Iran
Une journaliste meurt après son arrestation
La mort de Zahra Kazemi, une photographe de presse indépendante de 54 ans qui possède la double nationalité iranienne et canadienne, a soulevé un concert de protestations au Canada et dans le monde. La journaliste avait été arrêtée le 23 juin dernier alors qu’elle prenait des photos d’une prison du nord de Téhéran où sont incarcérés des étudiants ayant participé aux manifestations qui ont secoué l’Iran ces dernières semaines. Malgré les protestations de son fils qui réclame le rapatriement de son corps au Canada, Zahra Kazemi devrait être inhumée à Chiraz, sa ville natale. Soucieux de désamorcer la crise, le président Khatami a ordonné à quatre de ses ministres de faire la lumière sur les circonstances de la mort de la journaliste dans des conditions suspectes.
Officiellement Zahra Kazemi est morte vendredi des suites d’«une attaque cérébrale». Les autorités iraniennes, qui avaient pourtant gardé le silence jusqu’à l’annonce de son décès vendredi, se sont montrées beaucoup plus loquaces, sans doute pour tenter de justifier les circonstances de la mort de la journaliste jugées par ses proches très suspectes. Selon le directeur des journaux et des médias étrangers au ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, la photographe se serait ainsi présentée le 24 juin pour obtenir une autorisation de travail pour le compte de l’agence britannique Camera presse afin de réaliser des reportages textes et photos concernant les étudiants de l’université de Téhéran. «Nous lui avons donné une autorisation de travail de journaliste jusqu’au 28 juin», a précisé Mohammad Hossein Khochvaght en soulignant que dans la mesure où Zahra Kazemi était de nationalité iranienne le ministère de la Culture «n’avait pas demandé l’avis du ministère des Renseignements pour lui délivrer son autorisation». «Nous avons ensuite perdu tout contact avec elle jusqu’au moment où nous avons appris qu’en violation des règles et des lois elle avait voulu faire des reportages sur des familles de manifestants arrêtés lors des récents troubles», a-t-il également affirmé.
Zahra Kazemi a été vue le 24 juin dernier aux abords de la prison d’Evine au nord de Téhéran. Elle avait été interpellée alors qu’elle prenait des photos de l’établissement pénitentiaire où sont incarcérés les étudiants ayant participé ces dernières semaines aux manifestations anti-gouvernementales. Selon un ami qui l’accompagnait la photographe aurait été «violemment battue» avant d’être embarquée pour interrogatoire par les services de renseignements iraniens. Les autorités ont confirmé que Zahra Kazemi avait bien été arrêtée près de la prison d’Evine. «Malgré les nombreux panneaux d’interdiction de photographier, elle a pris des photos, ce qui a causé l’intervention des gardes de prison» a ainsi expliqué le responsable du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, précisant qu’à partir de ce moment-là l’autorisation de travail de la journaliste lui avait été retirée.
Khatami ordonne une enquête
Alors que les autorités iraniennes affirment que Zahra Kazemi a été hospitalisée après avoir éprouvé un malaise lors de son interrogatoire le 26 juin, les proches de la photographe estiment au contraire qu’elle a sombré dans le coma après avoir été violemment battue. Selon des amis qui ont pu se rendre à son chevet la semaine dernière, la journaliste était déjà dans un état comateux et portait des blessures sévères au visage et à la tête. Son fils, Stéphane Hachemi, qui vit au Canada a vainement tenté de faire rapatrier le corps de sa mère mais il s’est heurté au refus des autorités iraniennes qui affirment que la mère de la victime, qui vit toujours en Iran, a donné son autorisation pour que sa fille soit inhumée dans la sa ville natale de Chiraz. Cette version est vivement contestée par Stéphane Hachemi qui affirme que sa grand-mère a dû subir de très fortes pressions. «Elle me faisait dire encore hier ‘ramène le corps’ au Canada», a-t-il déclaré, soulignant que depuis lors il ne parvenait plus à entrer en contact avec sa famille en Iran.
Les autorités canadiennes ont pour leur part multiplié les interventions auprès de Téhéran pour obtenir des informations sur les circonstances du décès de la journaliste. L’ambassadeur canadien a eu plusieurs entrevues avec le ministre des Affaires étrangères pour notamment réclamer le rapatriement de la dépouille de Zahra Kazemi, mais en vain. Officiellement le gouvernement canadien attend la réponse de l’Iran à sa requête pour obtenir des informations concernant ce qui s’est passé, avant de se décider à émettre ou non des protestations.
