Algérie
La piste malienne des disparus du Sahara
Des notables de la ville de Kidal, situé dans le nord-est du Mali, ont affirmé avoir établi le contact avec les ravisseurs des touristes européens retenus en otage depuis plusieurs mois dans le Sahara algérien. Ils se trouveraient actuellement le long de la frontière algéro-malienne, une zone dans laquelle les points de passage entre les deux pays sont très nombreux. Des négociations en vue de leur libération sont apparemment engagées.Si l’on en croit la chaîne de télévision allemande NTV, les ravisseurs auraient demandé une rançon de 4,6 millions d’euros par otage. Le Mali a confirmé la demande de rançon, mais pas son montant.
L’affaire des otages européens ne cesse de s’enliser dans les sables du Sahara. Après la libération à la mi-mai d’un premier groupe de 17 personnes retenues en otages depuis plusieurs mois, les autorités algériennes avaient bon espoir de pouvoir clore rapidement le dossier des disparus du Sahara en retrouvant les 15 touristes qui manquaient toujours à l’appel. Et pour ne pas mettre leur vie en danger, Alger n’avait alors livré pratiquement aucune information sur les circonstances de la première vague de libération. Les militaires algériens avaient simplement expliqué avoir livré un bref assaut contre le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) affilié au mouvement terroriste Al-Qaïda. La version d’un affrontement armé avait ensuite été confirmée par plusieurs intégrants du groupe de touristes libérés qui comptait dix Autrichiens, six Allemands et un Suédois.
Deux mois plus tard, les informations les plus contradictoires circulent sur le sort des quinze touristes toujours portés disparus, parmi lesquels se trouvent dix Allemands, quatre Suisses et un Néerlandais. Mardi, la chaîne de télévision ARD rapportait que l’un d’entre eux, une mère de famille allemande, serait décédé voilà quelques semaines dans le Sahara des suites de la chaleur et du soleil. Son corps aurait ensuite été enterré dans le Sud algérien. Selon le Süddeutsche Zeitung, il s’agirait de Michaela Spitzer, qui avait disparu le 8 mars. Son mari aurait été informé de son décès par les autorités allemandes, mais un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué que «dans l’intérêt des otages qui sont toujours dans une situation très difficile, le gouvernement ne peut donner aucune information». Citant une source militaire locale, le journal algérien El Watan a confirmé mercredi la mort de cette touriste qui remonterait à une dizaine de jours. «Les otages et leurs ravisseurs ont quitté, il y a quelques jours, le territoire national à bord de véhicules tout terrain, certains appartenant aux touristes otages et d’autres aux terroristes», ajoute El Watan.
La localisation des otages est actuellement l’une des principales inconnues de ce dossier. Contrairement au ministre algérien de l’Intérieur Nourredine Yazid Zerhouni qui maintient que les otages se trouvent toujours dans le Sahara algérien, plusieurs diplomates européens qui se sont rendus dans la région ont affirmé qu’ils avaient franchi la frontière du Mali. Un expert de la police judiciaire suisse est ainsi parti samedi au Mali pour participer aux efforts de localisation des touristes européens. Et l’Allemagne avait dépêché quelques jours auparavant un émissaire à Bamako, le vice-ministre des Affaires étrangères Jürgen Chrobog, pour tenter d’obtenir plus d’informations sur le sort des otages. Il s’était alors notamment entretenu de cette affaire avec le chef d’Etat malien Amadou Toumani Touré.
Une «porte de sortie» pour les ravisseurs
La confusion qui règne dans ce dossier serait notamment due aux négociations engagées par les autorités algériennes avec les ravisseurs. Le quotidien El Watan a ainsi rapporté dimanche que l’armée algérienne aurait été contrainte de les laisser partir au Mali pour préserver leurs vies. De l’autre côté de la frontière, plusieurs médias locaux font part, depuis plusieurs mois, de la présence d’un groupe armé algérien dirigé par Belmokhtar, présenté en Algérie comme un chef de guerre islamiste proche du réseau Al-Qaïda. Et il semble donc possible que les ravisseurs des otages européens aient également choisi de se retrancher au Mali. Leur passage de l’autre côté de la frontière aurait même été facilité par certains militaires algériens chargés d’établir une sorte de couloir par lequel ils seraient sortis. Rapportées mercredi par le correspondant de Radio France Internationale à Alger, ces informations n’ont pour l’instant pas été commentées par les autorités algériennes. Mais le président algérien Abdelaziz Bouteflika avait lui-même affirmé à la fin du mois de juin qu’il était prêt à laisser une «porte de sortie aux terroristes» pour préserver la santé des otages.
