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Entreprises

Tati dépose le bilan

Les caisses du groupe des célèbres magasins Tati sont vides. Malgré des tentatives de diversification et plusieurs plans de sauvetage successifs, le groupe en vichy rose et blanc n'a pas résisté à la mort de son fondateur et à la concurrence dans le secteur du textile.
Créé en 1948, Tati fait partie des marques françaises les plus connues en France. Le fondateur, Jules Ouaki, a initié sur le Boulevard Barbès, dans un quartier populaire de Paris, une formule simple : la vente en grandes quantités de produits de qualité modeste moyennant de faibles marges bénéficiaires. Il est en quelque sorte l’inventeur hexagonal du discount textile. Au plus fort de son succès, Tati vendait chaque année 5 millions de paires de collants, 3,5 millions de culottes, 250 000 sacs à main, 1 million de tubes de rouge à lèvres, 1 million de draps... Ses sacs de plastiques au couleurs rose et blanc ont largement franchi les frontières avec des implantations à Genève, Beyrouth, Moscou, Abidjan, Bouaké, Berlin et même New York, en 1998.

Mais cette aventure américaine est l'illustration des errements du groupe : l'implantation anachronique d'un supermarché de la fripe en plein quartier de luxe, sur la Vème avenue, s'est très vite soldée par un échec commercial. Les délégués syndicaux dénoncent aujourd'hui les mauvais choix marketing du patron, le fils cadet du fondateur. Fabien Ouaki, dans le souci de développer le concept et l'image de Tati, a en effet multiplié les expériences pour sortir de son ancien cœur de cible, le textile. C'est ainsi qu'ont été créés «Tati or», «Tati optique», «Tati phone», «Tati mariage», «Tati photo», etc. Des marques développées le plus souvent en franchise, mais avec des investissements de la maison-mère qui se sont le plus souvent révélés hasardeux. Dans le même temps Tati a souffert de ne plus être le seul sur le marché du textile bon marché. Depuis 5 ans en effet des dizaines de magasins se sont ouverts sur le même créneau avec en France des chaînes comme Babou, Eurodif ou Kiloshop. Un plan de sauvetage, il y a un an, avait conclu à la fermeture de 5 magasins, sans résultats probants sur les comptes.

Quel avenir pour l'enseigne ?

En déposant son bilan auprès du Tribunal de Commerce de Paris, ce vendredi, la direction s'est déclarée confiante pour l'avenir et «dans ses capacités à faire face à cet accident conjoncturel». Dans la réalité, le Tribunal devrait selon toute probabilité prononcer, mardi, la liquidation judiciaire. Ce mois d'août, les cadres ne gagneront que la moitié de leur salaire, tandis que les employés des magasins n’en toucheront que 90%. Les caisses sont vides. Certains secteurs rentables, comme «Tati Or» et «Tati Optique», trouveront peut-être repreneurs. Le groupe emploie aujourd'hui 1 200 salariés en France, dont 800 à Paris. De l'aventure internationale, il ne reste plus que 5 implantations à l'étranger : Douala (Cameroun), Djibouti, Libreville (Gabon), Beyrouth (Liban) et Moscou (Russie).



par Annie  Fave

Article publié le 29/08/2003