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Maroc

Les inculpés de Casablanca nient en bloc

Vendredi 16 mai, cinq explosions quasi-simultanées secouaient la capitale économique du royaume, Casablanca. Le Maroc, qui jusqu’à présent avait été préservé du terrorisme, découvrait qu’il était loin d’être immunisé contre ce fléau qui depuis plus d’une décennie fait des ravages chez son voisin algérien. Le bilan de ces attentats, qui ont surpris par leur ampleur et leur organisation, est lourd. Quarante-quatre personnes, dont douze kamikazes, y trouvent la mort tandis qu’une centaine de personnes sont blessées. Deux mois après, le premier procès directement lié à ces attaques suicide s’est ouvert la semaine dernière à Casablanca. Après un premier report, les premières auditions des inculpés ont commencé vendredi dernier. Tous les inculpés nient en bloc avoir un quelconque lien avec ces attentats ou d’autres en préparation.
Le premier procès directement lié aux attentats de Casablanca doit examiner le cas de 52 intégristes présumés appartenant à la mouvance islamiste marocaine Salafiya Jihadiya. Répartis en deux groupes, ces inculpés sont poursuivis pour «constitution d’une association criminelle, atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, sabotage, homicide volontaire et dommage causant blessures et invalidité permanente». Le premier groupe, auquel appartiennent trois kamikazes qui ont survécu aux cinq attentats du 16 mai, est accusé d’être directement impliqué dans l’organisation de ces attaques suicide. Le second est en revanche poursuivi pour avoir planifié des attaques similaires dans d’autres villes comme Marrakech, Essaouira ou Agadir.

Vendredi dernier, la cour criminelle de Casablanca a auditionné les trois kamikazes rescapés. Mohamed el-Omari, âgé de 23 ans était gardien de nuit. Ses deux acolytes Rachid Jalil et Yassine Lahnech, âgés de 27 et 22 ans, étaient respectivement soudeur et marchand ambulant. Les accusés ont tous nié en bloc leur participation aux attentats du 16 mai. «Je rejette toutes les accusations, je les nie, je n’ai tué personne», a notamment lancé Mohamed el-Oumari. La cour a ajourné au 11 août le réquisitoire du ministère public et les plaidoiries de la défense concernant leur dossier.

Des cassettes vidéo prônant le jihad saisies

Cette attitude des trois kamikazes rescapés a également été adoptée, lors de l’audience de lundi, par six autres inculpés accusés d’être des «kamikazes réservistes». Ils sont poursuivis pour avoir préparé d’autres attaques terroristes à Essaouira, Agadir et Marrakech, les trois grandes villes touristiques du royaume. «Lorsque j’ai appris qu’il y a avait eu des attentats à Casablanca, j’ai été choqué», a notamment affirmé l’un d’eux. Un autre, qui n’a pas nié connaître les auteurs des attaques du 16 mai, a pour sa part assuré qu’il aurait dénoncé ses amis s’il avait su que ces derniers préparaient des attentats.

L’accusation a par ailleurs présenté à la cour plusieurs cassettes vidéo faisant, selon elle, l’apologie du jihad en Tchétchénie, en Palestine et en Afghanistan et que les inculpés auraient visionné en groupe avant le drame du 16 mai. Interrogés sur le sujet, les six «kamikazes réservistes» ont nié en bloc vouloir importer le jihad au Maroc, assurant que ces vidéos étaient pour eux de «simples cassettes sur la religion».

Quelque 700 personnes ont été interpellées ces deux derniers mois au Maroc où elles seront jugées, en vertu de la nouvelle loi antiterroriste, pour leur implication directe ou non dans les attentats du 16 mai. Cette loi, entée en vigueur début juin, quelques semaines après le drame de Casablanca, avait été vivement contestée par les associations marocaines de droits de l’homme qui la jugeaient liberticide. Elle durcit considérablement les peines encourues en cas notamment d’homicide volontaire, de sabotage et d’atteinte à la sécurité de l’Etat. Les personnes reconnues coupables de meurtre avec ou sans préméditation sont ainsi passibles de la peine capitale.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 29/07/2003