Corse
Attentats : l’escalade
Depuis le début de l’année près de 200 attentats, ou tentatives d’attentats, ont été perpétrés en Corse. Et cette situation s’est considérablement dégradée depuis le référendum du 6 juillet au cours duquel une majorité de Corses a rejeté les projets gouvernementaux modifiant l’organisation institutionnelle de l’île. Selon nombre de témoins, c’est un miracle qu’il n’y ait pas encore eu mort d’homme tant les moyens mis en oeuvre par les terroristes s’approchent désormais des méthodes militaires.
Ces dernières semaines ont clairement marqué une volonté de surenchère dans l’épreuve de force de la part des militants indépendantistes. Ces derniers ont accueilli comme un désaveu le rejet par leurs concitoyens des réformes proposées par le gouvernement et ils multiplient les attaques contre les symboles de l’Etat. Les mairies, gendarmeries, bureaux de poste, palais de justice, véhicules de fonctionnaires, toutes les administrations deviennent des cibles privilégiées et les attentats sont dorénavant perpétrés de jour comme de nuit, avec un risque important de faire des victimes. Jeudi, c’est en plein après-midi que des inconnus ont mitraillé la façade du palais de Justice de Bastia. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la catastrophe a été évité de justesse : plusieurs charges, totalisant une centaine de kilos d’explosifs disposés contre les bureaux du groupement d’intervention régional, près de l’aéroport d’Ajaccio, n’ont pas sauté en raison de la défection du système de mise à feu.
L’action clandestine a également connu un très net regain d’activité après le 11 juillet, date du verdict prononcé contre les huit militants reconnus coupables de l’assassinat du préfet Erignac, abattu en 1998 à Ajaccio, et l’arrestation en cours de procès d’Yvan Colonna, le tueur présumé. Ce dernier a été capturé dans une bergerie du sud de l’île et sa longue cavale fait aujourd’hui l’objet d’une enquête minutieuse qui devrait déboucher sur l’arrestation de complices, suspects de l’avoir aidé dans sa fuite. D’ores et déjà le fils d’un leader historique du mouvement indépendantiste corse a été interpellé. Les enquêteurs estiment que Marc Simeoni a fourni une aide précieuse à Yvan Colonna.
Les revendications accompagnent l’action armée et parmi elles se distingue la signature d’un groupe, le Front de libération national de la Corse-Union des combattants. Celui-ci vient de reprendre à son compte 22 attaques ou tentatives d’attentats, tant en Corse que sur le continent.
La fermeté n’inspire que le scepticisme
Les Corses sont bien conscients de la dérive en cours et des risques qu’elle fait peser sur le relatif consensus qui continue de les unir malgré tout car, avec une population totale d’environ 260 000 habitants, tout le monde se connaît sur l’île de Beauté. Mais, dans leur immense majorité ils condamnent la violence et ne partagent pas la volonté des indépendantistes de rupture avec «le continent», même s’ils estiment avoir été maintes fois maltraités par la République. Pour autant les traditions demeurent profondément ancrées et même les plus légitimistes d’entre eux hésiteraient à rompre le pacte tacite de fraternité qui les unit en dépit des dérives mafieuses dont le mouvement clandestin est affligé. Pour l’heure, c’est donc l’angoisse face aux possibilités de dérapages tragiques qui domine au sein de la population corse.
C’est dans cette ambiance que le ministre de la Justice doit arriver sur l’île de beauté, lundi. Après une série d’attaques contre les établissements pénitentiaires de Corse, Dominique Perben doit examiner avec les magistrats et les personnels pénitentiaires, très exposés, les «mesures concrètes pour assurer leur sécurité». Le ministre de l’Intérieur doit aussi se rendre sur place début septembre afin de manifester «d’autres signaux» de la fermeté de l’Etat face à la dégradation en cours. Mais, face à la détermination des poseurs de bombes, dans un contexte de marasme économique, les propos de fermeté inspirent surtout aux responsables politiques insulaires un profond scepticisme face à la complexité du contexte corse. La situation est propice, disent-ils, à une radicalisation des positions et au déclenchement d’un engrenage de violence dans lequel tous, insulaires et continentaux, seraient entraînés.
L’action clandestine a également connu un très net regain d’activité après le 11 juillet, date du verdict prononcé contre les huit militants reconnus coupables de l’assassinat du préfet Erignac, abattu en 1998 à Ajaccio, et l’arrestation en cours de procès d’Yvan Colonna, le tueur présumé. Ce dernier a été capturé dans une bergerie du sud de l’île et sa longue cavale fait aujourd’hui l’objet d’une enquête minutieuse qui devrait déboucher sur l’arrestation de complices, suspects de l’avoir aidé dans sa fuite. D’ores et déjà le fils d’un leader historique du mouvement indépendantiste corse a été interpellé. Les enquêteurs estiment que Marc Simeoni a fourni une aide précieuse à Yvan Colonna.
Les revendications accompagnent l’action armée et parmi elles se distingue la signature d’un groupe, le Front de libération national de la Corse-Union des combattants. Celui-ci vient de reprendre à son compte 22 attaques ou tentatives d’attentats, tant en Corse que sur le continent.
La fermeté n’inspire que le scepticisme
Les Corses sont bien conscients de la dérive en cours et des risques qu’elle fait peser sur le relatif consensus qui continue de les unir malgré tout car, avec une population totale d’environ 260 000 habitants, tout le monde se connaît sur l’île de Beauté. Mais, dans leur immense majorité ils condamnent la violence et ne partagent pas la volonté des indépendantistes de rupture avec «le continent», même s’ils estiment avoir été maintes fois maltraités par la République. Pour autant les traditions demeurent profondément ancrées et même les plus légitimistes d’entre eux hésiteraient à rompre le pacte tacite de fraternité qui les unit en dépit des dérives mafieuses dont le mouvement clandestin est affligé. Pour l’heure, c’est donc l’angoisse face aux possibilités de dérapages tragiques qui domine au sein de la population corse.
C’est dans cette ambiance que le ministre de la Justice doit arriver sur l’île de beauté, lundi. Après une série d’attaques contre les établissements pénitentiaires de Corse, Dominique Perben doit examiner avec les magistrats et les personnels pénitentiaires, très exposés, les «mesures concrètes pour assurer leur sécurité». Le ministre de l’Intérieur doit aussi se rendre sur place début septembre afin de manifester «d’autres signaux» de la fermeté de l’Etat face à la dégradation en cours. Mais, face à la détermination des poseurs de bombes, dans un contexte de marasme économique, les propos de fermeté inspirent surtout aux responsables politiques insulaires un profond scepticisme face à la complexité du contexte corse. La situation est propice, disent-ils, à une radicalisation des positions et au déclenchement d’un engrenage de violence dans lequel tous, insulaires et continentaux, seraient entraînés.
par Georges Abou
Article publié le 30/08/2003