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Environnement

La canicule échauffe les esprits

En Europe, des records de température sont battus chaque jour, ou presque. En France, cette vague de chaleur fait des ravages. Depuis une semaine, la mortalité liée à la chaleur a pris des proportions inquiétantes. Premières victimes : les personnes âgées. Autre conséquence, le risque de pénurie d’électricité en France.

Toute l’Europe souffre de la canicule. En France, cette vague de chaleur inquiète de plus en plus les services d’urgence des hôpitaux. Les médecins urgentistes n’hésitent pas à parler d’«hécatombe» chez les personnes âgées. Le président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (Amuhf) Patrick Pelloux tire la sonnette d’alarme. «En quatre jours sur la région parisienne, il y a eu pratiquement une cinquantaine de morts dues à la chaleur», a-t-il déclaré à la télévision française. Il réclame une mise en alerte des services comme ce fut le cas pour le SRAS ou les menaces à l’anthrax.

Pour sa part, la Direction générale de la Santé, tout en soulignant qu’elle ne disposait aucune statistique réelle, a estimé que les excès de chaleur étaient «clairement associés à l’augmentation de la mortalité». Tous se retrouvent donc pour admettre que la canicule fait des victimes, et notamment qu’elle constitue un facteur aggravant pour les personnes à risque. Dans un grand nombre de régions françaises, des centres hospitaliers comme celui d’Orléans ont fait appel à l’armée et aux cliniques privées pour faire face à un nombre accru de malades. De son côté, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris a annoncé qu’en raison de la canicule, elle allait augmenter la capacité en lits d’hospitalisation et annuler les hospitalisations programmées non-urgentes.

Situation préoccupante à EDF

Cette vague de chaleur inquiète également les responsables d'Electricité de France (EDF). Les fortes températures et la sécheresse entraînent une baisse de la capacité de production d'électricité. La France risque bien de devoir faire face à une pénurie. Nicole Fontaine, la ministre déléguée à l'Industrie a convoqué pour lundi une réunion de crise à Matignon avec les représentants des ministres concernés et ceux d’EDF et du Réseau de transport de l’électricité (RTE), au cours de laquelle des mesures concrètes seront présentées.

Chez EDF, on reconnaît que «la forte chaleur pourrait avoir des conséquences sérieuses et importantes sur le système français d’électricité». L’augmentation rapide et continue de la température des fleuves et des rivières «affecte profondément les capacités de production thermiques (charbon, fuel, nucléaire) et hydrauliques d'EDF, qui ont besoin d'eau pour fonctionner», explique EDF. En effet, les centrales nucléaires sont toutes situées au bord d’un fleuve ou de la mer. Elles en utilisent l’eau pour le refroidissement avant de la rejeter dans les fleuves environnants. Mais la canicule est en train de faire grimper la température des cours d’eau interdisant tout rejet.

Le second problème est la chaleur qui règne dans les centrales nucléaires. Il est devenu difficile voire presque impossible de refroidir les réacteurs nucléaires situé pourtant à proximité des cours d'eau. Dans certains cas, la température des réacteurs approche le maximum autorisé de 50 degrés. Dans le sud-ouest de la France, la puissance de certaines centrales nucléaires a été réduite depuis fin juillet de plusieurs centaines de mégawatts. C’est au total près du tiers du parc nucléaire français (16 réacteurs sur 58) qui pourrait être concerné.

Dernier problème et non des moindres : la hausse de la consommation électrique (plus de 10% par rapport à l’an dernier à la même époque). EDF doit faire face à des pics de consommation avec les systèmes de climatisation et ne peut s’adresser à ses voisins européens pour se fournir en courant, car la vague de chaleur n’épargne personne. A Londres, la barre des 100 degrés (Farenheit), 38 degrés Celsius, a été franchie dimanche, du jamais vu en Grande-Bretagne.


Ecouter également :

Jean-Pierre Céron, directeur adjoint de la climatologie à Météo France au micro d'Emmanuelle Bastide, 11/08/2003, 9'56



par Myriam  Berber

Article publié le 11/08/2003