Déjà très difficiles dans le Sahara algérien, une étendue de plus de deux millions de kilomètres carrés, les recherches risquent donc de devenir interminables si elles doivent s’étendre à l’immense désert malien. Or, les points de passage sont très nombreux entre les deux pays, le Mali et le sud-ouest algérien possédant une frontière commune de près de 2 000 kilomètres. Muettes jusqu’à présent, les autorités maliennes se retrouvent donc à leur tour confrontées au casse-tête de cette prise d’otage. Et l’une de leurs premières tâches devrait être l’identification des ravisseurs. Présentés comme des «terroristes» islamistes par Alger, ils pourraient également appartenir à l’un des nombreux groupes de contrebandiers et de bandits qui fourmillent dans cette région. Des questions auxquelles il devient de plus en plus urgent d’apporter une réponse, l’annonce de la mort d’une otage soulignant clairement l’échec de la stratégie des autorités algériennes qui privilégiaient jusque-là une «solution pacifique» destinées à préserver la vie des quinze Européens.
Ecouter également :
Amar Ben Salem, correspondant RFI en Algérie
Deux mois plus tard, les informations les plus contradictoires circulent sur le sort des quinze touristes toujours portés disparus, parmi lesquels se trouvent dix Allemands, quatre Suisses et un Néerlandais. Mardi, la chaîne de télévision ARD rapportait que l’un d’entre eux, une mère de famille allemande, serait décédé voilà quelques semaines dans le Sahara des suites de la chaleur et du soleil. Son corps aurait ensuite été enterré dans le Sud algérien. Selon le Süddeutsche Zeitung, il s’agirait de Michaela Spitzer, qui avait disparu le 8 mars. Son mari aurait été informé de son décès par les autorités allemandes, mais un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué que «dans l’intérêt des otages qui sont toujours dans une situation très difficile, le gouvernement ne peut donner aucune information». Citant une source militaire locale, le journal algérien El Watan a confirmé mercredi la mort de cette touriste qui remonterait à une dizaine de jours. «Les otages et leurs ravisseurs ont quitté, il y a quelques jours, le territoire national à bord de véhicules tout terrain, certains appartenant aux touristes otages et d’autres aux terroristes», ajoute El Watan.
La localisation des otages est actuellement l’une des principales inconnues de ce dossier. Contrairement au ministre algérien de l’Intérieur Nourredine Yazid Zerhouni qui maintient que les otages se trouvent toujours dans le Sahara algérien, plusieurs diplomates européens qui se sont rendus dans la région ont affirmé qu’ils avaient franchi la frontière du Mali. Un expert de la police judiciaire suisse est ainsi parti samedi au Mali pour participer aux efforts de localisation des touristes européens. Et l’Allemagne avait dépêché quelques jours auparavant un émissaire à Bamako, le vice-ministre des Affaires étrangères Jürgen Chrobog, pour tenter d’obtenir plus d’informations sur le sort des otages. Il s’était alors notamment entretenu de cette affaire avec le chef d’Etat malien Amadou Toumani Touré.
Une «porte de sortie» pour les ravisseurs
La confusion qui règne dans ce dossier serait notamment due aux négociations engagées par les autorités algériennes avec les ravisseurs. Le quotidien El Watan a ainsi rapporté dimanche que l’armée algérienne aurait été contrainte de les laisser partir au Mali pour préserver leurs vies. De l’autre côté de la frontière, plusieurs médias locaux font part, depuis plusieurs mois, de la présence d’un groupe armé algérien dirigé par Belmokhtar, présenté en Algérie comme un chef de guerre islamiste proche du réseau Al-Qaïda. Et il semble donc possible que les ravisseurs des otages européens aient également choisi de se retrancher au Mali. Leur passage de l’autre côté de la frontière aurait même été facilité par certains militaires algériens chargés d’établir une sorte de couloir par lequel ils seraient sortis. Rapportées mercredi par le correspondant de Radio France Internationale à Alger, ces informations n’ont pour l’instant pas été commentées par les autorités algériennes. Mais le président algérien Abdelaziz Bouteflika avait lui-même affirmé à la fin du mois de juin qu’il était prêt à laisser une «porte de sortie aux terroristes» pour préserver la santé des otages.
Déjà très difficiles dans le Sahara algérien, une étendue de plus de deux millions de kilomètres carrés, les recherches risquent donc de devenir interminables si elles doivent s’étendre à l’immense désert malien. Or, les points de passage sont très nombreux entre les deux pays, le Mali et le sud-ouest algérien possédant une frontière commune de près de 2 000 kilomètres. Muettes jusqu’à présent, les autorités maliennes se retrouvent donc à leur tour confrontées au casse-tête de cette prise d’otage. Et l’une de leurs premières tâches devrait être l’identification des ravisseurs. Présentés comme des «terroristes» islamistes par Alger, ils pourraient également appartenir à l’un des nombreux groupes de contrebandiers et de bandits qui fourmillent dans cette région. Des questions auxquelles il devient de plus en plus urgent d’apporter une réponse, l’annonce de la mort d’une otage soulignant clairement l’échec de la stratégie des autorités algériennes qui privilégiaient jusque-là une «solution pacifique» destinées à préserver la vie des quinze Européens.
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Amar Ben Salem, correspondant RFI en Algérie
par Olivier Bras
Article publié le 31/07/2003