de la flambée épidémique diminue, la Chine a déjà payé un lourd tribut au SRAS avec un total de 5 326 infections et de 347 décès. Et Pékin, la ville la plus touchée, est encore sur la liste des zones à risque. Tout comme Taiwan et Toronto. La capitale économique canadienne a en effet dû faire face à une résurgence du virus alors qu’on l’avait cru éradiqué il y a quelques semaines. Deux décès ont d’ailleurs encore été enregistrés dimanche. Cette situation montre qu’il faut rester très prudent concernant l’évolution de la maladie et la disparition du virus.

«A tout moment, une nouvelle personne peut tomber malade»

Une nouvelle flambée épidémique de SRAS est toujours possible, estiment les spécialistes, notamment lorsque les températures vont retomber dans les régions les plus à risque, vers le mois de novembre. Julie Gerberding, la directrice des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies, a d’ailleurs comparé la pneumonie atypique aux épidémies de grippe du début du vingtième siècle qui duraient quelques semaines ou mois puis se calmaient mais pouvaient faire des millions de morts. Rien ne permet non plus d’assurer que le virus n’est pas déjà présent dans d’autres foyers et ne va pas contaminer de nouveaux individus. Pour Julie Gerberding : «Le risque n’est pas dissipé, car à tout moment, une nouvelle personne peut tomber malade».

L’absence de certitude absolue sur l’origine de la maladie et le mode de transmission du virus à l’homme accentue le danger. Tout comme le fait que pour le moment, aucun traitement spécifique ou vaccin n’ont pu être mis au point par les chercheurs. Dans ce contexte, l’OMS souhaite que l’alerte du SRAS permette une prise de conscience des pouvoirs publics et les incite à améliorer la réactivité des systèmes de santé pour pouvoir faire face à une nouvelle flambée épidémique de ce type. Alan Schnur, un représentant de l’OMS en Chine, a d’ailleurs déclaré récemment : «Il nous reste du chemin à faire mais je pense que le SRAS a été un bon coup de semonce. Il a mis les déficiences en lumière et nous aidera à mieux nous préparer pour la prochaine alerte». Gro Harlem Brundtland, la directrice générale de l’Organisation, a quant à elle estimé que cette épidémie avait permis de comprendre «les pièges qui apparaissent lorsque la coopération internationale échoue» mettant ainsi en cause la Chine qui a pris «trop de temps» à coopérer avec l’OMS.

Il est vrai que l’incapacité des autorités chinoises à évaluer l’impact de l’épidémie, à prendre en charge les premiers malades et à collaborer avec les instances sanitaires internationales a certainement été à l’origine de la rapide propagation du virus au-delà des frontières du pays. Malgré un changement notable d’attitude, un certain nombre de doutes subsistent concernant les chiffres encourageants avancés ces derniers jours par les Chinois. David Heymann, le directeur exécutif de la division des maladies infectieuses de l’OMS, a ainsi fait part de certaines interrogations sur le mode de classification des malades (cas confirmés, suspects…) et la mise à disposition des informations concernant l’évolution du syndrome dans le pays. Reste à savoir s’il s’agit d’une tentative de dissimulation ou de la persistance de dysfonctionnements du système de santé.



par Valérie  Gas

Article publié le 23/06/2003