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Politique française

Chirac s’attaque aux ratés du système de santé

Le président de la République entend remédier aux «insuffisances constatées» dans l’organisation sanitaire pendant la canicule qui a fait plusieurs milliers de morts. Le gouvernement doit aussi, dès octobre, faire des propositions pour améliorer la situation des personnes âgées et des handicapés, premières victimes de la vague de chaleur.





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L'intégralité de l'intervention de Jacques Chirac
Jacques Chirac a décidé de passer à l’action, face à la polémique déclenchée en France sur les carences du secteur social et hospitalier pendant la canicule et les responsabilités du gouvernement dans cette situation qui a entraîné le décès de plusieurs milliers de personnes âgées. Le Président de la République a opté pour une déclaration officielle, à l’issue du Conseil des ministres de «rentrée», consacré au bilan de la crise sanitaire et politique des dernières semaines, et aux moyens d’éviter qu’elle se reproduise. Cette procédure inhabituelle était destinée à donner de la solennité à son intervention, mais c’était aussi une façon de répondre, sans polémiquer à son tour, à ceux qui lui ont reproché son silence pendant toute la période de la crise, correspondant à ses vacances au Canada.

Le chef de l’Etat n’est pas, non plus, entré dans la controverse sur le chiffre des morts de la canicule, évalué entre 5 000 et plus de 10 000 personnes, se bornant à évoquer un «nombre important» de victimes. En revanche, il n’a pas hésité à reconnaître «les insuffisances que nous avons constatées dans notre organisation sanitaire». Les tentatives de minimiser les conséquences de la vague de chaleur puis d’atténuer les responsabilités des autorités en place dans la gestion de la crise ne sont donc plus de saison.

«Toutes les conséquences devront être tirées, a déclaré Jacques Chirac, pour prévenir le retour de telles situations». Tout d’abord, le système de prévention, de vigilance et d’alerte sera revu afin d’assurer une efficacité gravement mise en cause pendant la canicule. Ces critiques ont entraîné la démission du directeur général de la santé, Lucien Abenhaïm, et les protestations d’impuissance du responsable de l’Institut national de veille sanitaire.

Les services de secours et d’urgence, ensuite, auxquels le chef de l’Etat a rendu hommage et exprimé la reconnaissance des Français, «recevront les moyens de faire face à tout moment à des besoins temporaires exceptionnels». C’est d’ailleurs Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (AMUHF) qui avait, le premier, tiré la sonnette d’alarme début août.

Solidarité et efficacité

De plus, tirant la leçon du fait que les premières victimes de la canicule ont été les personnes âgées et les handicapés, Jacques Chirac a demandé au gouvernement de faire, dès le mois d’octobre, des propositions de nature à favoriser la solidarité à leur égard, qu’elle soit familiale, de voisinage ou liée à l’action des communes. Le gouvernement Raffarin a été abondamment critiqué par les professionnels du secteur social pour avoir réduit les aides aux personnes âgées et notamment aux personnes âgées les plus dépendantes.

Attendues par une opinion publique sensibilisée aux conséquences tragiques de la canicule, ces mesures d’amélioration des services sociaux et de santé ne manqueront pas d’avoir un coût financier. Indispensables, socialement et politiquement, les moyens à dégager en faveur des urgences ou de l’accueil des personnes vulnérables ne vont pas faciliter la tâche déjà ardue du Premier ministre dans l’élaboration du budget pour 2004. D’autant que les indicateurs économiques français et européens sont défavorables, qu’il s’agisse de la croissance, de la balance commerciale ou du chômage. A ce nouveau dossier s’ajoutent, pour Jean-Pierre Raffarin, ceux qu’il avait laissés sur son bureau avant les congés du gouvernement : malaise des enseignants, mouvement des intermittents du spectacle et «rentrée brûlante» promise par José Bové, leader de la Confédération paysanne, avant l’ouverture du sommet de l’OMC à Cancun en septembre.

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L'analyse de Juliette Rengeval, journaliste à RFI




par Francine  Quentin

Article publié le 21/08/2003