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Drogue

Fragiles résultats de la lutte contre les stupéfiants

Environ 200 millions de personnes consomment des drogues illicites, c’est dire si le problème de la toxicomanie concerne l’ensemble de la planète. Toutefois, chaque catégorie de drogue à un continent de prédilection : cocaïne en Amérique, l’opium en Europe et en Asie et le cannabis en Afrique. Et un recul de la production de cocaïne en Colombie peut s’accompagner d’une reprise de la production d’opium en Afghanistan.
L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) évalue, dans son rapport 2003, à 200 millions le nombre de consommateurs de drogues illicites dans le monde dont, en tenant compte des polytoxicomanies, 163 millions d’usagers du cannabis, 34 millions d’amphétamines, 8 millions de l’ecstasy, 14 millions de la cocaïne et 15 millions des opiacés dont 10 millions d’héroïnomanes. Toutefois, fait remarquer Antonio Maria Costa, directeur de l’ONUDC, la cocaïne reste encore largement l’affaire de l’Amérique du Nord, consommatrice, et du sud, productrice. L’héroïne est le danger le plus grave en Europe et surtout sa circulation augmente en Russie et en Asie. Le continent africain est le lieu de prédilection du cannabis.

Mais l’apparition de nouvelles drogues synthétiques, de type amphétamine, qui comprend aussi l’ecstasy vient encore aggraver la situation. Contrairement aux autres drogues qui sont issues de plantes celles là sont fabriquées à partir de produits chimiques qu’il est relativement facile de se procurer et dans des laboratoires aisés à dissimuler. Aux routes de la drogue classiques, américaines ou en Asie centrale s’est donc ajouté un autre circuit dont l’Europe, notamment les Pays-Bas, la Pologne et la Belgique, est le principal centre de production. L’Europe de l’Ouest est cependant concurrencée dans la production d’ecstasy par l’Europe orientale et maintenant d’autres régions du monde. Le trafic a augmenté en Amérique et concerne désormais l’Asie du sud-est, l’Afrique du sud et le Proche-Orient.

Une lutte souvent décevante

Dans la lutte contre la drogue, Antonio Maria Costa plaide que la répression du trafic n’est pas le seul moyen efficace pour réduire la toxicomanie. Des succès sont remportés dans les pays où l’action de la police s’accompagne d’une prise de conscience par la société tout entière des dangers de la drogue. S’ajoutent alors des mesures d’éducation, d’assistance aux drogués et de prévention. L’ONUDC participe notamment à l’action générale en faisant adopter des conventions internationales contre la corruption dont le lien est reconnu avec le trafic de drogue.

La répression en matière de trafic de drogue est d’ailleurs bien souvent décevante. Ainsi, des points ont été marqués en Colombie dans la lutte anti-drogue avec les fumigations aériennes opérées pour détruire les champs de coca, matière première de la cocaïne dont ce pays est le premier producteur mondial. La superficie des plantations a diminué de près de 30% en 2002 passant d’environ 145 000 hectares à un peu plus de 100 000 hectares, ce dont s’est félicité le directeur de l’ONUDC. Mais, le 27 juin un tribunal de Bogota a décidé de suspendre ces opérations en raison des risques sanitaires et écologiques potentiels de la dispersion des herbicides utilisés pour détruire les plantations de coca.

En Afghanistan, après la forte chute de production de pavot dont sont tirés l’opium et l’héroïne en 2001, sous le régime taliban, la production a repris à grande échelle. On estime que l’Afghanistan est à l’origine des trois quarts de l’opium illicite. La production mondiale d’opium est passée de 1 600 tonnes en 2001 à 4 500 tonnes en 2002.



par Francine  Quentin

Article publié le 27/06/2003