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Iran

Les Moudjahidine du peuple libérés

La cour d’appel de Paris a ordonné mardi la remise en liberté des opposants iraniens emprisonnés après la rafle opérée le 22 juin à leur siège d’Auvers-sur-Oise.
Émus jusqu’aux larmes, des hommes et des femmes brandissent des drapeaux iraniens, dansent et crient leur joie à l’annonce de la nouvelle. C’est une ambiance de fête que retransmettent les télévisions et elle se déroule tantôt en France, tantôt en Irak. Mêmes visages, même émotion : les Moudjahidine du peuple célèbrent dans la liesse la décision de la justice française de libérer Maryam Radjavi figure emblématique de l’opposition iranienne. Sur les trottoirs du village d’Auvers-sur-Oise, devant le siège de l’organisation iranienne où depuis une quinzaine de jours des militants occupaient le pavé tandis que des dizaines d’entre eux poursuivaient une grève de la faim, c’est l’euphorie. À l’annonce de la nouvelle, on déroule un tapis rouge en vue du retour de l’épouse du dirigeant de l’organisation.

En tout, ce sont neuf militants dont la cour d’appel de Paris a ordonné mercredi la remise en liberté. Quinze jours après le spectaculaire coup de filet de la police française contre les opposants iraniens, sur 164 personnes arrêtées, la justice a estimé que le maintien en détention des 11 derniers militants ne se justifiait pas. La cour d’appel est allée à l’encontre des réquisitions du parquet général qui réclamait la poursuite de l’incarcération.

Les avocats sont satisfaits. Selon eux, «la justice française a montré qu’elle savait ne pas s’incliner devant des considérations politiques et diplomatiques». Toutefois les militants ne sont pas tout à fait libres d’aller et venir à leur guise : ils doivent demeurer en France pour les besoins de l’enquête et deux d’entre eux, dont Maryam Radjavi, sont libérés sous caution, moyennant le dépôt de 80 000 euros. Le temps de réunir la somme nécessaire ne devrait guère prendre plus de 24 ou 48 heures.

«Ce n’est pas un dossier terroriste»

Cette décision constitue une étape importante après le long face à face qui vient d’avoir lieu. La procédure est pourtant loin d’être achevée : dix-sept membres de l’Organisation des Moudjahidine du peuple iranien (OMPI) ont été mis en examen pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», et pour certains d’entre eux de «financement du terrorisme». Mais, apparemment, ni le matériel informatique saisi, ni les moyens sophistiqués de transmission confisqués, ni les huit millions de dollars découverts au siège du mouvement, à Auvers-sur-Oise, n’ont apporté d’éléments susceptibles d’étayer l’accusation.

«Tout le monde sait bien qu’il n’y a eu aucun acte commis en France, d’aucune nature. Si des actes ont été commis, ce sont des actes contre la tyrannie iranienne. Or, on sait depuis 22 ans que ces gens commettent des actes en Iran» , déclare l’avocat Henri Leclerc.

La rafle et les arrestations opérées contre les membres de l’OMPI avait suscité un vigoureux mouvement de protestation dans plusieurs capitales européennes. Deux personnes sont mortes, à Londres et à Paris, après s’être immolées par le feu.



par Georges  Abou

Article publié le 03/07/2003