Liberia
L’appel à l’Amérique
La guerre civile et les combats autour de Monrovia sont en dents de scie. Aux incursions des rebelles répondent les forces loyalistes. Une situation d’insécurité permanente et qui jette sur les routes des milliers de personnes fuyant les zones de combats. La situation humanitaire s’aggrave de jour en jour et nécessite une «intervention urgente de la communauté internationale», lance Amara Essy le président intérimaire de la commission de l’Union africaine. Mais les regards se tournent de plus en plus vers les Etats-Unis.
Une intervention étrangère et neutre dans les conflits en Afrique semble aujourd’hui être l’arme à toute épreuve. Quelques exemples récents, de la République démocratique du Congo à la Sierra-Leone, ont dû nourrir les réflexions des autorités onusiennes. Les Nations unies ont ainsi encouragé et soutenu des coalitions en faveur du maintien de la paix. Par ailleurs, face à des situations de guerre civile, certaines puissances coloniales ont pris «leurs responsabilités». En Sierra-Leone, alors que la férocité des maquisards s’abattait sur des populations civiles, l’ex-puissance coloniale, la Grande Bretagne, était militairement intervenue, en 2000, pour rétablir l’ordre. L’efficacité de cette intervention, sans autorisation préalable de la communauté internationale, avait néanmoins été saluée, puisqu’elle a permis un retour à un ordre institutionnel républicain. Dans la Côte d’Ivoire voisine, c’est la France qui est intervenue dans son ancienne colonie pour favoriser le dialogue entre les frères ennemis. Critiquée par les uns et par les autres, l’intervention de la France a tout de même permis un cessez-le-feu, cantonnant les belligérants dans leurs positions respectives.
Evidemment le secrétaire général de l’ONU établit un parallèle entre ces différents cas et ce qui se passe au Liberia. «La situation est urgente. Elle est tragique et je voudrais une décision prompte et rapide (en faveur du Liberia)», réclame Kofi Annan. Il insiste également auprès du Conseil de sécurité des Nations unies pour qu’une décision rapide soit prise pour la composition et l’envoi d’une force multinationale d’interposition au Liberia. Sans attendre le retour et le rapport de la mission spéciale du Conseil de sécurité, actuellement en Afrique de l’ouest, Kofi Annan penche pour une intervention dont l’opportunité n’est plus à démontrer. «La force multinationale n’a pas besoin d’être très importante, mais le pays qui la dirigera, doit avoir les moyens militaires de déployer une force solide». Aux yeux du secrétaire général de l’ONU le pays le mieux indiqué pour ce genre d’opération lui semble bien être les Etats-Unis.
Les Etats-Unis hésitent
A quelques jours de la tournée africaine de George Bush, c’est aussi une manière de pousser Washington à adopter une position plus franche en faveur du Liberia, qui lui est naturellement très lié. En effet, beaucoup de gens engagent volontiers la responsabilité des Etats-Unis dont le Liberia est une création. En 1847, il constituait le premier Etat indépendant d’Afrique bâtit avec le retour des Etats-Unis des esclaves affranchis. La capitale Monrovia porte le nom du 5ème président des Etats-Unis, James Monroe, et pendant longtemps le Liberia a été une enclave américaine en Afrique de l’ouest. Mais ce n’est que dans les années 70, que sont apparues, de manière violente, des oppositions entre «les revenus des Amériques», qui portent des noms à consonance britannique, et les autochtones mal classés dans la hiérarchie sociale. Leurs rivalités ont alimenté les querelles politiques et ont fait le lit de la rébellion et de la guerre civile.
