Algérie
Le sort des otages du Sahara en négociations
Le chef des preneurs d’otages aurait été identifié et l’Allemagne a engagé des négociations avec les ravisseurs par le biais d’un chef touareg du Nord-Est du Mali, les 14 otages européens ayant apparemment quitté le territoire algérien.
«Les négociations de la dernière chance». Le ton du quotidien algérien El Watan est des plus alarmistes dans son édition de mercredi. Il estime que l’affaire des otages du Sahara se trouve dans un moment crucial en raison de l’état de santé de plusieurs Européens. Les quatorze otages auraient été divisés en deux groupes et se trouveraient depuis plusieurs jours dans le nord du Mali. Et selon El Watan, les ravisseurs ne disposent plus que d’un délai de quarante-huit heures pour mener les négociations : «si après deux jours, les six otages malades et les personnes âgées ne sont pas libérés, la solution militaire sera prise pour en finir avec cette crise qui n’a que trop duré».
Cette affaire, qui traîne depuis près de six mois, semblait être sur le point de se terminer en mai dernier après la libération d’un premier groupe de 17 otages européens. Alger s’était alors félicité de l’intervention de l’Armée nationale populaire (ANP) qui avait réussi à les arracher des mains de leurs ravisseurs en lançant un assaut dans la région d’Amguid. Et l’état-major algérien avait ensuite indiqué que les ravisseurs appartenaient au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), un des principaux mouvements rebelles islamistes algériens à la tête duquel se trouve Hassan Hattab. L’ANP avait même annoncé avoir localisé les quinze Européens encore retenus en otage dans le massif de Tamelrik, situé à environ 150 kilomètres au nord d’Illizi. Mais aucun nouvel assaut ne s’était produit. Et pratiquement aucune nouvelle n’a ensuite filtré pendant de longues semaines sur le sort des otages, jusqu’à l’annonce la semaine dernière du décès de l’un d’entre eux, l’Allemande Michaela Spitzer. Cette mère de famille âgée de 45 ans aurait succombé à une insolation à la fin du mois du juin. La nouvelle a été confirmée par les autorités allemandes, mais son corps n’a pas encore pu être rapatrié.
Dans une interview accordée au journal allemand Bild Am Sonntag, le mari de la victime a reproché à Berlin de ne pas avoir exercé suffisamment de pressions sur le gouvernement algérien pour obtenir le dénouement rapide de cette affaire. A Alger, au contraire, le gouvernement allemand est accusé d’avoir fait capoter les efforts des autorités algériens. En fait, Berlin semblait vouloir éviter à tout prix une intervention armée qui aurait pu mettre en danger la vie des touristes. Au mois de mai, le chancelier allemand Gerhard Schroeder avait ainsi demandé au président algérien Abdelaziz Bouteflika de «tout mettre en œuvre pour les sauver». Et quelques jours après, le ministre algérien du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Lakhdar Dorbani, affirmait que des négociations étaient en cours avec les ravisseurs. Elles n’ont apparemment donné aucun résultat et les autorités algériennes ont finalement accepté de laisser partir les ravisseurs avec leurs otages dans le nord du Mali.
La «rançon du déshonneur»
L’affaire des otages du Sahara s’est déplacée le mois dernier dans la capitale malienne. Un notable de la région de Kidal, située dans le nord-est du pays, a été chargé de jouer le rôle de médiateur par l’Allemagne qui ne souhaitait pas mener de négociations directes. Ancien leader des Touareg contre l’armée malienne, Iyad Ag Agaly a ainsi eu l’occasion de discuter avec les ravisseurs qui lui ont notamment remis une cassette vidéo montrant les otages toujours en vie. Parmi eux se trouvent neuf Allemands, quatre Suisses et un Néerlandais. Cette bande vidéo a été transmise aux autorités maliennes, accompagnées des exigences des ravisseurs : une rançon de 4,6 millions d’euros par otage. Ce chiffre n’a pour l’instant pas été confirmé par l’Allemagne qui a envoyé plusieurs représentants au Mali. Ces derniers ont récemment pu se réunir avec Iyad Ag Agaly à Bamako, le médiateur ayant fait le voyage dans la capitale dans la nuit de mardi à mercredi. A son arrivée, il n’a livré aucune information sur les négociations en cours, taisant notamment les noms des ravisseurs. Selon El Watan, le chef des preneurs d’otages serait Abderrazak Amari, numéro 2 du GSPC et un ancien membre de l’Armée nationale populaire.
Les discussions porteraient à la fois sur le montant de la rançon demandée, près de 65 millions d’euros au total, et le sort des ravisseurs après la libération des otages qui auraient exprimé le désir de pouvoir rester au Mali, un territoire dans lequel ils peuvent aisément se cacher. Durement critiquées en raison de leur incapacité à régler cette affaire, les autorités algériennes veulent à tout prix éviter que les ravisseurs disparaissent avec l’argent de la rançon. Le quotidien algérien La Liberté expliquait cette semaine dans ses colonnes que le fait de céder au chantage serait «un encouragement aux terroristes», n’hésitant pas à parler de «rançon du déshonneur». De fait, les autorités allemandes et suisses n’ont pas indiqué si elles étaient prêtes à monnayer la libération de leurs ressortissants. Pressées par leurs opinions publiques respectives de mettre un terme le plus tôt possible à cette affaire, elles sont également bien conscientes des conséquences désastreuses qu’aurait le versement d’une importante somme d’argent à une organisation terroriste.
