Santé
Canicule : trop de morts abandonnés
Le bilan humain de la canicule n’en finit pas de provoquer l’indignation en France, même si pour le moment aucun chiffre définitif n’a été diffusé. Seule une estimation des Pompes funèbres fait état de 10 400 décès. Au-delà des déficiences du système de santé, largement dénoncées, c’est maintenant l’indifférence dans laquelle plusieurs centaines de personnes âgées, malades et fragiles, sont mortes qui est pointée du doigt. A Paris, près de 300 victimes de la canicule n’ont été réclamées par personne.
Les morgues de Paris sont pleines. A tel point qu’il a fallu louer des camions frigorifiques pour stocker les dépouilles des victimes des chaleurs aoûtiennes qui n’ont pas encore pu être inhumées. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a déclaré qu’entre le 1er et le 21 août, on avait enregistré dans la capitale environ 800 morts de plus que durant la même période l’année dernière.
Face à cette hécatombe, il a fallu prendre des mesures exceptionnelles. Le délai légal pour l’inhumation a été porté de six à dix jours. Cette décision devrait permettre aux pompes funèbres, débordées, de faire face à l’importante augmentation du nombre de morts. Mais elle vise aussi, et peut-être surtout, à permettre aux familles des personnes décédées d’être prévenues et de prendre en charge les funérailles de leurs proches. L’une des conséquences de la canicule est, en effet, d’avoir montré à quel point un certain nombre de personnes âgées étaient isolées durant la période estivale. Certaines d’entre elles sont mortes seules, à leur domicile, sans que personne ne s’en rende compte. Parfois pendant plusieurs jours.
Pas de fosses communes
Les services municipaux se trouvent donc aujourd’hui confrontés à un véritable casse-tête : comment contacter les familles de près de 300 morts qui, pour le moment, n’ont été réclamés par personne dans la capitale. Une vingtaine d’employés municipaux vont se charger de cette tâche ingrate durant les prochains jours. Dans le cas où les démarches se révèleraient infructueuses, le maire se verrait dans l’obligation de prononcer des réquisitions pour les inhumations. Mais Bertrand Delanoë a tenu à préciser qu’il n’était pas question d’enterrer ces vieux, morts dans l’indifférence, dans des fosses communes : «Nous veillerons à ce que les sépultures soient exemplaires». Autrement dit, chaque dépouille aura droit à une fosse individuelle sur laquelle son nom sera inscrit. Et les choses seront faites de manière à ce que les proches qui se manifesteraient après l’inhumation puissent récupérer la dépouille pour procéder à des funérailles. L’objectif du maire de Paris est de faire en sorte «qu’à ce drame ne s’ajoute pas le drame de l’indifférence».
Après la polémique sur les déficiences du système de santé, incapable de prendre en charge l’ensemble des victimes des effets de la canicule qui a frappé la France au mois d’août et d’éviter une augmentation dramatique du nombre de morts, le débat tourne donc maintenant autour des ravages de l’indifférence dans la société. C’est d’ailleurs sur cette question que le président de la République Jacques Chirac, dont le silence au plus fort de la crise a été vivement critiqué par l’opposition, a insisté lors de son intervention télévisée, après avoir tout de même promis des moyens supplémentaires pour les services de secours et d’urgence : «Les conséquences tragiques de la canicule montrent -et chacun doit en avoir conscience- à quel point il est nécessaire que notre société devienne plus responsable, plus attentive aux autres, à leur désarroi, à leur souffrance, à leur vulnérabilité».
Pour Marc Gentilini, le président de la Croix Rouge, cet été de canicule et son cortège de décès ont été un révélateur de «l’état d’esprit» des Français et le manque de moyens n’explique pas tout. Il a ainsi déclaré à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin que «la solidarité doit rentrer dans la tête des Français comme une nécessité». Cela ne l’a pas empêché de réclamer un certain nombre de mesures concrètes pour éviter une nouvelle hécatombe, comme la mise en place d’un service minimum garanti pendant les périodes de vacances ou l’installation d’une salle climatisée dans toutes les maisons de retraite.
