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Santé

L’été meurtrier

La canicule de cette première quinzaine d’août en France aurait fait entre 1 500 et 3 000 morts, dû directement ou indirectement à la chaleur. Le gouvernement réagit à la polémique sur son attitude face à la canicule. Il a annoncé un plan d’urgence qui permet de mobiliser de nouveaux moyens humains et matériels pour faire face à l’urgence de la situation.
En France, les températures très élevées de ces derniers jours auraient coûté la vie à 3 000 personnes pour l’ensemble de la France, selon la Direction générale de la Santé. Les pouvoirs publics semblent, après plusieurs jours de flottement, avoir pris la mesure de l’exceptionnelle crise sanitaire. Accusé par les professionnels et l’opposition d’avoir manqué de réactivité face à cette canicule meurtrière, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin est revenu à Paris pour présider, jeudi 14 août, une réunion à Matignon en présence du ministre de la Santé, Jean-François Mattei, du secrétaire d’Etat aux Personnes âgées, Hubert Falco, du Directeur général de la santé, Lucien Abenhaim et du Président des urgentistes hospitaliers Patrick Pelloux.

Très contesté dans sa gestion de la crise, le ministre de la Santé change désormais de vocabulaire après avoir un premier temps minimisé la situation. A l’issue de cette réunion consacrée aux effets de la canicule, Jean-François Mattei a parlé «d’une véritable épidémie, le taux de mortalité est supérieur de 30 à 50% à celui de la période correspondante de 2002». Le ministre de la Santé a par ailleurs revu à la baisse le bilan donné par la Direction générale de la Santé «le chiffre global qui est le fruit d’une estimation raisonnable, est entre 1 500 et 3 000 victimes».

Principale décision de cette réunion: après l'île-de-France, d'autres régions devraient bénéficier bientôt du «Plan blanc» visant à mieux lutter contre les effets meurtriers de la canicule sur les personnes âgées. Le Premier ministre a autorisé les préfets à déclencher dans les autres départements «en fonction des besoins locaux» ce plan d’urgence qui prévoit le rappel de personnels de santé en congé et surtout la libération de lits d'hôpitaux par le report des opérations non-urgentes. Mille places sont ainsi disponibles en cas de besoin ces trois prochains jours. De son côté, la Croix-Rouge a mis en place un dispositif d’urgence qui prévoit la mobilisation de 500 secouristes.

L’appel des urgentistes

Malgré la baisse des températures constatée depuis jeudi sur la moitié nord de la France, les médecins soulignent que la crise n’est pas terminée puisque des victimes sont toujours hospitalisées. Ils redoutent également l’admission de nouveaux patients durant le long week-end férié du 15 août. Le président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (Amuhf) Patrick Pelloux qui est le premier, le week-end dernier, à avoir lancé un appel aux responsables politiques, est très clair sur ce point: «Même si la canicule s’éloigne de l’Hexagone. Cette baisse de température ne signifie pas que tout est réglé sur le plan sanitaire».

Si la situation s’arrange du côté des hôpitaux, c’est loin d’être le cas du côté des pompes funèbres et des chambres funéraires surchargées en région parisienne. Les températures exceptionnellement élevées ajoutées à la pollution à l'ozone affaiblissent les personnes âgées déjà gravement malades du coeur ou souffrant de maladie liée à la vieillesse. Les demandes d’inhumations ont explosé: 90% des décès sont des personnes âgées. Les pouvoirs publics semblent avoir pris la mesure de la situation. A l’issue de la réunion de Matignon, deux solutions ont finalement été retenues. A Paris, Lyon, Bordeaux, Strasbourg et Toulouse, ainsi dans d’autres villes de province, des dispositions exceptionnelles ont été prises pour conserver les corps des défunts. Parmi ces mesures: les horaires des cimetières ont été étendus pour accélérer les inhumations, qui pourront exceptionnellement se dérouler pendant le week-end du 15 août. Une antenne de 200 places supplémentaires a également été ouverte au Fort des Bruyères à Villejuif (Val-de-Marne) et des conteneurs funéraires militaires vont être réquisitionnés.

La canicule qui a provoqué la mort de plusiers milliers de personnes en France depuis le début du mois d’août, n’a pas entraîné un bilan aussi lourd dans les autres pays d’Europe, pourtant victimes de la même vague de chaleur. Ainsi, les autorités sanitaires d’Allemagne, de Suisse et de Belgique où les températures ont flirté avec les 40 degrés, n’ont enregistré aucune vague de décès due à la chaleur. De son côté, l’Italie, qui a battu des records absolus dans le nord et le centre, a signalé une hausse significative de la mortalité par rapport à l’an dernier dans le nord du pays essentiellement. En effet, 60 décès ont été signalés ces derniers jours entre Milan, Turin et Bologne. Et alors que le mercure a parfois franchi la barre des 47,3 degrés celsius, les Portugais habitués aux fortes chaleurs ont mieux résisté aux températures élevées. C’est également le cas de l’Espagne où les autorités ne font état que d’une trentaine de morts.




par Myriam  Berber

Article publié le 15/08/2003