Cette affaire, qui traîne depuis près de six mois, semblait être sur le point de se terminer en mai dernier après la libération d’un premier groupe de 17 otages européens. Alger s’était alors félicité de l’intervention de l’Armée nationale populaire (ANP) qui avait réussi à les arracher des mains de leurs ravisseurs en lançant un assaut dans la région d’Amguid. Et l’état-major algérien avait ensuite indiqué que les ravisseurs appartenaient au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), un des principaux mouvements rebelles islamistes algériens à la tête duquel se trouve Hassan Hattab. L’ANP avait même annoncé avoir localisé les quinze Européens encore retenus en otage dans le massif de Tamelrik, situé à environ 150 kilomètres au nord d’Illizi. Mais aucun nouvel assaut ne s’était produit. Et pratiquement aucune nouvelle n’a ensuite filtré pendant de longues semaines sur le sort des otages, jusqu’à l’annonce la semaine dernière du décès de l’un d’entre eux, l’Allemande Michaela Spitzer. Cette mère de famille âgée de 45 ans aurait succombé à une insolation à la fin du mois du juin. La nouvelle a été confirmée par les autorités allemandes, mais son corps n’a pas encore pu être rapatrié.
Dans une interview accordée au journal allemand Bild Am Sonntag, le mari de la victime a reproché à Berlin de ne pas avoir exercé suffisamment de pressions sur le gouvernement algérien pour obtenir le dénouement rapide de cette affaire. A Alger, au contraire, le gouvernement allemand est accusé d’avoir fait capoter les efforts des autorités algériens. En fait, Berlin semblait vouloir éviter à tout prix une intervention armée qui aurait pu mettre en danger la vie des touristes. Au mois de mai, le chancelier allemand Gerhard Schroeder avait ainsi demandé au président algérien Abdelaziz Bouteflika de «tout mettre en œuvre pour les sauver». Et quelques jours après, le ministre algérien du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Lakhdar Dorbani, affirmait que des négociations étaient en cours avec les ravisseurs. Elles n’ont apparemment donné aucun résultat et les autorités algériennes ont finalement accepté de laisser partir les ravisseurs avec leurs otages dans le nord du Mali.
La «rançon du déshonneur»
L’affaire des otages du Sahara s’est déplacée le mois dernier dans la capitale malienne. Un notable de la région de Kidal, située dans le nord-est du pays, a été chargé de jouer le rôle de médiateur par l’Allemagne qui ne souhaitait pas mener de négociations directes. Ancien leader des Touareg contre l’armée malienne, Iyad Ag Agaly a ainsi eu l’occasion de discuter avec les ravisseurs qui lui ont notamment remis une cassette vidéo montrant les otages toujours en vie. Parmi eux se trouvent neuf Allemands, quatre Suisses et un Néerlandais. Cette bande vidéo a été transmise aux autorités maliennes, accompagnées des exigences des ravisseurs : une rançon de 4,6 millions d’euros par otage. Ce chiffre n’a pour l’instant pas été confirmé par l’Allemagne qui a envoyé plusieurs représentants au Mali. Ces derniers ont récemment pu se réunir avec Iyad Ag Agaly à Bamako, le médiateur ayant fait le voyage dans la capitale dans la nuit de mardi à mercredi. A son arrivée, il n’a livré aucune information sur les négociations en cours, taisant notamment les noms des ravisseurs. Selon El Watan, le chef des preneurs d’otages serait Abderrazak Amari, numéro 2 du GSPC et un ancien membre de l’Armée nationale populaire.
Les discussions porteraient à la fois sur le montant de la rançon demandée, près de 65 millions d’euros au total, et le sort des ravisseurs après la libération des otages qui auraient exprimé le désir de pouvoir rester au Mali, un territoire dans lequel ils peuvent aisément se cacher. Durement critiquées en raison de leur incapacité à régler cette affaire, les autorités algériennes veulent à tout prix éviter que les ravisseurs disparaissent avec l’argent de la rançon. Le quotidien algérien La Liberté expliquait cette semaine dans ses colonnes que le fait de céder au chantage serait «un encouragement aux terroristes», n’hésitant pas à parler de «rançon du déshonneur». De fait, les autorités allemandes et suisses n’ont pas indiqué si elles étaient prêtes à monnayer la libération de leurs ressortissants. Pressées par leurs opinions publiques respectives de mettre un terme le plus tôt possible à cette affaire, elles sont également bien conscientes des conséquences désastreuses qu’aurait le versement d’une importante somme d’argent à une organisation terroriste.
par Olivier Bras
Article publié le 06/08/2003