Commerce mondial
Une mobilisation sans précédent sur le Larzac
Le rassemblement altermondialiste organisé pendant trois jours sur le causse aveyronnais a réuni près de 200 000 participants rassemblés autour de la figure charismatique de José Bové. Fort de ce succès, le dirigeant syndical a appelé à la poursuite de la mobilisation contre le prochain sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce et a promis un mois de septembre «brûlant» au gouvernement français.
De mémoire d’Aveyronnais, jamais autant de personnes ne s’étaient réunies sur le Larzac, un causse rocailleux d’une superficie d’environ 1 000 kilomètres carrés. Plus de 200 000 manifestants étaient présents sur le plateau samedi lors de la deuxième journée d’un immense rassemblement anti-mondialiste. Un chiffre qui dépasse largement les affluences enregistrées voilà trente ans lors des plus grandes manifestations contre l’extension du camp militaire ou bien le nucléaire. Devant une telle mobilisation, les organisateurs n’ont d’ailleurs pas eu d’autre choix que de coordonner dès samedi avec les autorités policières régionales la fermeture des principales voies d’accès, de façon à ne pas dépasser le seuil critique des 200 000 participants.
Le dirigeant syndical José Bové s’est chargé d’annoncer en personne cette mesure. Celui qui travaillait depuis de longs mois à l’organisation de cette manifestation a en effet dû se résoudre à demander aux retardataires de rebrousser chemin. «Si on laisse encore les gens arriver, on sera dans l’incapacité de les accueillir en toute sécurité», a expliqué José Bové. Regrettant de devoir adopter une telle décision, il n’a cependant pas manqué de souligner l’incroyable succès de ce rassemblement. «Nous espérions 100 000 personnes dans notre plus grande folie», reconnaissait un José Bové aux traits fatigués et à la voix cassée. Le fait de pouvoir assister en personne à un tel succès relève pour lui presque du miracle puisqu’il purgeait voilà encore huit jours une peine de prison pour avoir participé à la destruction de plants transgéniques. Bénéficiant d’un aménagement de sa peine d’emprisonnement, il n’a retrouvé sa liberté que le 2 août dernier.
Un mois de septembre «brûlant»
La présence de José Bové ce week-end sur le causse du Larzac explique en grande partie réussite de ce rassemblement. Nombreux sont ceux qui ont souhaité venir le soutenir dans son combat et écouter celui que l’on surnomme «le Robin des Bois de l’altermondialisation». La lutte contre la libéralisation est en effet le moteur de ce rassemblement au slogan évocateur, «D’autres mondes sont possibles». Un mois avant l’organisation au Mexique de la conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui rassemblera les représentants de 146 pays, les organisateurs de Larzac 2003 ont tenu à organiser un immense forum au cours duquel sont abordées les solutions alternatives au système économique libéral ou capitaliste. Parmi les thèmes débattus sous les différents chapiteaux, l’aide au pays pauvres, le développement de l’agriculture biologique, le refus des cultures génétiquement modifiées, ou bien l’avenir des paysans européens. Des débats qui ne sont pas limités au domaine de l’agriculture, certains forums portant par exemple sur le droit à l’éducation ou au logement. Qualifiant ce Larzac 2003 de «jonction entre le gigantesque mouvement social du printemps et ceux qui refusent les projets de l’OMC», José Bové promettait dès l’ouverture du rassemblement vendredi au gouvernement une rentrée sociale très agitée. «Le mois de septembre ne doit pas être chaud, mais brûlant, où tout le monde doit être dans la rue». Un appel à la mobilisation qu’il a de nouveau lancé dimanche lors de son discours de clôture. «Nous devons descendre dans la rue pour mener des actions contre l’OMC et les multinationales, contre leurs sièges dans les villes à partir du 6 septembre».
Plusieurs artistes de renommée mondiales sont venus soutenir le mouvement altermondialiste, à commencer par le chanteur Manu Chao, qui s’est largement impliqué dans cette lutte au cours des dernières années. Une programmation musicale riche qui n’a pas manqué d’attirer de nombreux badauds. Beaucoup d’observateurs sont également venus de l’étranger pour se rendre compte de l’ampleur de ce mouvement de contestation. Dans son édition de samedi, le quotidien américain New York Times évoquait ainsi un «Woodstock antimondialisation» où la star est José Bové, «éleveur de moutons de 50 ans, leader syndicaliste et héros national pour son refus de courber l'échine devant la mondialisation». Et les déclarations de José Bové au sujet du prochain sommet de l’OMC devraient ainsi avoir un large écho hors des frontières françaises. «A Seattle, il y a quatre ans, personne ne croyait que nous pouvions faire échouer le sommet de l’OMC», a-t-il rappelé devant les manifestants du Larzac. Une déclaration en guise d’avertissement pour les autorités mexicaines qui espèrent que le cadre touristique de la station balnéaire de Cancun contribuera, cette fois, à calmer les ardeurs des opposants.
