Bosnie
La repentance de Jean-Paul II
La ferveur et l’enthousiasme ont été au rendez-vous pour la première visite de Jean-Paul II à Banja Luka, la capitale de la Republika Srpska, l’entité serbe de Bosnie-Herzégovine. Le pape a prononcé des mots très attendus en faveur du pardon réciproque et de la réconciliation.
De notre envoyé spécial à Banja Luka
«De cette ville, marquée au cours de son histoire par tant de souffrances et tant de sang, j’implore le Seigneur tout puissant pour sa miséricorde envers les fautes commises contre l’Homme, sa dignité et sa liberté, y compris par les fils de l’Église catholique». Ces mots de repentance étaient d’autant plus attendus que la messe de béatification d’Ivan Merz, un catéchiste laïc croate de Bosnie, a été célébrée sur la plaine attenant au petit couvent franciscain de Petricevac, dans les faubourgs de Banja Luka. Durant la Seconde Guerre mondiale, un frère de ce couvent s’était attiré le terrible surnom de «Fra Satana» pour avoir directement participé au massacre de plusieurs milliers de Serbes orthodoxes. Pour les Serbes, ce couvent était donc devenu symbole de la collusion d’une partie de l’Eglise catholique avec le nationalisme croate. Certains Serbes, venus assister en curieux à la cérémonie, ne cachaient pas cependant un peu de déception, ayant attendu une déclaration plus forte et plus précise du pape.
La visite du pape à Banja Luka revêtait pourtant un caractère symbolique d’autant plus fort que, durant la guerre de 1992-1995, les nationalistes serbes ont soumis cette ville à un impitoyable nettoyage ethnique. Il ne resterait plus que 2000 des quelque 30 000 catholiques croates qui vivaient à Banja Luka avant la guerre.
La visite du souverain pontife répondait à l’invitation de la Présidence collégiale de la Bosnie-Herzégovine, qui compte trois membres, respectivement musulman, serbe et croate. Le membre serbe de la Présidence, Dragan Covic, bien qu’issu des rangs du très nationaliste Parti démocratique serbe (SDS), la formation de Radovan Karadzic, a multiplié les conférences de presse et les rencontres particulières avec les journalistes pour expliquer son attachement à la réconciliation et à l’unité de la Bosnie-Herzégovine. Il a même expliqué que la visite de Jean-Paul II pouvait être «un signal fort pour le retour des réfugiés», une question toujours brûlante en Bosnie. Même si quelques affiches hostiles à la venue du pape étaient apparues ces derniers jours sur les murs de Banja Luka, les autorités de Republika Srpska tenaient visiblement à faire du succès de la visite une preuve de leur respectabilité politique.
Les autorités serbes déploient les grands moyens
Le message de réconciliation porté par le pape a été favorablement accueilli par les représentants des communautés musulmane et juive de Bosnie, mais l’Église orthodoxe serbe n’était représentée que par l’évêque de Banja Luka. Les relations de cette Eglise avec le Vatican demeurent en effet difficiles, bien qu’une délégation d’évêques serbes se soit récemment rendue à Rome.
Alors que la cérémonie marquant le début de la reconstruction de la mosquée Ferhadija, en mai 2002, avait dégénéré en violents affrontements intercommunautaires, les autorités serbes de Bosnie avaient mis les grands moyens pour assurer la sécurité de la visite du Pape. 4 000 policiers étaient déployés, sous la coordination de la nouvelle force de police européenne en Bosnie (EUPM). Les organisateurs ont fait acclamer la police de Republika Srpska par les pèlerins croates et, même si quelques rares drapeaux croates flottaient sur la foule, aucun incident intercommunautaire n’a éclaté. Il est vrai que la population serbe de Banja Luka semblait avoir largement choisi d’ignorer l’événement.
«De cette ville, marquée au cours de son histoire par tant de souffrances et tant de sang, j’implore le Seigneur tout puissant pour sa miséricorde envers les fautes commises contre l’Homme, sa dignité et sa liberté, y compris par les fils de l’Église catholique». Ces mots de repentance étaient d’autant plus attendus que la messe de béatification d’Ivan Merz, un catéchiste laïc croate de Bosnie, a été célébrée sur la plaine attenant au petit couvent franciscain de Petricevac, dans les faubourgs de Banja Luka. Durant la Seconde Guerre mondiale, un frère de ce couvent s’était attiré le terrible surnom de «Fra Satana» pour avoir directement participé au massacre de plusieurs milliers de Serbes orthodoxes. Pour les Serbes, ce couvent était donc devenu symbole de la collusion d’une partie de l’Eglise catholique avec le nationalisme croate. Certains Serbes, venus assister en curieux à la cérémonie, ne cachaient pas cependant un peu de déception, ayant attendu une déclaration plus forte et plus précise du pape.
La visite du pape à Banja Luka revêtait pourtant un caractère symbolique d’autant plus fort que, durant la guerre de 1992-1995, les nationalistes serbes ont soumis cette ville à un impitoyable nettoyage ethnique. Il ne resterait plus que 2000 des quelque 30 000 catholiques croates qui vivaient à Banja Luka avant la guerre.
La visite du souverain pontife répondait à l’invitation de la Présidence collégiale de la Bosnie-Herzégovine, qui compte trois membres, respectivement musulman, serbe et croate. Le membre serbe de la Présidence, Dragan Covic, bien qu’issu des rangs du très nationaliste Parti démocratique serbe (SDS), la formation de Radovan Karadzic, a multiplié les conférences de presse et les rencontres particulières avec les journalistes pour expliquer son attachement à la réconciliation et à l’unité de la Bosnie-Herzégovine. Il a même expliqué que la visite de Jean-Paul II pouvait être «un signal fort pour le retour des réfugiés», une question toujours brûlante en Bosnie. Même si quelques affiches hostiles à la venue du pape étaient apparues ces derniers jours sur les murs de Banja Luka, les autorités de Republika Srpska tenaient visiblement à faire du succès de la visite une preuve de leur respectabilité politique.
Les autorités serbes déploient les grands moyens
Le message de réconciliation porté par le pape a été favorablement accueilli par les représentants des communautés musulmane et juive de Bosnie, mais l’Église orthodoxe serbe n’était représentée que par l’évêque de Banja Luka. Les relations de cette Eglise avec le Vatican demeurent en effet difficiles, bien qu’une délégation d’évêques serbes se soit récemment rendue à Rome.
Alors que la cérémonie marquant le début de la reconstruction de la mosquée Ferhadija, en mai 2002, avait dégénéré en violents affrontements intercommunautaires, les autorités serbes de Bosnie avaient mis les grands moyens pour assurer la sécurité de la visite du Pape. 4 000 policiers étaient déployés, sous la coordination de la nouvelle force de police européenne en Bosnie (EUPM). Les organisateurs ont fait acclamer la police de Republika Srpska par les pèlerins croates et, même si quelques rares drapeaux croates flottaient sur la foule, aucun incident intercommunautaire n’a éclaté. Il est vrai que la population serbe de Banja Luka semblait avoir largement choisi d’ignorer l’événement.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 23/06/2003