Union africaine
L’Afrique face à ses responsabilités
L’Afrique est désormais placée face à ses responsabilités devant ses opinions publiques et la communauté internationale, tant sur le plan du développement économique, dans le cadre du NEPAD, que de sa sécurité toujours fragilisée par les conflits et les violences.
De notre envoyée spéciale à Maputo
Le deuxième sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est achevé samedi à Maputo a vu peu de décisions concrètes mais beaucoup d’engagements que les dirigeants des 53 pays membres devront tenir s’ils ne veulent pas que l’organisation panafricaine, qui a officiellement succédé l’année dernière à l’OUA, ne soit qu’un simple lieu de palabres et de vœux pieux.
Le sommet a choisi pour présider la Commission africaine, l’ancien chef d’Etat du Mali Alpha Oumar Konaré, un vice-président rwandais et sept des huit commissaires, en observant la parité hommes-femmes, le dernier siège, à pourvoir plus tard, étant réservé à un homme. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé de tenir leur réunion annuelle de 2004 à Addis-Abeba en Ethiopie, siège de l’organisation, et le prochain président en exercice y sera élu par ses pairs.
Madagascar qui avait proposé de l’accueillir a finalement retiré sa candidature, officiellement pour manque d’infrastructures. En fait, selon plusieurs délégués, c’est aussi parce que ce pays, écarté l’année dernière pour ne pas avoir observé les règles de l’alternance démocratique, venait à peine de réintégrer sa place, après des élections législatives conformes aux normes exigées. L’Union africaine a en effet décidé de ne plus accueillir les dirigeants issus de coups d’État ou de processus non démocratiques, la République centrafricaine ayant été écartée pour cette raison du sommet de Maputo.
Deux sommet extraordinaires devraient avoir lieu d’ici juillet 2004, l’un sur le NEPAD, le Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique, l’autre sur la politique commune de sécurité et de défense, la Libye ayant proposé d’accueillir au moins l’un des deux à Syrte. Le colonel Mouammar Kadhafi, qui se considère comme le père fondateur de l’Union africaine, a fait preuve de beaucoup de sérieux lors des travaux à huis clos, surtout en parlant du problème de l’eau sur le continent, selon plusieurs délégués. Mais il n’a pas manqué de lancer des diatribes anti-colonialistes et anti-impérialistes à la séance de clôture.
Priorité au NEPAD
Le président mozambicain Joaquim Chissano qui a succédé au sud-africain Thabo Mbeki à la tête de l’UA pour les prochains douze mois, a convenu samedi soir, après la clôture du sommet, que la priorité était la mise en œuvre du NEPAD qui veut mobiliser les financements publics et privés africains et étrangers afin d’éviter la marginalisation du continent, et dont les fondements de base sont la paix et la sécurité. Il a aussi indiqué qu’il ferait tout pour recueillir l’adhésion de tous au Conseil de paix et de sécurité prévu par les statuts, et pour les autres instances comme le Parlement africain ou la Cour de justice. Jusqu’à présent seuls une quinzaine de pays ont ratifié le protocole permettant la création du Conseil de sécurité alors qu’une majorité de 27 est nécessaire, et rien n’a bougé à Maputo.
Si le Libéria et l’envoi imminent d’une force ouest africaine de la CEDEAO ont figuré au centre des débats, les autres conflits ont été simplement évoqués. Aucune décision n’a été prise, par exemple, à propos du Burundi où les combats s’intensifient. Et le Zimbabwe, qui n’a jamais été officiellement cité, a été laissé à la «diplomatie discrète» de pays qui s’en occupent déjà, comme l’Afrique du Sud et les pays d’Afrique australe, ainsi que le Nigeria.
Tout au long des trois jours du sommet, ponctué par des va et vient de chefs d’Etat partis accueillir chez eux le président américain George W. Bush en tournée dans cinq pays africains, les yeux ont été rivés sur cette visite. «Il nous a volé la vedette mais au moins il a manifesté un intérêt nouveau pour l’Afrique, surtout sur le plan de la lutte contre le HIV/SIDA qui est une de nos priorités», ont convenu en privé plusieurs dirigeants. Le président Chissano a tenu à préciser de son côté que les Africains avaient demandé aux Etats-Unis de participer à la force de la CEDEAO au Libéria parce que différentes parties au conflit l’avaient réclamé.
Plusieurs autres réunions spéciales ont été évoquées au cours des travaux à huis clos, portant par exemple sur l’emploi, l’environnement et les processus électoraux, afin que les Africains puissent eux aussi devenir des observateurs reconnus comme fiables comme le sont les représentants de l’Union européenne ou de certaines ONG. Le président sénégalais Abdoulaye Wade a pour sa part proposé la création d’un Conseil sur le futur de l’union comme l’a fait l’Union européenne en se dotant d’une Convention sur l’avenir de l’Europe.
Parmi les sujets que ce Conseil devrait aborder selon lui figurent notamment l’examen d’une «stratégie concrète de mise en place d’un fonds NEPAD» et le bilan des relations de l’Afrique avec le FMI et la Banque mondiale, afin d’élaborer de nouveaux rapports avec ces deux institutions financières internationales. «Un consensus a été atteint pour estimer que la paix et la stabilité sont des conditions de base pour assurer le développement durable et harmonieux de l’Afrique. Il est donc nécessaire de trouver une solution durable aux tensions et aux conflits qui dominent encore dans notre continent afin de transformer l’Afrique en une région qui attire les investissements et de pouvoir mettre en œuvre le NEPAD avec succès», a affirmé le président Joaquim Chissano à la fin du sommet, résumant la lourde tâche qui reste à accomplir.
