Algérie
Le FLN en crise ouverte à l’approche de la présidentielle
La crise est larvée depuis le mois de mars dernier, date à laquelle Ali Benflis, alors chef du gouvernement algérien, se faisait élire triomphalement, pendant le huitième congrès du Front de libération national, à la tête de l’ancien parti unique. Nombreux avaient alors vu en lui le plus sérieux rival d’Abdelaziz Bouteflika à l’approche de la présidentielle de 2004. Une impression qui s’est d’autant plus avérée que le FLN a choisi de prendre ses distances avec le chef de l’Etat pour apporter son soutien à son secrétaire général. Verbal depuis plusieurs semaines, l’affrontement entre les partisans des deux hommes a pris une nouvelle dimension jeudi avec la bagarre rangée qui a éclaté lors d’une réunion organisée dans la banlieue d’Alger par les hommes du président.
Une fois n’est pas coutume, la police algérienne a dû intervenir pour séparer les militants d’un même parti politique engagés dans une véritable bataille rangée. Plusieurs personnes ont en effet été blessées jeudi lorsque les partisans du secrétaire général du FLN, Ali Benflis, se sont introduits dans une salle de réunion de la banlieue d’Alger où s’étaient rassemblés les pro-Bouteflika, déterminés à poursuivre leur politique systématique de dénigrement de l’ancien Premier ministre, limogé le 5 mai dernier. Si le bilan de ces affrontements n’est pas bien grave, cette situation révèle au grand jour la sourde animosité qui prévaut au sein de l’ancien parti unique depuis son dernier congrès en mars dernier.
La nouvelle direction du FLN a en effet choisi de prendre ses distances avec le président algérien alors que le parti l’avait pourtant largement soutenu en 1999 lors du dernier scrutin présidentiel. Abdelaziz Bouteflika, qui avait alors remis les clés du FLN à Ali Benflis en 2000 à charge pour ce dernier de garantir sa réélection en 2004, s’est en effet senti trahi lorsque l’homme qui avait gouverné à ses côtés durant trois ans, a décidé d’imposer l’indépendance de l’ancien parti unique. «Nous n’accepterons plus ni injonctions, ni tutelle», avait-il déclaré à cette occasion. Cette décision n’était toutefois pas dénuée d’arrière pensée politique puisque Ali Benflis a très vite annoncé son intention de se présenter à l’élection présidentielle de 2004.
Aujourd’hui les deux hommes ne se parlent plus et leurs partisans multiplient les critiques, voire les actes de sabotages. Ainsi le 6 juin dernier, des permanences du FLN dans l’ouest algérien ont été attaquées par les militants pro-Bouteflika, se réclamant d’un «redressement» du vieux parti, qui voulaient en prendre le contrôle. Le bureau politique avait violemment réagi dénonçant «des actes qui relèvent de la pratique mafieuse et qui sont le fait de délinquants inspirés, commandités et encouragés par certains cercles au sein de l’appareil d’Etat». Depuis il ne se passe pas une journée sans que les partisans des deux bords s’accusent mutuellement, notamment par presse interposée, de prendre en otage le vieux parti.
Vers un 8e congrès-bis?
Soucieux d’écarter au plus vite Ali Benflis de la direction du FLN, les hommes du président se sont attelés à invalider les résultats du dernier congrès. Ils dénoncent ainsi son caractère stalinien et les multiples infractions aux statuts du parti auxquelles ils ont donné lieu. Bref, ils reprochent à Ali Benflis d’avoir fait main basse sur le parti au mépris des règles démocratiques avec pour preuve la désignation et non plus l’élection de la nouvelle direction. Un recours en annulation du congrès a d’ailleurs été déposé auprès du ministère de l’Intérieur sur la base de l’article 11 de l’ordonnance 9709 du 6 mars 1997 qui relève que «toute organisation interne d’un parti politique doit reposer sur des principes démocratiques, en toute circonstance».
