Corse
Sarkozy : «<i>Le débat statutaire est terminé</i>».
La victoire des adversaires de la réforme institutionnelle de la Corse, lors du référendum de dimanche, a pris des allures de camouflet pour le gouvernement et au premier chef pour le promoteur du texte, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. Aucun projet de loi ne sera donc proposé à la rentrée au Parlement. Jean-Pierre Raffarin l’a déploré mais les Corses ont choisi «le statu quo».
Les sondages avaient annoncé un scrutin serré pour le référendum sur la réforme institutionnelle de la Corse et une remontée du camp du «non» dans les derniers jours de la campagne électorale. Ils ne se sont pas trompés. Les résultats du scrutin correspondent à cette tendance : 50,98 % des électeurs ont décidé de rejeter la proposition du gouvernement de donner un statut institutionnel particulier à l’île et de créer une collectivité territoriale unique en supprimant les deux départements existants. Par contre, la participation sur laquelle subsistaient de nombreuses interrogations à quelques heures du référendum, a été forte (60,52 %). Elle a notamment été supérieure à celle du deuxième tour des présidentielles de 2002 (58,6 %).
C’est d’ailleurs le seul motif de satisfaction du Premier ministre : «L’exceptionnel taux de participation, le plus fort taux depuis 40 ans pour un référendum, confirme l’intérêt des citoyens pour le référendum régional». Contre mauvaise fortune bon cœur, Jean-Pierre Raffarin s’est efforcé d’être positif dans un moment pourtant difficile pour lui qui s’est investi dans la campagne en faveur du «oui» aux côtés de son ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, dont l’engagement dans ce dossier a amené certains à le surnommer «le ministre de la Corse». D’autant que ce scrutin faisait aussi figure de test dans le cadre du grand projet de décentralisation du Premier ministre. Un test raté qui s’ajoute à celui de la réforme de l’éducation nationale, quelques semaines plus tôt, qui n’avait pas non plus obtenu un franc succès et s’était heurté à l’opposition déterminée des enseignants.
Jean-Pierre Raffarin n’en renonce pas pour autant à poursuivre dans la voie de la décentralisation : «Dans plusieurs autres régions de France de telles consultations permettront aux citoyens, aux habitants, de choisir les modalités de la décentralisation qui les concernent dans leur territoire». Pour ce qui concerne la Corse, par contre, Nicolas Sarkozy a déclaré : «Le débat statutaire est terminé». Ce qui n’empêchera pas l’Etat d’assumer son rôle dans l’île et d’honorer ses engagements pour amorcer le développement économique de la Corse. Lors de la campagne, le gouvernement a en effet ouvert largement son porte-monnaie en promettant notamment l’effacement de la dette des agriculteurs. Chose promise, chose due mais les avancées risquent d’être moins faciles et moins rapides que prévu.
Colonna : une arrestation inespérée et à propos
De même, et malgré sa déception, Nicolas Sarkozy a assuré que sa priorité dans les prochains mois serait «d’assurer la sécurité et la paix publique». Il a ainsi mis en garde les délinquants : «Le temps de l’impunité est révolu». D’ailleurs, l’arrestation du tueur présumé du préfet Erignac, Yvan Colonna en cavale depuis plusieurs années, à peine 36 heures avant le scrutin semblait amorcer un retour à la fermeté qui aurait dû convaincre les électeurs des bonnes intentions gouvernementales. Mais ce coup d’éclat policier n’a pas eu l’effet escompté et pourrait au contraire expliquer que certains électeurs méfiants face à une arrestation inespérée et si à propos, aient finalement basculé dans le camp du «non» pour sanctionner le gouvernement.
D’autres facteurs viennent expliquer l’incapacité dans laquelle se sont trouvés Nicolas Sarkozy et Jean-Pierre Raffarin, à convaincre les Corses que leur avenir passait par un changement de statut administratif. L’appel des nationalistes à voter oui a notamment contribué à brouiller le message. Les opposants à la réforme, comme Emile Zuccarelli, le maire de Bastia (où le «non» a obtenu 70,77 % des voix), ont eu beau jeu d’expliquer que le nouveau statut ouvrait la porte des institutions insulaires aux indépendantistes et ainsi de contrarier le gouvernement sur son terrain, c’est à dire sur celui de l’ancrage dans la République.
Le mouvement social contre le projet de réforme des retraites qui a été très suivi par les fonctionnaires corses (qui représentent près de la moitié des actifs insulaires) n’a pas non plus facilité la tâche du gouvernement qui semble avoir bien mal choisi le calendrier pour ce référendum. Le vote sur la réforme institutionnelle a certainement été parasité par un certain nombre d’enjeux annexes, insulaires mais aussi nationaux, et a souffert de la lassitude des Corses auxquels on proposait un quatrième changement de statut en vingt-deux ans. Du coup, Nicolas Sarkozy qui n’a pas trouvé les mots pour convaincre les Corses et a avoué qu’il considérait les résultats du référendum comme un échec personnel, a conclu cette tentative de réforme avortée dans l’œuf sur un regret en forme d’avertissement : «La Corse avait besoin d’Etat de droit et de mouvement, elle aura l’Etat de droit mais pas de mouvement».
