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L’Etat français reprend Alstom

L’Etat français envisage de prendre une participation de 30% dans le capital du groupe Alstom pour le sauver. Toutefois, au nom du respect des règles de concurrence, la Commission européenne émet des doutes et souhaite des éclaircissements.
Depuis lundi 4 août, la cotation du groupe français d’énergie et de transports Alstom est suspendue à Paris, Londres et New York. Le conseil d’administration d’Alstom est en négociations avec ses banques créancières pour redresser une situation financière des plus périlleuses. Et, dans le rôle du chevalier blanc surgit l’Etat français qui annonce se porter acquéreur de 50% de l’augmentation de capital de 600 millions d’euros prévue par le groupe pour se refinancer, portant ainsi sa participation à 30% du groupe. Il en deviendrait aussi le principal actionnaire.

Alstom est un groupe industriel spécialisé dans les centrales électriques, les réseaux de distribution, les logiciels de gestion d’énergie. Son activité transport comprend la production de métros, tramways et trains, ainsi qu’une activité construction navale.

A quelques jours seulement de décisions conduisant à la privatisation de fleurons du service public français, EDF, GDF et France Télécom, cette renationalisation partielle d’un groupe industriel a de quoi surprendre de la part d’un gouvernement à orientation libérale. Elle est cependant explicable : le gouvernement Raffarin, dans une période de remontée du chômage, souhaite éviter un désastre social. Alstom emploie plus de 110 000 personnes dans le monde dont 75 000 en Europe et 25 000 en France. Déjà un plan de restructuration prévoit 5 000 suppressions d’emplois dans le monde dont 2 000 en France. De plus, parmi les dizaines de banques créancières, plusieurs grandes banques françaises, BNP-Paribas, Société générale et Crédit Agricole-Crédit Lyonnais sont engagées à hauteur de plus d’un milliard d’euros dans le groupe Alstom, dont le naufrage ne manquerait pas de les atteindre.

Les doutes de la Commission européenne

L’intervention publique dans le sauvetage d’Alstom ne s’arrête cependant pas là car c’est un autre groupe public, Areva, leader mondial du nucléaire, qui devra reprendre pour un milliard d’euros de la division transport et distribution d’énergie d’Alstom. Le groupe accuse en 2002 une perte de 1,3 milliard d’euros et a accumulé à ce jour une dette de plus de 6 milliards d’euros. Dans le cadre de ses dessaisissements d’actifs Alstom a déjà vendu son activité turbines industrielles à Siemens.

Francis Mer, ministre de l’Economie et des finances a confirmé à Mario Monti, commissaire européen à la concurrence, les intentions de la France pour permettre le redressement d’Alstom. La commission européenne a immédiatement fait part de ses doutes concernant la possibilité, pour des actionnaires privés de réaliser l’opération dans les mêmes conditions. C’est pourquoi la commission européenne demande la notification du projet en bonne et due forme et le plus rapidement possible. Le ministre français s’est donc engagé à fournir le détail des mesures envisagées et permettre ainsi de juger du respect des règles communautaires en matière de concurrence.

Ecouter également:
Philippe Marini, Sénateur UMP de l'Oise (Picardie), rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, il répond aux questions d'Emmanuelle Bastide. 06/08/2003




par Francine  Quentin

Article publié le 05/08/2003