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Environnement

La chaleur pèse sur les Français : leur santé et leur moral

L’été 2003 restera dans l’histoire de la météo. La canicule est toujours bien installée en Europe, tout particulièrement sur la France. Depuis 1947, le pays n’avait pas connu un tel phénomène climatique dont les conséquences ne cessent de s’alourdir.
Feux de forêt, baisse de la production d’électricité, agriculteurs désemparés et hôpitaux débordés... les Français souffrent toujours de la canicule. Ces derniers jours, l'opposition, les associations écologistes et des professionnels de la santé ont reproché au gouvernement de ne pas avoir anticipé la crise climatique et d'en avoir sous-estimé les conséquences. Pour essayer de faire taire la polémique, le gouvernement est sorti de son silence.

Dans une déclaration écrite publiée mardi 12 août, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a rappelé qu'il recevra le conseil de l'agriculture le 22 août pour une première estimation des dégâts. En effet, les agriculteurs sont la catégorie socio-professionnelle la plus touchée par la sécheresse : pénurie de fourrage pour les animaux, morts en séries des poulets et des porcs d’élevage. S’agissant des feux de forêt, Jean-Pierre Raffarin a annoncé également qu’il se rendrait à Bruxelles pour demander à la Commission européenne l’intervention du fonds de solidarité européen.

Le Premier ministre confirme les dispositions prises dans le secteur de la santé. Pour venir en aide au personnel hospitalier, ces mesures seront complétées et amplifiées dans la perspective du long week end férié du 15 août. En île de France, une région particulièrement touchée, le service de santé des armées va mobiliser plus encore que d'habitude ses moyens pour pouvoir accueillir les malades victimes de la vague de chaleur. Des lits vont être mis à disposition dans les hôpitaux militaires.


Un crû 2003 exceptionnel


De son côté, la Croix-Rouge lance un dispositif d’urgence : dès aujourd’hui, un minimum de 150 bénévoles et secouristes pourront effectuer des gestes non médicaux dans les hôpitaux. On le sait, la canicule est de plus en plus meurtrière en France. La directrice générale de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris vient d'admettre que plus d’une centaine de décès liés à la chaleur avaient été enregistrés ces derniers jours en région parisienne.

Outre la situation dans les hôpitaux, les chambres funéraires sont saturées en région parisienne. Les Pompes funèbres générales (PFG) ont enregistré une hausse de la mortalité de 37 % en France et de 49% en Ile-de-France dans la semaine du 4 au 10 août, par rapport à la même période de l’année 2002. Le ministère de la Santé a donc mis à disposition des emplacements dans les cimetières et à l'Institut médico-légal de Paris, afin d'accueillir les corps des défunts.

Depuis près de quinze jours, les Français ont appris à se protéger dans la mesure du possible, au travail ou chez eux, de ses terribles conditions atmosphériques. Pour les sans abris qui doivent vivre 24 heures sur 24 dans cette fournaise, la situation est encore plus difficile. L’association humanitaire Médecins du Monde (MdM) demande aux citadins de porter de l’eau aux SDF qui souffrent de la canicule. La préfecture de Paris a répondu à l’appel de MdM et annonce un dispositif spécifique d'aide aux sans-abri pour faire face aux conséquences de la canicule. Quatorze «espaces solidarité-insertion» sont ouverts et dispensent des boissons, des vestiaires, des douches et, dans certains cas, des repas et petits-déjeuners. Les maisons de retraite et les prisons surchargées attendent également des moyens exceptionnels.

La chaleur n'apporte pas que de mauvaises nouvelles. Le crû 2003 s'annonce exceptionnel pour les vins français. C’est du jamais vu dans le Bordelais depuis 1983, les vendanges ont commencé, cette semaine, soit un mois d’avance sur celles de l’année dernière. Un nouveau record.



par Myriam  Berber

Article publié le 13/08/2003