Afghanistan
Le spectre du retour du chaos
L’arrivée de l’Alliance atlantique à la tête de la force internationale de maintien de la paix a coïncidé avec une semaine de grande violence en Afghanistan au cours de laquelle plusieurs dizaines de personnes ont été tuées. Face à la grande insécurité qui règne en dehors de Kaboul, les autorités afghanes appellent à un soutien international plus important.
Certains observateurs étrangers installés à Kaboul ne cessent de le répéter depuis plusieurs mois: l’Afghanistan est encore un pays en guerre. Pratiquement deux années après le départ des talibans du pouvoir, chassés par les troupes américaines à l’automne 2001, une grande partie du pays vit toujours une situation explosive. Des combats continuent de se produire dans les anciens fiefs des talibans. C’est le cas par exemple dans la province de Khost, située dans le sud-est du pays, où les forces afghanes ont annoncé avoir repoussé cette semaine une offensive des rebelles. Dans cette région frontalière du Pakistan, les affrontements sont très fréquents entre talibans et forces afghanes ou américaines, les Etats-Unis maintenant dans le pays environ 10 000 soldats depuis la chute du régime des talibans.
Les soldats américains ne sont pas les seuls militaires étrangers présents sur le sol afghan, la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) réunissant à Kaboul plus de 5500 hommes provenant de 31 pays différents. Placée sous mandat onusien, l’Isaf n’opère que dans la capitale afghane et ses environs, une zone dans laquelle elle se charge de maintenir l’ordre. Depuis sa mise en place, trois pays ont accepté d’assumer son commandement selon un système de mandats de six mois, la Grande-Bretagne, la Turquie et l’Allemagne se relayant successivement à sa tête. Et face à la difficulté de trouver des successeurs à ces pays, l’Alliance atlantique a accepté de prendre son commandement. La transmission de mandat s’est opéré lundi dans la capitale afghane, le général allemand Goetz Gliemeroth relayant son compatriote Norbert van Heyst.
Avant de remettre le drapeau de l’Isaf à son successeur, le général van Heyst a plaidé en faveur d’un renforcement de cette force et de l’élargissement de son mandat. «Ce que je veux vraiment faire c’est réveiller la communauté internationale et l’appeler à faire tout ce qui est possible pour apporter la sécurité dans les provinces», a-t-il expliqué, estimant à environ 10 000 soldats le besoin supplémentaire en hommes. Un appel repris jeudi par le ministre afghan de l’Intérieur, Ali Ahmad Jalali, selon qui «les capacités nationales en matière de sécurité ne sont pas à la hauteur des défis» que le pays doit affronter. «En attendant que nous ayons construit nos propres forces de sécurité nationales, nous avons absolument besoin du soutien de la communauté internationale», a expliqué Ali Ahmad Jalali.
Rétablir l’état de droit
Les incidents meurtriers qui se sont déroulés cette semaine en Afghanistan démontrent en effet clairement une recrudescence de la violence dans le pays. Mercredi, quinze passagers d’un mini-bus ont été tués par l’explosion d’une bombe dans la province de Helmand, située dans le sud-ouest du pays. Le chiffre des victimes de cet attentat attribué aux talibans est venu s’ajouter à un bilan meurtrier très lourd pour la seule journée de mercredi, plus de soixante personnes ayant été tuées dans différentes attaques perpétrées sur tout le territoire. Une vingtaine d’Afghans auraient ainsi été tués au cours de combats opposant plusieurs factions rivales dans le nord du pays. Le contrôle d’une route serait à l’origine de ces affrontements meurtriers qui montrent à quel point la situation est délicate dans certaines régions du pays. Plusieurs organisations humanitaires ont d’ailleurs renoncé à poursuivre leurs activités hors de la capitale en raison du grand danger que courent leurs travailleurs.
Grâce à la présence des forces de l’Isaf et des forces afghanes, la capitale connaît une situation beaucoup plus calme. La menace d’attentats existe pourtant également dans Kaboul. La police a ainsi annoncé que deux étudiants pro-talibans avaient péri dans l’explosion d’une bombe qu’ils tentaient de mettre au point. Inquiets, les habitants de Kaboul craignent que la ville ne replonge dans la violence. Et ils attendent de la communauté internationale, venue chasser les talibans, qu’elle mène ses projets jusqu’au bout, en fournissant aux autorités locales les moyens nécessaires pour assurer à long terme le calme et la sécurité dans le pays. «Au moment où toute l’attention de la communauté internationale est tournée vers la reconstruction de l’Irak, il ne faudrait pas que l’on revienne sur les promesses faites aux Afghans», avertit Amnesty International dans un communiqué publié jeudi. S’intéressant à la situation juridique que connaît le pays, l'organisation estime que le rétablissement «du respect des règles du droit est une condition préalable indispensable pour que règnent la paix et la sécurité» et appelle du coup la communauté internationale à se retrousser les manches pour permettre la mise en place «d’un système judiciaire basé sur le respect de l’état de droit».
