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Algérie

Les otages ont été libérés

Les otages européens du Sahara vont rejoindre Bamako ce mardi après une odyssée de près de six mois dans le désert algérien, puis malien. On ignore quels ont été les termes de l’échange, mais la sécurité du commando des ravisseurs a vraisemblablement été au centre des tractations de ces derniers jours.
L’annonce de la libération, intervenue dimanche en fin d’après-midi dans le désert malien, met fin à un long calvaire de près de six mois pour les 14 derniers otages occidentaux (neuf Allemands, quatre Suisses et un Néerlandais) des terroristes algériens du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Dés lundi matin, deux appareils de transport militaires, un malien et un allemand, s’apprêtaient à les prendre en charge sur l’aéroport de Gao, dans le nord-est du Mali. Le scénario retenu semblait privilégier la récupération des otages par l’équipage malien dans la localité de Tessalit, dans l’extrême nord du pays, première localité malienne au sud de la frontière algérienne, sur l’axe transsaharien qui traverse la région du Tanezrouft. Les otages, de retour à Gao, devaient alors être embarqués à bord de l’avion allemand et être conduits à Bamako. Ils seront ensuite rapatriés en Europe à bord d’un Airbus médicalisé de l’armée allemande arrivé dimanche dans la capitale malienne avec, à son bord, le secrétaire d’Etat allemand aux Affaires étrangères, Juergen Chrobog, qui effectue à cette occasion son second séjour au Mali en moins d’une semaine, confirmant ainsi l’imminence du dénouement.

La libération des derniers captifs du GSPC a été annoncée dimanche par la chaîne de télévision allemande ZDF, puis l’AFP sur la foi d’informations transmises de sources proches de la médiation, à Gao. Dans la capitale allemande, le porte-parole du gouvernement reconnaissait lundi matin que le processus de libération était entré dans une «phase finale très importante».Toutefois, lundi, tant à Berlin qu’à Berne et à Bamako, les réactions officielles demeuraient encore prudentes tant que les ex-otages n’avaient pas encore été récupérés. Au cours de la nuit de dimanche à lundi, un membre de l’entourage des médiateurs a déclaré à l’AFP que les quatorze européens avaient été libérés mais séparés par leurs ravisseurs, par crainte d’une attaque-surprise, et qu’ils n’avaient donc pas encore pu, faute de regroupement, être conduits en lieu sûr.

La sécurité des terroristes

Les négociations pour la libération des otages s’étaient accélérées lors de ces derniers jours et un dénouement était attendu à brève échéance. Les discussions avec les ravisseurs avaient été confiées à un groupe de médiateurs maliens, dont un notable influent du nord, Iyad Ad Ghali, qui a multiplié les navettes entre la capitale et le nord du pays, où les ravisseurs avaient finalement trouvé refuge le mois dernier et où est morte d’épuisement une touriste allemande, la quinzième otage du groupe. Depuis une semaine, on nourrissait de vives inquiétudes sur le sort de 4 ou 6 d’entre eux «gravement malades». Sa mission est donc un incontestable succès, après les mois d’errance dans le désert algérien, puis malien, des touristes captifs du GSPC.

Reste la question de la rançon exigée par les ravisseurs. Initialement, ils réclamaient une somme de 4 à 5 millions d’euros par otages pour les libérer. On ignore si leurs exigences ont été entièrement ou partiellement satisfaites, et sous quelle forme. Mais il est sûr que le problème de la sécurité des terroristes, après la libération de leurs prisonniers, a été au centre des préoccupations et longuement examinée et que les ravisseurs ont reçu des assurances.

A l’origine de l’affaire, 32 touristes avaient été pris en otages. Mais, au mois de mai, l’armée algérienne avait repéré les preneurs d’otages et lancé un assaut contre leur repère qui avait permis d’en libérer dix-sept. Le sort des quinze derniers européens avaient failli basculer : le chef du commando, Amari Saïfi, dit Abderrezak le Para, avait alors ordonné l’exécution des derniers captifs qui n’avaient eu la vie sauve qu’au prix de la désobéissance de l’un des membres du commando qui s’était opposé à la volonté de son chef en raison du fait «qu’il n’y avait aucun motif théologique acceptable pour mettre fin à la vie des otages».

Ecouter également : Salima Tlemçani, journaliste, spécialiste des mouvements terroristes algériens.

Ecouter également : Afrique matin.



par Georges  Abou

Article publié le 19/08/2003