Ali Benflis de son côté accuse le pouvoir de vouloir déstabiliser le premier parti du pays. Il en veut pour preuve les autorisations délivrées par l’administration pour des rencontres au nom du FLN à des personnes qui n’ont pourtant rien à voir avec cette formation politique. Des autorisations qui sont parallèlement systématiquement refusées quand les demandes émanent du bureau politique de l’ancien parti unique.
Cette guerre que se livrent sans merci les partisans de Bouteflika et ceux de Benflis n’est pas sans risque pour les deux hommes. Si le secrétaire général du FLN est évincé de la tête du parti, il ne représentera en effet plus rien politiquement. Et si son rival n’obtient pas le soutien de sa formation politique, il risque d’avoir le plus grand mal à s’imposer lors de la prochaine présidentielle.
La nouvelle direction du FLN a en effet choisi de prendre ses distances avec le président algérien alors que le parti l’avait pourtant largement soutenu en 1999 lors du dernier scrutin présidentiel. Abdelaziz Bouteflika, qui avait alors remis les clés du FLN à Ali Benflis en 2000 à charge pour ce dernier de garantir sa réélection en 2004, s’est en effet senti trahi lorsque l’homme qui avait gouverné à ses côtés durant trois ans, a décidé d’imposer l’indépendance de l’ancien parti unique. «Nous n’accepterons plus ni injonctions, ni tutelle», avait-il déclaré à cette occasion. Cette décision n’était toutefois pas dénuée d’arrière pensée politique puisque Ali Benflis a très vite annoncé son intention de se présenter à l’élection présidentielle de 2004.
Aujourd’hui les deux hommes ne se parlent plus et leurs partisans multiplient les critiques, voire les actes de sabotages. Ainsi le 6 juin dernier, des permanences du FLN dans l’ouest algérien ont été attaquées par les militants pro-Bouteflika, se réclamant d’un «redressement» du vieux parti, qui voulaient en prendre le contrôle. Le bureau politique avait violemment réagi dénonçant «des actes qui relèvent de la pratique mafieuse et qui sont le fait de délinquants inspirés, commandités et encouragés par certains cercles au sein de l’appareil d’Etat». Depuis il ne se passe pas une journée sans que les partisans des deux bords s’accusent mutuellement, notamment par presse interposée, de prendre en otage le vieux parti.
Vers un 8e congrès-bis?
Soucieux d’écarter au plus vite Ali Benflis de la direction du FLN, les hommes du président se sont attelés à invalider les résultats du dernier congrès. Ils dénoncent ainsi son caractère stalinien et les multiples infractions aux statuts du parti auxquelles ils ont donné lieu. Bref, ils reprochent à Ali Benflis d’avoir fait main basse sur le parti au mépris des règles démocratiques avec pour preuve la désignation et non plus l’élection de la nouvelle direction. Un recours en annulation du congrès a d’ailleurs été déposé auprès du ministère de l’Intérieur sur la base de l’article 11 de l’ordonnance 9709 du 6 mars 1997 qui relève que «toute organisation interne d’un parti politique doit reposer sur des principes démocratiques, en toute circonstance».
Ali Benflis de son côté accuse le pouvoir de vouloir déstabiliser le premier parti du pays. Il en veut pour preuve les autorisations délivrées par l’administration pour des rencontres au nom du FLN à des personnes qui n’ont pourtant rien à voir avec cette formation politique. Des autorisations qui sont parallèlement systématiquement refusées quand les demandes émanent du bureau politique de l’ancien parti unique.
Cette guerre que se livrent sans merci les partisans de Bouteflika et ceux de Benflis n’est pas sans risque pour les deux hommes. Si le secrétaire général du FLN est évincé de la tête du parti, il ne représentera en effet plus rien politiquement. Et si son rival n’obtient pas le soutien de sa formation politique, il risque d’avoir le plus grand mal à s’imposer lors de la prochaine présidentielle.
par Mounia Daoudi
Article publié le 15/08/2003