A écouter :
La déclaration de Nicolas Sarkozy après la «victoire du Non» (06/07/2003).
José Rossi, président UMP de l'Assemblée territoriale de Corse (Invité de Pierre Ganz le 07/07/2003).
Geneviève Goëtzinger, Chef du service politique à RFI(Invitée de Frédérique Genot,le 07/07/2003).
A lire également :
Le non de la Corse
Éditorial politique de Geneviève Goëtzinger (07/07/2003).
C’est d’ailleurs le seul motif de satisfaction du Premier ministre : «L’exceptionnel taux de participation, le plus fort taux depuis 40 ans pour un référendum, confirme l’intérêt des citoyens pour le référendum régional». Contre mauvaise fortune bon cœur, Jean-Pierre Raffarin s’est efforcé d’être positif dans un moment pourtant difficile pour lui qui s’est investi dans la campagne en faveur du «oui» aux côtés de son ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, dont l’engagement dans ce dossier a amené certains à le surnommer «le ministre de la Corse». D’autant que ce scrutin faisait aussi figure de test dans le cadre du grand projet de décentralisation du Premier ministre. Un test raté qui s’ajoute à celui de la réforme de l’éducation nationale, quelques semaines plus tôt, qui n’avait pas non plus obtenu un franc succès et s’était heurté à l’opposition déterminée des enseignants.
Jean-Pierre Raffarin n’en renonce pas pour autant à poursuivre dans la voie de la décentralisation : «Dans plusieurs autres régions de France de telles consultations permettront aux citoyens, aux habitants, de choisir les modalités de la décentralisation qui les concernent dans leur territoire». Pour ce qui concerne la Corse, par contre, Nicolas Sarkozy a déclaré : «Le débat statutaire est terminé». Ce qui n’empêchera pas l’Etat d’assumer son rôle dans l’île et d’honorer ses engagements pour amorcer le développement économique de la Corse. Lors de la campagne, le gouvernement a en effet ouvert largement son porte-monnaie en promettant notamment l’effacement de la dette des agriculteurs. Chose promise, chose due mais les avancées risquent d’être moins faciles et moins rapides que prévu.
Colonna : une arrestation inespérée et à propos
De même, et malgré sa déception, Nicolas Sarkozy a assuré que sa priorité dans les prochains mois serait «d’assurer la sécurité et la paix publique». Il a ainsi mis en garde les délinquants : «Le temps de l’impunité est révolu». D’ailleurs, l’arrestation du tueur présumé du préfet Erignac, Yvan Colonna en cavale depuis plusieurs années, à peine 36 heures avant le scrutin semblait amorcer un retour à la fermeté qui aurait dû convaincre les électeurs des bonnes intentions gouvernementales. Mais ce coup d’éclat policier n’a pas eu l’effet escompté et pourrait au contraire expliquer que certains électeurs méfiants face à une arrestation inespérée et si à propos, aient finalement basculé dans le camp du «non» pour sanctionner le gouvernement.
D’autres facteurs viennent expliquer l’incapacité dans laquelle se sont trouvés Nicolas Sarkozy et Jean-Pierre Raffarin, à convaincre les Corses que leur avenir passait par un changement de statut administratif. L’appel des nationalistes à voter oui a notamment contribué à brouiller le message. Les opposants à la réforme, comme Emile Zuccarelli, le maire de Bastia (où le «non» a obtenu 70,77 % des voix), ont eu beau jeu d’expliquer que le nouveau statut ouvrait la porte des institutions insulaires aux indépendantistes et ainsi de contrarier le gouvernement sur son terrain, c’est à dire sur celui de l’ancrage dans la République.
Le mouvement social contre le projet de réforme des retraites qui a été très suivi par les fonctionnaires corses (qui représentent près de la moitié des actifs insulaires) n’a pas non plus facilité la tâche du gouvernement qui semble avoir bien mal choisi le calendrier pour ce référendum. Le vote sur la réforme institutionnelle a certainement été parasité par un certain nombre d’enjeux annexes, insulaires mais aussi nationaux, et a souffert de la lassitude des Corses auxquels on proposait un quatrième changement de statut en vingt-deux ans. Du coup, Nicolas Sarkozy qui n’a pas trouvé les mots pour convaincre les Corses et a avoué qu’il considérait les résultats du référendum comme un échec personnel, a conclu cette tentative de réforme avortée dans l’œuf sur un regret en forme d’avertissement : «La Corse avait besoin d’Etat de droit et de mouvement, elle aura l’Etat de droit mais pas de mouvement».
A écouter :
La déclaration de Nicolas Sarkozy après la «victoire du Non» (06/07/2003).
José Rossi, président UMP de l'Assemblée territoriale de Corse (Invité de Pierre Ganz le 07/07/2003).
Geneviève Goëtzinger, Chef du service politique à RFI(Invitée de Frédérique Genot,le 07/07/2003).
A lire également :
Le non de la Corse
Éditorial politique de Geneviève Goëtzinger (07/07/2003).
par Valérie Gas
Article publié le 07/07/2003