Corse
Le retour des «poseurs de bombes»
La menace d’une nouvelle vague d’attentats ne cessait de grandir depuis quelques jours. Elle s’est concrétisée ce week-end, deux explosions ayant gravement endommagé la Trésorerie générale et la direction régionale des douanes de Nice. Un bâtiment de la direction départementale de l’Equipement situé dans la zone de l’aéroport de Bastia Poretta a également été pris pour cible dimanche soir. Ces trois attentats ont été revendiqués par un correspondant anonyme au nom d’un groupe armé clandestin corse et une quatrième explosion, non revendiquée, a endommagé dimanche une résidence secondaire située sur l’île. Réagissant à cette vague d’attentats, le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a déclaré lundi qu’il agirait avec fermeté contre ceux qui «posent des bombes».
La menace planait sur la Corse et ses alentours depuis le 11 juillet, date à laquelle le FLNC a mis fin à la trêve de ses «actions militaires» décrétée sept mois auparavant. L’île de Beauté avait alors réussi à retrouver un certain calme. La trêve n’était certes pas respectée au pied de la lettre puisque quelque 130 attentats ont été recensés en Corse au cours des six premiers mois de l’année. Mais la plupart d’entre eux ne répondaient pas à des motivations politiques. A l’inverse, les trois bombes qui ont explosé ce week-end sont porteuses d’un message à l’égard du gouvernement adressé par les mouvements prônant la violence.
Un quartier de la ville de Nice a ainsi été secoué dans la nuit de samedi à dimanche par deux violentes explosions. La première a gravement endommagé la Trésorerie générale, suivie cinq minutes plus tard par un deuxième attentat perpétré contre la Direction régionale des douanes. D’après les premiers éléments de l’enquête, deux charges composées chacune d’environ 400 grammes d’un explosif industriel à base de nitrate sont à l’origine des déflagrations qui ont provoqué des dégâts matériels très importants. Seize personnes ont été légèrement blessées, certaines souffrant de légères coupures ou de troubles auditifs. Beaucoup d’habitants sont en fait sortis de chez eux après la première explosion et ils se trouvaient dans la rue au moment où la deuxième bombe était mise à feu.
Les enquêteurs de la Police judiciaire niçoise ont privilégié la piste corse après la découverte sur les lieux d’un véhicule volé dans lequel se trouvaient notamment plusieurs détonateurs et des bouteilles d’essence. Ils savaient depuis plusieurs mois que la trésorerie générale était une cible privilégiée, un attentat ayant été déjoué de justesse en septembre dernier. A l’instar de cette action manquée, les attentats perpétrés ce week-end semblent porter la signature du FLNC. Lundi, un inconnu a appelé le bureau de la chaîne i-télévision à Ajaccio pour revendiquer au nom du «FLNC-Union des combattants» les deux attentats perpétrés à Nice et l’explosion qui a touché dimanche un bâtiment de la direction départementale de l’Equipement situé dans la zone de l’aéroport de Bastia Poretta. Cette revendication n’a pas encore été authentifiée par les enquêteurs mais c’est par cette même voie qu’ont été signés d’autres attentats récemment perpétrés en Corse.
Sarkozy contre les «cagoulés»
A la suite des lourdes condamnations prononcées contres les assassins du préfet Claude Erignac, le gouvernement s’attendait à une reprise de la violence. Le ministère de l’Intérieur avait ainsi donné la semaine dernière des «consignes de vigilance» aux préfectures de Corse, ainsi qu’à celles des Bouches-du-Rhône et du Gard. Des mesures qui devraient s’intensifier au cours des jours à venir. Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy a en effet promis lundi qu’il mettrait «les moyens» pour arrêter les poseurs de bombes. Il s’agit, selon lui, d’une «dérive mafieuse» qui donne de la Corse une image «détestable». Faisant référence à la récente arrestation d’Yvan Colonna, assassin présumé du préfet Erignac, après plusieurs années de cavale, il a annoncé que les services de police déploieraient la même énergie pour poursuivre «ceux qui mettent des cagoules et posent des bombes».
Les prochaines semaines vont donc avoir une valeur de test pour le ministre de l’Intérieur. Il n’avait pas ménagé ses efforts pour tenter de convaincre les Corses d’accepter la réforme des institutions proposée par le gouvernement. Le «non» des Corses le 6 juillet avait du coup été interprété comme un échec de sa politique. Depuis, Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse d’insister sur le respect de l’Etat de droit dans l’île de Beauté. Dans une interview publiée à la veille du référendum par Le Monde, il s’était déjà félicité de l’arrestation en Corse en un an de «53 poseurs de bombes» et de «33 mafieux». «Je travaille à réduire la violence en Corse», avait alors déclaré Nicolas Sarkozy.
