Commerce mondial
L’agriculture, clef du succès à Cancun
Le sommet de l’Organisation mondiale du commerce n’est pas l’abri d’un échec en raison de l’absence de progrès sur le dossier agricole. A six semaines de la conférence ministérielle de Cancun (Mexique), des responsables de l’OMC tirent la sonnette d’alarme.
Des 23 dossiers à l’ordre du jour de la conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) du 10 au 14 septembre à Cancun au Mexique, un seul, celui de l’agriculture pourrait faire capoter l’ensemble. A six semaines de l’ouverture de la rencontre internationale sur la libéralisation du commerce mondial, Europe et Etats-Unis sont toujours en désaccord sur le volet agricole des négociations menées dans le cadre du cycle de Doha. Fin 2001 le sommet de Doha au Qatar ouvrait une période de négociations de trois ans sur l’ouverture des marchés, notamment agricoles.
Devant le peu de progrès réalisés entre les deux «blocs», Etats-Unis et Union européenne, chacun reprochant à l’autre ses subventions aux agriculteurs, distorsion de concurrence dans les échanges, les responsables de l’Organisation mondiale du commerce n’excluent pas un échec à Cancun. Il est possible, aussi, qu’ils dramatisent la situation afin de stimuler la relance des négociations.
Et pourtant, en approuvant le 26 juin dernier sa réforme de la politique agricole commune (PAC), l’Union européenne pensait bien avoir fait sa part du chemin vers un compromis. L’accord intervenu, non sans peine, au sein de l’Union européenne, prévoit le découplage progressif des aides à l’agriculture et la réduction des prix d’interventions communautaires sur un certain nombre de produits. Mais, pour les Etats-Unis cette réforme est encore insuffisante. C’est également l’opinion du directeur général de l’OMC, Supachai Panitchpakdi, selon lequel la réforme de la PAC est la bienvenue, mais ne constitue pas une avancée dans les négociations.
Eviter l’échec de Seattle
L’Union européenne se défend en rappelant que les Etats-Unis ne sont pas exempt de critiques sur le problème des subventions à l’agriculture. Les Quinze, mais aussi bon nombre de pays dans le monde, dont le Canada, gros exportateur de produits agricoles, dénoncent comme contraire aux règles de l’OMC la loi agricole américaine (Farm Bill) votée en 2002 qui augmente les subventions aux agriculteurs.
Les Européens se sont livré à un calcul : les droits de douane moyens appliqués par l’Union européenne sur ses importations agricoles s’élèvent à 10,5%. Soit trois fois moins que le chiffre avancé par une étude du Département de l’agriculture américain, qui imputait à l’Union européenne des taxes de 30%. Cette étude américaine, souligne l’Institut national français pour la recherche agricole (INRA), ne prend pas en compte les avantages accordés par les Quinze aux exportations des pays en développement. «Lorsque l’Union européenne parle de mettre le développement au coeur de la politique commerciale, elle fait ce qu’elle dit» a souligné le commissaire européen au commerce Pascal Lamy. L’Union européenne importe 60% des produits agricoles qu’elle consomme des pays en développement contre 40% aux Etats-unis et se revendique donc le marché le plus ouvert au monde.
L’Union européenne ne souhaite pas que la question agricole soit traitée isolement à l’OMC et met au rang des sujets prioritaires à Cancun l’accès des pays pauvres aux médicaments et le traitement spécial et différencié pour les pays en développement, autant de sujets qui sont également bloqués. Les Etats-Unis notamment freinent de tout leur poids sur l’accès aux médicaments génériques contre le sida ou le paludisme par les pays pauvres.
L’OMC espère encore parvenir à mettre au point, fin août, une version définitive du projet d’accord à conclure à Cancun. D’ici là les contacts devraient se poursuivre afin d’éviter l’impasse à la conférence ministérielle de septembre, comme cela s’était déjà produit à Seattle en décembre 1999.
Devant le peu de progrès réalisés entre les deux «blocs», Etats-Unis et Union européenne, chacun reprochant à l’autre ses subventions aux agriculteurs, distorsion de concurrence dans les échanges, les responsables de l’Organisation mondiale du commerce n’excluent pas un échec à Cancun. Il est possible, aussi, qu’ils dramatisent la situation afin de stimuler la relance des négociations.
Et pourtant, en approuvant le 26 juin dernier sa réforme de la politique agricole commune (PAC), l’Union européenne pensait bien avoir fait sa part du chemin vers un compromis. L’accord intervenu, non sans peine, au sein de l’Union européenne, prévoit le découplage progressif des aides à l’agriculture et la réduction des prix d’interventions communautaires sur un certain nombre de produits. Mais, pour les Etats-Unis cette réforme est encore insuffisante. C’est également l’opinion du directeur général de l’OMC, Supachai Panitchpakdi, selon lequel la réforme de la PAC est la bienvenue, mais ne constitue pas une avancée dans les négociations.
Eviter l’échec de Seattle
L’Union européenne se défend en rappelant que les Etats-Unis ne sont pas exempt de critiques sur le problème des subventions à l’agriculture. Les Quinze, mais aussi bon nombre de pays dans le monde, dont le Canada, gros exportateur de produits agricoles, dénoncent comme contraire aux règles de l’OMC la loi agricole américaine (Farm Bill) votée en 2002 qui augmente les subventions aux agriculteurs.
Les Européens se sont livré à un calcul : les droits de douane moyens appliqués par l’Union européenne sur ses importations agricoles s’élèvent à 10,5%. Soit trois fois moins que le chiffre avancé par une étude du Département de l’agriculture américain, qui imputait à l’Union européenne des taxes de 30%. Cette étude américaine, souligne l’Institut national français pour la recherche agricole (INRA), ne prend pas en compte les avantages accordés par les Quinze aux exportations des pays en développement. «Lorsque l’Union européenne parle de mettre le développement au coeur de la politique commerciale, elle fait ce qu’elle dit» a souligné le commissaire européen au commerce Pascal Lamy. L’Union européenne importe 60% des produits agricoles qu’elle consomme des pays en développement contre 40% aux Etats-unis et se revendique donc le marché le plus ouvert au monde.
L’Union européenne ne souhaite pas que la question agricole soit traitée isolement à l’OMC et met au rang des sujets prioritaires à Cancun l’accès des pays pauvres aux médicaments et le traitement spécial et différencié pour les pays en développement, autant de sujets qui sont également bloqués. Les Etats-Unis notamment freinent de tout leur poids sur l’accès aux médicaments génériques contre le sida ou le paludisme par les pays pauvres.
L’OMC espère encore parvenir à mettre au point, fin août, une version définitive du projet d’accord à conclure à Cancun. D’ici là les contacts devraient se poursuivre afin d’éviter l’impasse à la conférence ministérielle de septembre, comme cela s’était déjà produit à Seattle en décembre 1999.
par Francine Quentin
Article publié le 25/07/2003