Maroc
Très lourdes peines pour les inculpés de Casablanca
Les peines prononcées par un tribunal de Casablanca à l’encontre de 87 islamistes radicaux présumés pour leur implication «à divers degrés» dans les attentats qui ont ensanglanté le 16 mai la capitale économique du royaume ont été jugées «beaucoup plus lourdes que prévues» par leurs avocats. La justice a en effet condamné à mort 4 inculpés et prononcé la peine de prison à perpétuité contre 37 accusés. Dix-sept autres inculpés ont écopé de 30 ans de prison et 16 autres de vingt ans. Les avocats ont huit jours pour faire appel de cette décision.
Les jugements sont tombés tard, dans la nuit de lundi à mardi. Les abords de la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca –qui statue en première instance dans les affaires criminelles– étaient, comme depuis le début du procès, sous très haute surveillance. Outre un important dispositif de sécurité déployé autour du tribunal, une cage en verre blindée à été aménagée à l’intérieur de la salle d’audience pendant toute la durée du procès. A la lecture du verdict, les prévenus et leurs proches présents au tribunal, ont tous crié Allah Akbar, Dieu est grand, rendant quasi-inaudible l’énoncé des condamnations.
Quatre peines de mort ont donc été prononcées contre trois kamikazes, qui auraient renoncé au dernier moment à commettre leur attaque suicide, et contre un quatrième intégriste, Hassan Taoussi, accusé lui d’être un important chef de réseau de l’organisation terroriste Salafiya Jihadiya. Les quatre hommes étaient poursuivis pour «homicides volontaires avec préméditation, sabotage, atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat et constitution d’une association criminelle». Les trois kamikazes «rescapés», Mohamed al-Omari –un gardien de nuit de 23 ans–, Rachid Jalil –un soudeur de 27 ans– et Yassine Lahnech –un marchand ambulant de 22 ans– sont tous originaires du même quartier populaire de Casablanca, Sidi Moumen. Ils ont tous nié toute implication dans des actes terroristes. L’un d’entre eux, Mohamed al-Omari, a notamment affirmé que ses aveux lui avaient été «extorqués sous la torture».
Le tribunal a également prononcé de très lourdes peines de réclusion à l’encontre de nombreux prévenus. Trente-sept d’entre eux écopent de la prison à perpétuité, 17 d’une peine de 30 ans et 16 ont été condamnés à 20 ans de détention. Tous sont accusés d’appartenir à la Salafiya Jihadiya, un mouvement radical peu connu que les autorités marocaines accusent d’être derrière les attentats qui ont ensanglanté le 16 mai dernier Casablanca, provoquant la mort de 45 personnes, dont 12 kamikazes.
Les prédicateurs lourdement condamnés
Quatre prévenus, présentés comme des «théoriciens» islamistes de la Salafiya Jihadia, comparaissaient dans ce premier procès lié aux attentats de Casablanca. Le premier Miloudi Zakaria, âgé de 35 ans, est accusé d’avoir eu «un rôle clé dans l’action des groupes extrémistes du Maroc» et de s’être distingué par «ses prêches au ton belliqueux et ses appels au Jihad contre les gouvernants». Il a été condamné à la prison à perpétuité. Lors de son réquisitoire, le ministère public avait réclamé la peine capitale à son encontre «au nom de l’ensemble de la société marocaine qui a souffert des actes criminels de terroristes» tels que lui. L’homme était déjà connu de la justice et avait déjà purgé une peine d’un an pour avoir ordonné «la lapidation d’un dépravé». La victime avait été retrouvée morte dans un bidonville le 23 février 2002.
Les trois autres «théoriciens», tous condamnés à une peine de 30 ans de réclusion criminelle, sont un instituteur de 55 ans à la retraite, Mohamed Fizazi, un docteur en philosophie de 43 ans, Abdelkrim Chadli, et un marchand ambulant de 42 ans, Omar Haddouchi. Le premier, également le plus médiatique, a au cours du procès rejeté en bloc toutes les accusations et nié l’existence même de la Salafiya Jihadiya qui ne serait selon lui qu’«une légende». L’homme avait été arrêté à Tanger après la publication d’une interview qu’il avait accordée au journal arabe Asharq al-Awsat. Dans cet entretien, il avait notamment remis en cause «l’explication officielle» concernant les mobiles des terroristes ayant perpétré les attentats de Casablanca. «Si les kamikazes voulaient attaquer les Marocains en tant que Marocains ou l'Etat ou la démocratie, ils auraient fait exploser les souks et les gratte-ciel», avait-il déclaré en énumérant d'autres cibles, notamment une télévision publique et deux quotidiens de gauche. Lors de son procès, Mohamed Fizazi s’était certes prononcé «pour le Jihad dans les pays occupés comme la Tchétchénie ou la Palestine». Mais il avait vivement condamné les attentats de Casablanca, soutenant qu’«ils ne se justifiaient pas».