Aujourd’hui, lasses de la guerre et de l’insécurité permanente depuis plusieurs décennies, les populations n’analysent plus le conflit en termes d’hégémonie d’un groupe social au détriment d’un autre. C’est pourquoi l’appel de Kofi Annan pour une intervention encadrée par les Etats-Unis a reçu un écho favorable au Liberia et dans les pays de la région, réunis le 22 juin dernier à Abuja au Nigeria, dans le cadre d’une concertation ordinaire de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest). La Grande-Bretagne s’est aussi prononcée en faveur d’une telle option. Mais face aux diverses sollicitations les Etats-Unis restent dubitatifs et, pour l’instant, semblent privilégier une action concertée et collective. Ari Fleisher, le porte-parole de la Maison Blanche a souligné que «les Etats-Unis continueront à travailler avec les gouvernements de la région pour appuyer les négociations destinées à mettre en place une transition vers les élections». Le seul engagement réel dans le conflit de la part de l’administration américaine, a été la déclaration du président George Bush, demandant à Charles Taylor de quitter le pouvoir pour éviter au pays «un bain de sang» inutile. L’administration Bush réserve sa réponse, quant à son engagement direct et en hommes, tant le traumatisme de l’échec de l’intervention dans la guerre civile en Somalie est encore présent dans les esprits.
Evidemment le secrétaire général de l’ONU établit un parallèle entre ces différents cas et ce qui se passe au Liberia. «La situation est urgente. Elle est tragique et je voudrais une décision prompte et rapide (en faveur du Liberia)», réclame Kofi Annan. Il insiste également auprès du Conseil de sécurité des Nations unies pour qu’une décision rapide soit prise pour la composition et l’envoi d’une force multinationale d’interposition au Liberia. Sans attendre le retour et le rapport de la mission spéciale du Conseil de sécurité, actuellement en Afrique de l’ouest, Kofi Annan penche pour une intervention dont l’opportunité n’est plus à démontrer. «La force multinationale n’a pas besoin d’être très importante, mais le pays qui la dirigera, doit avoir les moyens militaires de déployer une force solide». Aux yeux du secrétaire général de l’ONU le pays le mieux indiqué pour ce genre d’opération lui semble bien être les Etats-Unis.
Les Etats-Unis hésitent
A quelques jours de la tournée africaine de George Bush, c’est aussi une manière de pousser Washington à adopter une position plus franche en faveur du Liberia, qui lui est naturellement très lié. En effet, beaucoup de gens engagent volontiers la responsabilité des Etats-Unis dont le Liberia est une création. En 1847, il constituait le premier Etat indépendant d’Afrique bâtit avec le retour des Etats-Unis des esclaves affranchis. La capitale Monrovia porte le nom du 5ème président des Etats-Unis, James Monroe, et pendant longtemps le Liberia a été une enclave américaine en Afrique de l’ouest. Mais ce n’est que dans les années 70, que sont apparues, de manière violente, des oppositions entre «les revenus des Amériques», qui portent des noms à consonance britannique, et les autochtones mal classés dans la hiérarchie sociale. Leurs rivalités ont alimenté les querelles politiques et ont fait le lit de la rébellion et de la guerre civile.
Aujourd’hui, lasses de la guerre et de l’insécurité permanente depuis plusieurs décennies, les populations n’analysent plus le conflit en termes d’hégémonie d’un groupe social au détriment d’un autre. C’est pourquoi l’appel de Kofi Annan pour une intervention encadrée par les Etats-Unis a reçu un écho favorable au Liberia et dans les pays de la région, réunis le 22 juin dernier à Abuja au Nigeria, dans le cadre d’une concertation ordinaire de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest). La Grande-Bretagne s’est aussi prononcée en faveur d’une telle option. Mais face aux diverses sollicitations les Etats-Unis restent dubitatifs et, pour l’instant, semblent privilégier une action concertée et collective. Ari Fleisher, le porte-parole de la Maison Blanche a souligné que «les Etats-Unis continueront à travailler avec les gouvernements de la région pour appuyer les négociations destinées à mettre en place une transition vers les élections». Le seul engagement réel dans le conflit de la part de l’administration américaine, a été la déclaration du président George Bush, demandant à Charles Taylor de quitter le pouvoir pour éviter au pays «un bain de sang» inutile. L’administration Bush réserve sa réponse, quant à son engagement direct et en hommes, tant le traumatisme de l’échec de l’intervention dans la guerre civile en Somalie est encore présent dans les esprits.
par Didier Samson
Article publié le 02/07/2003