Le deuxième sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est achevé samedi à Maputo a vu peu de décisions concrètes mais beaucoup d’engagements que les dirigeants des 53 pays membres devront tenir s’ils ne veulent pas que l’organisation panafricaine, qui a officiellement succédé l’année dernière à l’OUA, ne soit qu’un simple lieu de palabres et de vœux pieux.
Le sommet a choisi pour présider la Commission africaine, l’ancien chef d’Etat du Mali Alpha Oumar Konaré, un vice-président rwandais et sept des huit commissaires, en observant la parité hommes-femmes, le dernier siège, à pourvoir plus tard, étant réservé à un homme. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé de tenir leur réunion annuelle de 2004 à Addis-Abeba en Ethiopie, siège de l’organisation, et le prochain président en exercice y sera élu par ses pairs.
Madagascar qui avait proposé de l’accueillir a finalement retiré sa candidature, officiellement pour manque d’infrastructures. En fait, selon plusieurs délégués, c’est aussi parce que ce pays, écarté l’année dernière pour ne pas avoir observé les règles de l’alternance démocratique, venait à peine de réintégrer sa place, après des élections législatives conformes aux normes exigées. L’Union africaine a en effet décidé de ne plus accueillir les dirigeants issus de coups d’État ou de processus non démocratiques, la République centrafricaine ayant été écartée pour cette raison du sommet de Maputo.
Deux sommet extraordinaires devraient avoir lieu d’ici juillet 2004, l’un sur le NEPAD, le Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique, l’autre sur la politique commune de sécurité et de défense, la Libye ayant proposé d’accueillir au moins l’un des deux à Syrte. Le colonel Mouammar Kadhafi, qui se considère comme le père fondateur de l’Union africaine, a fait preuve de beaucoup de sérieux lors des travaux à huis clos, surtout en parlant du problème de l’eau sur le continent, selon plusieurs délégués. Mais il n’a pas manqué de lancer des diatribes anti-colonialistes et anti-impérialistes à la séance de clôture.
Priorité au NEPAD
Le président mozambicain Joaquim Chissano qui a succédé au sud-africain Thabo Mbeki à la tête de l’UA pour les prochains douze mois, a convenu samedi soir, après la clôture du sommet, que la priorité était la mise en œuvre du NEPAD qui veut mobiliser les financements publics et privés africains et étrangers afin d’éviter la marginalisation du continent, et dont les fondements de base sont la paix et la sécurité. Il a aussi indiqué qu’il ferait tout pour recueillir l’adhésion de tous au Conseil de paix et de sécurité prévu par les statuts, et pour les autres instances comme le Parlement africain ou la Cour de justice. Jusqu’à présent seuls une quinzaine de pays ont ratifié le protocole permettant la création du Conseil de sécurité alors qu’une majorité de 27 est nécessaire, et rien n’a bougé à Maputo.
Si le Libéria et l’envoi imminent d’une force ouest africaine de la CEDEAO ont figuré au centre des débats, les autres conflits ont été simplement évoqués. Aucune décision n’a été prise, par exemple, à propos du Burundi où les combats s’intensifient. Et le Zimbabwe, qui n’a jamais été officiellement cité, a été laissé à la «diplomatie discrète» de pays qui s’en occupent déjà, comme l’Afrique du Sud et les pays d’Afrique australe, ainsi que le Nigeria.
Tout au long des trois jours du sommet, ponctué par des va et vient de chefs d’Etat partis accueillir chez eux le président américain George W. Bush en tournée dans cinq pays africains, les yeux ont été rivés sur cette visite. «Il nous a volé la vedette mais au moins il a manifesté un intérêt nouveau pour l’Afrique, surtout sur le plan de la lutte contre le HIV/SIDA qui est une de nos priorités», ont convenu en privé plusieurs dirigeants. Le président Chissano a tenu à préciser de son côté que les Africains avaient demandé aux Etats-Unis de participer à la force de la CEDEAO au Libéria parce que différentes parties au conflit l’avaient réclamé.
Plusieurs autres réunions spéciales ont été évoquées au cours des travaux à huis clos, portant par exemple sur l’emploi, l’environnement et les processus électoraux, afin que les Africains puissent eux aussi devenir des observateurs reconnus comme fiables comme le sont les représentants de l’Union européenne ou de certaines ONG. Le président sénégalais Abdoulaye Wade a pour sa part proposé la création d’un Conseil sur le futur de l’union comme l’a fait l’Union européenne en se dotant d’une Convention sur l’avenir de l’Europe.
Parmi les sujets que ce Conseil devrait aborder selon lui figurent notamment l’examen d’une «stratégie concrète de mise en place d’un fonds NEPAD» et le bilan des relations de l’Afrique avec le FMI et la Banque mondiale, afin d’élaborer de nouveaux rapports avec ces deux institutions financières internationales. «Un consensus a été atteint pour estimer que la paix et la stabilité sont des conditions de base pour assurer le développement durable et harmonieux de l’Afrique. Il est donc nécessaire de trouver une solution durable aux tensions et aux conflits qui dominent encore dans notre continent afin de transformer l’Afrique en une région qui attire les investissements et de pouvoir mettre en œuvre le NEPAD avec succès», a affirmé le président Joaquim Chissano à la fin du sommet, résumant la lourde tâche qui reste à accomplir.
par Marie Joannidis
Article publié le 13/07/2003