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Congo démocratique

Le RCD pose ses conditions

Les membres du gouvernement de transition arrivent au compte-gouttes à Kinshasa pour «prendre les charges de leurs fonctions». Certains rejoignent avec empressement leur poste de travail pendant que d’autres posent des conditions à leur venue effective dans la capitale. Par ailleurs, le RCD (rassemblement congolais pour la démocratie) fait de la défense et de la sécurité les priorités du gouvernement de transition.
est prévu le samedi 19 juillet, alors que tous les ministres et vice-présidents n’ont pas encore pris fonction. Les accrocs à l’installation du gouvernement sont venus du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), le principal mouvement rebelle du pays soutenu par le Rwanda. Jean-Pierre Ondekane, ministre de la Défense et Joseph Mudumbi ministre du Portefeuille, sont arrivés le 15 juillet au soir à Kinshasa, par un vol spécial affrété par la MONUC. Après eux, cinq ministres et quatre vice-ministres sont attendus.

Le Comité international d’accompagnement à la transition (CIAT) a déploré les entraves au bon déroulement des opérations de transport des officiels de Goma à Kinshasa. Selon le CIAT, les responsables du RCD ont exigé que chacun de leurs sept ministres et quatre vice-ministres soient accompagnés de quinze gardes du corps chacun. Ce point de désaccord a bloqué les passations de pouvoir, obligeant les autorités congolaises à les suspendre momentanément.

Le vice-président du gouvernement de transition et nouveau président du RCD, Azarias Ruberwa, toujours attendu à Kinshasa, a préféré rester dans son fief de Goma, évoquant des procédures non respectées dans la mise en place de certaines institutions de la République. Il réclame les nominations au sein de l’état-major des armées avant de prendre ses fonctions. Mais le véritable accroc est venu de la création de trois régions militaires dans l’est de la RDC. L’annonce faite par Azarias Ruberwa a immédiatement été condamnée par la Commission de suivi chargée de superviser la mise en place des institutions. Mais le RCD justifie sa décision en dénonçant à son tour, un décret pris par le pouvoir de Kinshasa en mars dernier qui a vidé «les ministères de la Défense et la sécurité de leurs attributions traditionnelles au profit de la Maison militaire du président de la République».

Le RCD équilibre en sa faveur

En créant des régions militaires, dans des zones sous son contrôle le RCD, qui hérite des postes clé de la Défense nationale dans la transition, décuple de fait le nombre des représentants au sein des instances de décision pour que les «siens» soient toujours en nombre supérieur. Le RCD qui considère qu’il est le principal mouvement rebelle, occupant la plus grande parcelle du territoire et la plus riche, a toujours réclamé, dans les institutions de la transition, que la répartition «équitable» des postes tienne compte de sa surface. Le RCD qui ne reconnaît pas à la mouvance présidentielle installée à Kinshasa l’avantage de la légalité, cherche au minimum l’équilibre des forces dans toutes les structures qui conduiront à la nouvelle République. Azarias Ruberwa en créant de nouvelles régions militaires, insisteet démontre que les questions militaires ont pour l’instant la primauté sur les questions purement politiques.


Ce rappel aux réalités congolaises est suivi d’une proposition du président du RCD qui souhaite la tenue rapide d’un «Conseil supérieur de la Défense, au plus tard le vendredi 18 juillet (veille du 1er Conseil des ministres) pour régler la question des régions militaires».

En marge de ces problèmes inter-congolais, le président Joseph Kabila continue d’asseoir son autorité de seul représentant légal de la RDC en signant des accords de coopération avec l’Union européenne. Un programme d’aide et de réhabilitation d’un montant de 80 millions d’euros, étalé sur les quatre prochaines années a été consenti par l’UE. Les fonds iront à la reconstruction et à la réhabilitation économique. L’engagement, en contre partie, du président Kabila est de veiller au paiement des salaires des fonctionnaires et au règlement des arriérés de dettes de la compagnie nationale d’eau et d’électricité. Selon les experts européens, ces différents points constituent un ordre de rétablissement de l’Etat dans ses obligations.



par Didier  Samson

Article publié le 16/07/2003