Les soldats américains ne sont pas les seuls militaires étrangers présents sur le sol afghan, la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) réunissant à Kaboul plus de 5500 hommes provenant de 31 pays différents. Placée sous mandat onusien, l’Isaf n’opère que dans la capitale afghane et ses environs, une zone dans laquelle elle se charge de maintenir l’ordre. Depuis sa mise en place, trois pays ont accepté d’assumer son commandement selon un système de mandats de six mois, la Grande-Bretagne, la Turquie et l’Allemagne se relayant successivement à sa tête. Et face à la difficulté de trouver des successeurs à ces pays, l’Alliance atlantique a accepté de prendre son commandement. La transmission de mandat s’est opéré lundi dans la capitale afghane, le général allemand Goetz Gliemeroth relayant son compatriote Norbert van Heyst.
Avant de remettre le drapeau de l’Isaf à son successeur, le général van Heyst a plaidé en faveur d’un renforcement de cette force et de l’élargissement de son mandat. «Ce que je veux vraiment faire c’est réveiller la communauté internationale et l’appeler à faire tout ce qui est possible pour apporter la sécurité dans les provinces», a-t-il expliqué, estimant à environ 10 000 soldats le besoin supplémentaire en hommes. Un appel repris jeudi par le ministre afghan de l’Intérieur, Ali Ahmad Jalali, selon qui «les capacités nationales en matière de sécurité ne sont pas à la hauteur des défis» que le pays doit affronter. «En attendant que nous ayons construit nos propres forces de sécurité nationales, nous avons absolument besoin du soutien de la communauté internationale», a expliqué Ali Ahmad Jalali.
Rétablir l’état de droit
Les incidents meurtriers qui se sont déroulés cette semaine en Afghanistan démontrent en effet clairement une recrudescence de la violence dans le pays. Mercredi, quinze passagers d’un mini-bus ont été tués par l’explosion d’une bombe dans la province de Helmand, située dans le sud-ouest du pays. Le chiffre des victimes de cet attentat attribué aux talibans est venu s’ajouter à un bilan meurtrier très lourd pour la seule journée de mercredi, plus de soixante personnes ayant été tuées dans différentes attaques perpétrées sur tout le territoire. Une vingtaine d’Afghans auraient ainsi été tués au cours de combats opposant plusieurs factions rivales dans le nord du pays. Le contrôle d’une route serait à l’origine de ces affrontements meurtriers qui montrent à quel point la situation est délicate dans certaines régions du pays. Plusieurs organisations humanitaires ont d’ailleurs renoncé à poursuivre leurs activités hors de la capitale en raison du grand danger que courent leurs travailleurs.
Grâce à la présence des forces de l’Isaf et des forces afghanes, la capitale connaît une situation beaucoup plus calme. La menace d’attentats existe pourtant également dans Kaboul. La police a ainsi annoncé que deux étudiants pro-talibans avaient péri dans l’explosion d’une bombe qu’ils tentaient de mettre au point. Inquiets, les habitants de Kaboul craignent que la ville ne replonge dans la violence. Et ils attendent de la communauté internationale, venue chasser les talibans, qu’elle mène ses projets jusqu’au bout, en fournissant aux autorités locales les moyens nécessaires pour assurer à long terme le calme et la sécurité dans le pays. «Au moment où toute l’attention de la communauté internationale est tournée vers la reconstruction de l’Irak, il ne faudrait pas que l’on revienne sur les promesses faites aux Afghans», avertit Amnesty International dans un communiqué publié jeudi. S’intéressant à la situation juridique que connaît le pays, l'organisation estime que le rétablissement «du respect des règles du droit est une condition préalable indispensable pour que règnent la paix et la sécurité» et appelle du coup la communauté internationale à se retrousser les manches pour permettre la mise en place «d’un système judiciaire basé sur le respect de l’état de droit».
par Olivier Bras
Article publié le 14/08/2003