Au lendemain des attaques suicide du 16 mai, les autorités marocaines ont lancé une vaste enquête dans les milieux islamistes radicaux. Au total quelque 700 personnes ont été arrêtées et déférées devant les tribunaux du royaume.
Quatre peines de mort ont donc été prononcées contre trois kamikazes, qui auraient renoncé au dernier moment à commettre leur attaque suicide, et contre un quatrième intégriste, Hassan Taoussi, accusé lui d’être un important chef de réseau de l’organisation terroriste Salafiya Jihadiya. Les quatre hommes étaient poursuivis pour «homicides volontaires avec préméditation, sabotage, atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat et constitution d’une association criminelle». Les trois kamikazes «rescapés», Mohamed al-Omari –un gardien de nuit de 23 ans–, Rachid Jalil –un soudeur de 27 ans– et Yassine Lahnech –un marchand ambulant de 22 ans– sont tous originaires du même quartier populaire de Casablanca, Sidi Moumen. Ils ont tous nié toute implication dans des actes terroristes. L’un d’entre eux, Mohamed al-Omari, a notamment affirmé que ses aveux lui avaient été «extorqués sous la torture».
Le tribunal a également prononcé de très lourdes peines de réclusion à l’encontre de nombreux prévenus. Trente-sept d’entre eux écopent de la prison à perpétuité, 17 d’une peine de 30 ans et 16 ont été condamnés à 20 ans de détention. Tous sont accusés d’appartenir à la Salafiya Jihadiya, un mouvement radical peu connu que les autorités marocaines accusent d’être derrière les attentats qui ont ensanglanté le 16 mai dernier Casablanca, provoquant la mort de 45 personnes, dont 12 kamikazes.
Les prédicateurs lourdement condamnés
Quatre prévenus, présentés comme des «théoriciens» islamistes de la Salafiya Jihadia, comparaissaient dans ce premier procès lié aux attentats de Casablanca. Le premier Miloudi Zakaria, âgé de 35 ans, est accusé d’avoir eu «un rôle clé dans l’action des groupes extrémistes du Maroc» et de s’être distingué par «ses prêches au ton belliqueux et ses appels au Jihad contre les gouvernants». Il a été condamné à la prison à perpétuité. Lors de son réquisitoire, le ministère public avait réclamé la peine capitale à son encontre «au nom de l’ensemble de la société marocaine qui a souffert des actes criminels de terroristes» tels que lui. L’homme était déjà connu de la justice et avait déjà purgé une peine d’un an pour avoir ordonné «la lapidation d’un dépravé». La victime avait été retrouvée morte dans un bidonville le 23 février 2002.
Les trois autres «théoriciens», tous condamnés à une peine de 30 ans de réclusion criminelle, sont un instituteur de 55 ans à la retraite, Mohamed Fizazi, un docteur en philosophie de 43 ans, Abdelkrim Chadli, et un marchand ambulant de 42 ans, Omar Haddouchi. Le premier, également le plus médiatique, a au cours du procès rejeté en bloc toutes les accusations et nié l’existence même de la Salafiya Jihadiya qui ne serait selon lui qu’«une légende». L’homme avait été arrêté à Tanger après la publication d’une interview qu’il avait accordée au journal arabe Asharq al-Awsat. Dans cet entretien, il avait notamment remis en cause «l’explication officielle» concernant les mobiles des terroristes ayant perpétré les attentats de Casablanca. «Si les kamikazes voulaient attaquer les Marocains en tant que Marocains ou l'Etat ou la démocratie, ils auraient fait exploser les souks et les gratte-ciel», avait-il déclaré en énumérant d'autres cibles, notamment une télévision publique et deux quotidiens de gauche. Lors de son procès, Mohamed Fizazi s’était certes prononcé «pour le Jihad dans les pays occupés comme la Tchétchénie ou la Palestine». Mais il avait vivement condamné les attentats de Casablanca, soutenant qu’«ils ne se justifiaient pas».
Au lendemain des attaques suicide du 16 mai, les autorités marocaines ont lancé une vaste enquête dans les milieux islamistes radicaux. Au total quelque 700 personnes ont été arrêtées et déférées devant les tribunaux du royaume.
par Mounia Daoudi
Article publié le 19/08/2003