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Mexique

Vicente Fox déçoit les Mexicains

Le président Vicente Fox vient de mesurer que le poids de sympathie qu’il a dans la population ne lui permet pas d’engranger un succès législatif. Il perd 7 % des voix et permet au PRI, le parti de l’ancien régime de revenir en force.
De notre correspondant à Mexico

Élections difficiles pour le PAN, le Parti d’action nationale et pour le gouvernement de Vicente Fox. Ces législatives, trois ans après les présidentielles, permettent aux Mexicains d’émettre un jugement sur l’action du président en place. Les électeurs se sont rendus aux urnes pour élire 500 députés, 6 gouverneurs et plus d’un millier de présidents municipaux.

Les résultats préliminaires montrent une chute d’environ 5 points du parti du président Fox, une avancée de 7 points du PRI, le parti de l’ancien régime, une percée du PRD (centre gauche) qui double son nombre de députés et recueille plus de 50 % des voix dans la ville de Mexico. Néanmoins aucun parti n’obtient la majorité à la chambre. Pour rompre avec l’immobilisme qui a caractérisé les trois premières années du gouvernement de Vicente Fox, il faudra donc tresser des alliances entre les partis.

Tout semble indiquer que les électeurs ont émis émettre un vote sanction contre Vicente Fox, en refusant de lui donner une majorité à la chambre. En effet, la société estime qu’il n’y a pas eu de changement et que les promesses électorales n’ont pas été tenues. Les critiques les plus acerbes ne proviennent pas que des adversaires «naturels» du gouvernement mais aussi de ses alliés, que ce soient la hiérarchie catholique, le patronat mexicain ou étranger ou même certaines personnalités du PAN. Vicente Fox avait promis de régler le conflit du Chiapas en 15 minutes. Ce problème qui touche au cœur de la société mexicaine, à son identité collective historique, a vite été mis au placard.

Pour la réforme fiscale, le président et son équipe ont manqué de courage politique. Pour la réforme de l’énergie, le gouvernement favorable à une ouverture totale et internationale n’a pas su négocier avec l’opposition qui était pourtant prête à ouvrir le capital de ses sociétés nationales, à condition que les actionnaires restent mexicains. Pour la lutte contre la corruption et surtout contre la pauvreté, des efforts ont été entrepris, mais ils n’ont pas convaincu les Mexicains. La transition démocratique et la réforme de l’État, se sont transformées en une simple alternance de pouvoir. La macro-économie suit à la lettre la politique dictée par les institutions financières internationales mais on est loin des 7 % de croissance promis. Quant à la refonte des institutions, elle est restée lettre morte. Il faudrait également parler, dans ce bilan, de l’accord migratoire avec les États-Unis, lesquels ont opposé une fin de non recevoir à ce dossier hautement prioritaire puisqu’il concerne 8 millions de Mexicains vivant en situation illégale ou précaire dans ce pays.

Déception

Faute d’une majorité au Parlement, le président Vicente Fox aura beaucoup de mal à gouverner sans passer des alliances. Mais elles seront difficiles à tisser car les partis de l’opposition sont également en pleine mutation. Le PRI cherche à se réformer et à satisfaire sa base qui ne veut plus entendre parler des technocrates. Le PRD, composé de multiples courants, opposé au libéralisme économique du gouvernement, cherche à construire un parti social démocrate ; il aura fort à faire. Pour les partis, le défi majeur après les élections sera de s’entendre pour voter les réformes que réclament les Mexicains, avec ou sans, l’approbation du Président Fox. Mais le PRI et le PRD peuvent aussi choisir le statu quo, c’est à dire l’opposition systématique au gouvernement, comme ils l’ont fait depuis trois ans, pour mieux affaiblir le PAN et se positionner aux élections présidentielles de 2006.



par Patrice  Gouy

Article publié le 07/07/2003