Ecouter également :
Le reportage de Catherine Monnet, envoyée spéciale de RFI sur le site de Larzac (10/08/2003, 1'15")
Le dirigeant syndical José Bové s’est chargé d’annoncer en personne cette mesure. Celui qui travaillait depuis de longs mois à l’organisation de cette manifestation a en effet dû se résoudre à demander aux retardataires de rebrousser chemin. «Si on laisse encore les gens arriver, on sera dans l’incapacité de les accueillir en toute sécurité», a expliqué José Bové. Regrettant de devoir adopter une telle décision, il n’a cependant pas manqué de souligner l’incroyable succès de ce rassemblement. «Nous espérions 100 000 personnes dans notre plus grande folie», reconnaissait un José Bové aux traits fatigués et à la voix cassée. Le fait de pouvoir assister en personne à un tel succès relève pour lui presque du miracle puisqu’il purgeait voilà encore huit jours une peine de prison pour avoir participé à la destruction de plants transgéniques. Bénéficiant d’un aménagement de sa peine d’emprisonnement, il n’a retrouvé sa liberté que le 2 août dernier.
Un mois de septembre «brûlant»
La présence de José Bové ce week-end sur le causse du Larzac explique en grande partie réussite de ce rassemblement. Nombreux sont ceux qui ont souhaité venir le soutenir dans son combat et écouter celui que l’on surnomme «le Robin des Bois de l’altermondialisation». La lutte contre la libéralisation est en effet le moteur de ce rassemblement au slogan évocateur, «D’autres mondes sont possibles». Un mois avant l’organisation au Mexique de la conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui rassemblera les représentants de 146 pays, les organisateurs de Larzac 2003 ont tenu à organiser un immense forum au cours duquel sont abordées les solutions alternatives au système économique libéral ou capitaliste. Parmi les thèmes débattus sous les différents chapiteaux, l’aide au pays pauvres, le développement de l’agriculture biologique, le refus des cultures génétiquement modifiées, ou bien l’avenir des paysans européens. Des débats qui ne sont pas limités au domaine de l’agriculture, certains forums portant par exemple sur le droit à l’éducation ou au logement. Qualifiant ce Larzac 2003 de «jonction entre le gigantesque mouvement social du printemps et ceux qui refusent les projets de l’OMC», José Bové promettait dès l’ouverture du rassemblement vendredi au gouvernement une rentrée sociale très agitée. «Le mois de septembre ne doit pas être chaud, mais brûlant, où tout le monde doit être dans la rue». Un appel à la mobilisation qu’il a de nouveau lancé dimanche lors de son discours de clôture. «Nous devons descendre dans la rue pour mener des actions contre l’OMC et les multinationales, contre leurs sièges dans les villes à partir du 6 septembre».
Plusieurs artistes de renommée mondiales sont venus soutenir le mouvement altermondialiste, à commencer par le chanteur Manu Chao, qui s’est largement impliqué dans cette lutte au cours des dernières années. Une programmation musicale riche qui n’a pas manqué d’attirer de nombreux badauds. Beaucoup d’observateurs sont également venus de l’étranger pour se rendre compte de l’ampleur de ce mouvement de contestation. Dans son édition de samedi, le quotidien américain New York Times évoquait ainsi un «Woodstock antimondialisation» où la star est José Bové, «éleveur de moutons de 50 ans, leader syndicaliste et héros national pour son refus de courber l'échine devant la mondialisation». Et les déclarations de José Bové au sujet du prochain sommet de l’OMC devraient ainsi avoir un large écho hors des frontières françaises. «A Seattle, il y a quatre ans, personne ne croyait que nous pouvions faire échouer le sommet de l’OMC», a-t-il rappelé devant les manifestants du Larzac. Une déclaration en guise d’avertissement pour les autorités mexicaines qui espèrent que le cadre touristique de la station balnéaire de Cancun contribuera, cette fois, à calmer les ardeurs des opposants.
Ecouter également :
Le reportage de Catherine Monnet, envoyée spéciale de RFI sur le site de Larzac (10/08/2003, 1'15")
par Olivier Bras
Article publié le 10/08/2003