Economie africaine
Les investisseurs croient au «rebond» de l’Afrique de l’Ouest
L’impact de la crise ivoirienne sur l’économie en Afrique de l’Ouest pourrait finalement s’avérer plus faible que prévu. D’autant que les entreprises françaises installées en Afrique s’accordent à reconnaître les capacités d’adaptation et de rebond de ces pays. Avec le temps, les investisseurs ont appris à gérer, pour les réduire, les risques bien réels liés aux aléas politiques, économiques et sociaux du continent africain.
Les chiffres les plus récents en provenance d’Afrique de l’Ouest et portant sur les premiers mois de 2003 montreraient que la crise politique ivoirienne de 2002-2003 a des conséquences plus limitées que prévu sur les économies de la région. Au cours d’une rencontre du Centre français du commerce extérieur (CFCE) sur les risques d’investir en Afrique de l’Ouest, Benoît Claveranne, spécialiste de la zone franc au Trésor français, a estimé l’impact de la crise ivoirienne sur la croissance et l’inflation dans la région plus faible que celui à attendre de la sécheresse qui y sévit actuellement. Il a souligné l’adaptation rapide des pays environnants aux troubles en Côte d’Ivoire et notamment la dérivation des marchandises vers d’autres corridors de transports que celui d’Abidjan, sans augmentation sensible des prix. La question se pose d’ailleurs de pérenniser ces axes reliant les pays enclavés à la mer, ce qui permettrait, selon Jean-Jacques Moineville, directeur pour l’Afrique de l’Ouest à l’Agence française de développement (AFD), d’introduire de la concurrence dans ce secteur.
Cette aptitude à l’adaptation rapide des économies africaines à des situations difficiles et le rebond dont elles sont capables après un choc, même violent, est reconnue par tous, qu’il s’agisse de l’économiste Jean-Claude Berthelemy, d’Anthony Bouthelier, secrétaire général du CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique) ou d’Alexandre Vilgrain, PDG de la SOMDIAA. Ce dernier, dont les sucreries ont subi de plein fouet la guerre au Congo en 1997-98 peut se référer à sa propre expérience. A l’issue d’une période de reconstruction qu’il compare à celle qui a suivi 1945 en France, les pertes financières et les destructions ont été épongées, après négociation avec l’Etat congolais pour les étaler, et le personnel a repris sans délais le travail. A ce jour, l’entreprise réalise à nouveau des profits.
Gérer les risques
Car, autre point qui fait unanimité chez les chefs d’entreprise présents en Afrique : à condition de prendre des précautions les affaires s’y développement à un niveau de rentabilité souvent très bon, à la mesure des risques encourus mais aussi en l’absence de concurrence bien forte. Pour Alain Viry, président de la CFAO, entreprise de transports et de distribution du groupe français Pinault-Printemps, «on gère ses risques en Afrique comme on gère un portefeuille de titres», en opérant des arbitrages et une répartition des risques entre différents pays et différentes activités. Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier est cependant plus facile à de grands groupes qu’à de petites entreprises.
Les entreprises implantées en Afrique ont appris la leçon. Ainsi, elles se prémunissent du risque de change en transformant sans attendre les profits en devises fortes. Elles élaborent des réseaux d’information afin d’anticiper les crises politiques à partir de signes avant-coureurs. Les entreprises tentent aussi de limiter les défauts de paiement, notamment du secteur public. Ainsi, au Nigeria, elles exigent d’être payées d’avance.
Pierre Arnaud, vice-président de la Compagnie fruitière insiste sur la motivation du personnel par des avantages, comme des dispensaires ou des logements, pour instaurer la stabilité, y compris en cas de troubles. Et, pour résister au « harcèlement fiscal » d’administrations d’autant plus tatillonnes que le secteur formel est plus étroit, il conseille aux entreprises de jouer la transparence maximum.
Ce n’est cependant pas un tapis rouge qui se déroule devant les investisseurs en Afrique de l’Ouest. Les prévisions de croissance pour 2003 ne sont pas bonnes, les économies enregistrent la persistance du choc sur les matières premières et pâtissent, en zone franc, du cours élevé de l’euro par rapport au dollar, ainsi que d’une pluviométrie défavorable. Mais, face à cela, les économistes perçoivent des politiques gouvernementales meilleures au regard des finances publiques et le développement de stratégies en faveur du secteur privé. Un point noir demeure dans la région : l’évolution incertaine de la situation au Nigeria qui représente à lui seul 50% du PIB de la zone Cedeao.
Cette aptitude à l’adaptation rapide des économies africaines à des situations difficiles et le rebond dont elles sont capables après un choc, même violent, est reconnue par tous, qu’il s’agisse de l’économiste Jean-Claude Berthelemy, d’Anthony Bouthelier, secrétaire général du CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique) ou d’Alexandre Vilgrain, PDG de la SOMDIAA. Ce dernier, dont les sucreries ont subi de plein fouet la guerre au Congo en 1997-98 peut se référer à sa propre expérience. A l’issue d’une période de reconstruction qu’il compare à celle qui a suivi 1945 en France, les pertes financières et les destructions ont été épongées, après négociation avec l’Etat congolais pour les étaler, et le personnel a repris sans délais le travail. A ce jour, l’entreprise réalise à nouveau des profits.
Gérer les risques
Car, autre point qui fait unanimité chez les chefs d’entreprise présents en Afrique : à condition de prendre des précautions les affaires s’y développement à un niveau de rentabilité souvent très bon, à la mesure des risques encourus mais aussi en l’absence de concurrence bien forte. Pour Alain Viry, président de la CFAO, entreprise de transports et de distribution du groupe français Pinault-Printemps, «on gère ses risques en Afrique comme on gère un portefeuille de titres», en opérant des arbitrages et une répartition des risques entre différents pays et différentes activités. Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier est cependant plus facile à de grands groupes qu’à de petites entreprises.
Les entreprises implantées en Afrique ont appris la leçon. Ainsi, elles se prémunissent du risque de change en transformant sans attendre les profits en devises fortes. Elles élaborent des réseaux d’information afin d’anticiper les crises politiques à partir de signes avant-coureurs. Les entreprises tentent aussi de limiter les défauts de paiement, notamment du secteur public. Ainsi, au Nigeria, elles exigent d’être payées d’avance.
Pierre Arnaud, vice-président de la Compagnie fruitière insiste sur la motivation du personnel par des avantages, comme des dispensaires ou des logements, pour instaurer la stabilité, y compris en cas de troubles. Et, pour résister au « harcèlement fiscal » d’administrations d’autant plus tatillonnes que le secteur formel est plus étroit, il conseille aux entreprises de jouer la transparence maximum.
Ce n’est cependant pas un tapis rouge qui se déroule devant les investisseurs en Afrique de l’Ouest. Les prévisions de croissance pour 2003 ne sont pas bonnes, les économies enregistrent la persistance du choc sur les matières premières et pâtissent, en zone franc, du cours élevé de l’euro par rapport au dollar, ainsi que d’une pluviométrie défavorable. Mais, face à cela, les économistes perçoivent des politiques gouvernementales meilleures au regard des finances publiques et le développement de stratégies en faveur du secteur privé. Un point noir demeure dans la région : l’évolution incertaine de la situation au Nigeria qui représente à lui seul 50% du PIB de la zone Cedeao.
par Francine Quentin
Article publié le 25/06/2003