Cette polémique autour de la crise sanitaire liée à la canicule ne manquera pas de marquer la rentrée politique d’un gouvernement qui a été largement critiqué au cours de l’été. Notamment parce qu’il a réduit les budgets alloués aux personnes âgées durant les derniers mois. D’ores et déjà Jean-Pierre Raffarin et les ministres concernés planchent sur un dispositif d’action qu’ils doivent présenter au chef de l’Etat lors du premier conseil des ministres du mois d’octobre. Les objectifs fixés par Jacques Chirac étant d’analyser les causes du drame «dans la transparence» et d’en tirer les conséquences pour remédier aux insuffisances de l’organisation sanitaire du pays et améliorer la solidarité.
Face à cette hécatombe, il a fallu prendre des mesures exceptionnelles. Le délai légal pour l’inhumation a été porté de six à dix jours. Cette décision devrait permettre aux pompes funèbres, débordées, de faire face à l’importante augmentation du nombre de morts. Mais elle vise aussi, et peut-être surtout, à permettre aux familles des personnes décédées d’être prévenues et de prendre en charge les funérailles de leurs proches. L’une des conséquences de la canicule est, en effet, d’avoir montré à quel point un certain nombre de personnes âgées étaient isolées durant la période estivale. Certaines d’entre elles sont mortes seules, à leur domicile, sans que personne ne s’en rende compte. Parfois pendant plusieurs jours.
Pas de fosses communes
Les services municipaux se trouvent donc aujourd’hui confrontés à un véritable casse-tête : comment contacter les familles de près de 300 morts qui, pour le moment, n’ont été réclamés par personne dans la capitale. Une vingtaine d’employés municipaux vont se charger de cette tâche ingrate durant les prochains jours. Dans le cas où les démarches se révèleraient infructueuses, le maire se verrait dans l’obligation de prononcer des réquisitions pour les inhumations. Mais Bertrand Delanoë a tenu à préciser qu’il n’était pas question d’enterrer ces vieux, morts dans l’indifférence, dans des fosses communes : «Nous veillerons à ce que les sépultures soient exemplaires». Autrement dit, chaque dépouille aura droit à une fosse individuelle sur laquelle son nom sera inscrit. Et les choses seront faites de manière à ce que les proches qui se manifesteraient après l’inhumation puissent récupérer la dépouille pour procéder à des funérailles. L’objectif du maire de Paris est de faire en sorte «qu’à ce drame ne s’ajoute pas le drame de l’indifférence».
Après la polémique sur les déficiences du système de santé, incapable de prendre en charge l’ensemble des victimes des effets de la canicule qui a frappé la France au mois d’août et d’éviter une augmentation dramatique du nombre de morts, le débat tourne donc maintenant autour des ravages de l’indifférence dans la société. C’est d’ailleurs sur cette question que le président de la République Jacques Chirac, dont le silence au plus fort de la crise a été vivement critiqué par l’opposition, a insisté lors de son intervention télévisée, après avoir tout de même promis des moyens supplémentaires pour les services de secours et d’urgence : «Les conséquences tragiques de la canicule montrent -et chacun doit en avoir conscience- à quel point il est nécessaire que notre société devienne plus responsable, plus attentive aux autres, à leur désarroi, à leur souffrance, à leur vulnérabilité».
Pour Marc Gentilini, le président de la Croix Rouge, cet été de canicule et son cortège de décès ont été un révélateur de «l’état d’esprit» des Français et le manque de moyens n’explique pas tout. Il a ainsi déclaré à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin que «la solidarité doit rentrer dans la tête des Français comme une nécessité». Cela ne l’a pas empêché de réclamer un certain nombre de mesures concrètes pour éviter une nouvelle hécatombe, comme la mise en place d’un service minimum garanti pendant les périodes de vacances ou l’installation d’une salle climatisée dans toutes les maisons de retraite.
Cette polémique autour de la crise sanitaire liée à la canicule ne manquera pas de marquer la rentrée politique d’un gouvernement qui a été largement critiqué au cours de l’été. Notamment parce qu’il a réduit les budgets alloués aux personnes âgées durant les derniers mois. D’ores et déjà Jean-Pierre Raffarin et les ministres concernés planchent sur un dispositif d’action qu’ils doivent présenter au chef de l’Etat lors du premier conseil des ministres du mois d’octobre. Les objectifs fixés par Jacques Chirac étant d’analyser les causes du drame «dans la transparence» et d’en tirer les conséquences pour remédier aux insuffisances de l’organisation sanitaire du pays et améliorer la solidarité.
par Valérie Gas
Article publié le 25/08/2003