Quinze jours plus tard, il ne fait pas de doute que les mouvements nationalistes prônant l'usage de la violence ont choisi de défier le ministre de l’Intérieur. Du coup, l’île de Beauté a peur d’être plongée dans une spirale de violence sans issue. Une manifestation nationaliste organisée samedi dans les rues d’Ajaccio s’est ainsi terminée par de violents incidents opposant une centaine de personnes aux forces de l’ordre. Au terme de deux heures d’affrontements, trois manifestants ont été interpellés et huit policiers blessés. Et au-delà de la mobilisation de milliers de Corses descendus dans les rues pour protester pacifiquement «contre la répression et pour une solution politique», une image est restée : celle d’une voiture de police en flammes dans le centre de la ville.
Un quartier de la ville de Nice a ainsi été secoué dans la nuit de samedi à dimanche par deux violentes explosions. La première a gravement endommagé la Trésorerie générale, suivie cinq minutes plus tard par un deuxième attentat perpétré contre la Direction régionale des douanes. D’après les premiers éléments de l’enquête, deux charges composées chacune d’environ 400 grammes d’un explosif industriel à base de nitrate sont à l’origine des déflagrations qui ont provoqué des dégâts matériels très importants. Seize personnes ont été légèrement blessées, certaines souffrant de légères coupures ou de troubles auditifs. Beaucoup d’habitants sont en fait sortis de chez eux après la première explosion et ils se trouvaient dans la rue au moment où la deuxième bombe était mise à feu.
Les enquêteurs de la Police judiciaire niçoise ont privilégié la piste corse après la découverte sur les lieux d’un véhicule volé dans lequel se trouvaient notamment plusieurs détonateurs et des bouteilles d’essence. Ils savaient depuis plusieurs mois que la trésorerie générale était une cible privilégiée, un attentat ayant été déjoué de justesse en septembre dernier. A l’instar de cette action manquée, les attentats perpétrés ce week-end semblent porter la signature du FLNC. Lundi, un inconnu a appelé le bureau de la chaîne i-télévision à Ajaccio pour revendiquer au nom du «FLNC-Union des combattants» les deux attentats perpétrés à Nice et l’explosion qui a touché dimanche un bâtiment de la direction départementale de l’Equipement situé dans la zone de l’aéroport de Bastia Poretta. Cette revendication n’a pas encore été authentifiée par les enquêteurs mais c’est par cette même voie qu’ont été signés d’autres attentats récemment perpétrés en Corse.
Sarkozy contre les «cagoulés»
A la suite des lourdes condamnations prononcées contres les assassins du préfet Claude Erignac, le gouvernement s’attendait à une reprise de la violence. Le ministère de l’Intérieur avait ainsi donné la semaine dernière des «consignes de vigilance» aux préfectures de Corse, ainsi qu’à celles des Bouches-du-Rhône et du Gard. Des mesures qui devraient s’intensifier au cours des jours à venir. Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy a en effet promis lundi qu’il mettrait «les moyens» pour arrêter les poseurs de bombes. Il s’agit, selon lui, d’une «dérive mafieuse» qui donne de la Corse une image «détestable». Faisant référence à la récente arrestation d’Yvan Colonna, assassin présumé du préfet Erignac, après plusieurs années de cavale, il a annoncé que les services de police déploieraient la même énergie pour poursuivre «ceux qui mettent des cagoules et posent des bombes».
Les prochaines semaines vont donc avoir une valeur de test pour le ministre de l’Intérieur. Il n’avait pas ménagé ses efforts pour tenter de convaincre les Corses d’accepter la réforme des institutions proposée par le gouvernement. Le «non» des Corses le 6 juillet avait du coup été interprété comme un échec de sa politique. Depuis, Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse d’insister sur le respect de l’Etat de droit dans l’île de Beauté. Dans une interview publiée à la veille du référendum par Le Monde, il s’était déjà félicité de l’arrestation en Corse en un an de «53 poseurs de bombes» et de «33 mafieux». «Je travaille à réduire la violence en Corse», avait alors déclaré Nicolas Sarkozy.
Quinze jours plus tard, il ne fait pas de doute que les mouvements nationalistes prônant l'usage de la violence ont choisi de défier le ministre de l’Intérieur. Du coup, l’île de Beauté a peur d’être plongée dans une spirale de violence sans issue. Une manifestation nationaliste organisée samedi dans les rues d’Ajaccio s’est ainsi terminée par de violents incidents opposant une centaine de personnes aux forces de l’ordre. Au terme de deux heures d’affrontements, trois manifestants ont été interpellés et huit policiers blessés. Et au-delà de la mobilisation de milliers de Corses descendus dans les rues pour protester pacifiquement «contre la répression et pour une solution politique», une image est restée : celle d’une voiture de police en flammes dans le centre de la ville.
par Olivier Bras
Article publié le 21/07/2003