Le président Mohammad Khatami, soucieux de répondre aux nombreuses critiques qui se sont multipliées ces derniers jours, a ordonné dimanche à quatre de ses ministres –de l’Intérieur, des Renseignements, de la Justice et de la Culture– de mener une enquête sur les circonstances de la mort de Zahra Kazemi. «La nouvelle de la mort d'une journaliste après son arrestation est source de regret et d'inquiétude», a-t-il affirmé dans une lettre adressée à ses ministres en soulignant que «dans un système légal, lorsqu'il y a un délit, il faut agir selon la loi, mais lorsqu'on ne respecte pas la loi en agissant contre ceux qui ont commis ce délit, les fautifs doivent être punis encore plus sévèrement». «Pour enlever tout doute et clarifier les différents aspects ainsi que le rôle des personnes impliquées dans cette affaire, il est impératif, a insisté le président iranien, que les quatre ministres, en coopération, mènent une enquête globale, agissent avec rapidité, pour informer l'opinion publique et moi-même de leurs conclusions».
Ce n’est pas la première fois que le président Khatami intervient dans ce genre de situation. Déjà en 1998, il avait ordonné qu’une enquête soit diligentée après le meurtre de deux leaders de l’opposition libérale et de deux intellectuels dissidents. Cette enquête avait abouti à l’arrestation d’une quinzaine de responsables du ministère des renseignements.
Zahra Kazemi a été vue le 24 juin dernier aux abords de la prison d’Evine au nord de Téhéran. Elle avait été interpellée alors qu’elle prenait des photos de l’établissement pénitentiaire où sont incarcérés les étudiants ayant participé ces dernières semaines aux manifestations anti-gouvernementales. Selon un ami qui l’accompagnait la photographe aurait été «violemment battue» avant d’être embarquée pour interrogatoire par les services de renseignements iraniens. Les autorités ont confirmé que Zahra Kazemi avait bien été arrêtée près de la prison d’Evine. «Malgré les nombreux panneaux d’interdiction de photographier, elle a pris des photos, ce qui a causé l’intervention des gardes de prison» a ainsi expliqué le responsable du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, précisant qu’à partir de ce moment-là l’autorisation de travail de la journaliste lui avait été retirée.
Khatami ordonne une enquête
Alors que les autorités iraniennes affirment que Zahra Kazemi a été hospitalisée après avoir éprouvé un malaise lors de son interrogatoire le 26 juin, les proches de la photographe estiment au contraire qu’elle a sombré dans le coma après avoir été violemment battue. Selon des amis qui ont pu se rendre à son chevet la semaine dernière, la journaliste était déjà dans un état comateux et portait des blessures sévères au visage et à la tête. Son fils, Stéphane Hachemi, qui vit au Canada a vainement tenté de faire rapatrier le corps de sa mère mais il s’est heurté au refus des autorités iraniennes qui affirment que la mère de la victime, qui vit toujours en Iran, a donné son autorisation pour que sa fille soit inhumée dans la sa ville natale de Chiraz. Cette version est vivement contestée par Stéphane Hachemi qui affirme que sa grand-mère a dû subir de très fortes pressions. «Elle me faisait dire encore hier ‘ramène le corps’ au Canada», a-t-il déclaré, soulignant que depuis lors il ne parvenait plus à entrer en contact avec sa famille en Iran.
Les autorités canadiennes ont pour leur part multiplié les interventions auprès de Téhéran pour obtenir des informations sur les circonstances du décès de la journaliste. L’ambassadeur canadien a eu plusieurs entrevues avec le ministre des Affaires étrangères pour notamment réclamer le rapatriement de la dépouille de Zahra Kazemi, mais en vain. Officiellement le gouvernement canadien attend la réponse de l’Iran à sa requête pour obtenir des informations concernant ce qui s’est passé, avant de se décider à émettre ou non des protestations.
Le président Mohammad Khatami, soucieux de répondre aux nombreuses critiques qui se sont multipliées ces derniers jours, a ordonné dimanche à quatre de ses ministres –de l’Intérieur, des Renseignements, de la Justice et de la Culture– de mener une enquête sur les circonstances de la mort de Zahra Kazemi. «La nouvelle de la mort d'une journaliste après son arrestation est source de regret et d'inquiétude», a-t-il affirmé dans une lettre adressée à ses ministres en soulignant que «dans un système légal, lorsqu'il y a un délit, il faut agir selon la loi, mais lorsqu'on ne respecte pas la loi en agissant contre ceux qui ont commis ce délit, les fautifs doivent être punis encore plus sévèrement». «Pour enlever tout doute et clarifier les différents aspects ainsi que le rôle des personnes impliquées dans cette affaire, il est impératif, a insisté le président iranien, que les quatre ministres, en coopération, mènent une enquête globale, agissent avec rapidité, pour informer l'opinion publique et moi-même de leurs conclusions».
Ce n’est pas la première fois que le président Khatami intervient dans ce genre de situation. Déjà en 1998, il avait ordonné qu’une enquête soit diligentée après le meurtre de deux leaders de l’opposition libérale et de deux intellectuels dissidents. Cette enquête avait abouti à l’arrestation d’une quinzaine de responsables du ministère des renseignements.
par Mounia Daoudi
Article publié le 14/07/2003