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Télécommunications

La France lance un «annuaire universel»

Un annuaire regroupant tous les abonnés, y compris les 38 millions de détenteurs de téléphones mobiles, va voir le jour en France. Avec, pour conséquence, le développement de la concurrence dans le secteur des annuaires.
Tous les coordonnées des abonnés au téléphone fixe ou mobile, quel que soit leur opérateur, pourront désormais figurer dans un annuaire dit universel. Le décret officiel de sa mise en application a été publié cette semaine au Journal Officiel, après validation du Conseil d'Etat. Les abonnés qui le souhaiteront pourront faire figurer l’ensemble de leurs données : nom, prénom, adresse postale, numéros de téléphones fixe et mobile, fax, adresse électronique en plus de leur profession. C’est l’opérateur historique France Télécom qui est chargé de mettre en place cet annuaire, dans le cadre de ses obligations de service universel prévu par la loi.

Sauf refus explicite, tous les abonnés y figureront. Concrètement, les abonnés à la téléphonie mobile auront six mois pour signifier leur refus de voir divulguer leur numéro. Passé ce délai, ils seront automatiquement inscrits dans l’annuaire mais leurs coordonnées ne seront pas pour autant utilisées dans les listings de prospection publicitaire ou d'annuaires inversés.

Un délai de 6 mois pour refuser

Ceux qui ne voudront pas y être inscrits pourront en faire la demande à leur opérateur et ce service sera gratuit. Il fallait jusqu’à aujourd’hui payer 2,31 euros par mois pour bénéficier du service «liste rouge» auprès de France Télécom. Soit une perte de près de 10 millions d’euros pour l’opérateur historique.

Les associations de défense des consommateurs n’ont pas tardé à réagir. «Il va falloir être vigilant. Après avoir été informés par leur opérateur, les abonnés au mobile auront six mois pour refuser de figurer sur l'annuaire. C'est le même principe que pour le fixe», a déclaré Bernard Dupré, président de l'Association française des utilisateurs de télécommunications (AFUTT). Passé ce délai de six mois, cette prestation sera facturée par les opérateurs. Réprobation également du côté de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) qui a rappelé que «pour les 38 millions d'abonnés au mobile, le numéro ne figure, à ce jour, dans aucun annuaire. Ils ont coutume de n'être appelés que par des personnes auxquelles ils ont volontairement communiqué leur numéro».

On estime à près de 15% les personnes sans ligne fixe pour qui rendre public le numéro du mobile est important, c’est l’un des arguments avancés par le ministère de l’Industrie pour justifier cet annuaire. Autres objectifs avoués : transposer une directive européenne datant de 1998 sur les télécommunications et ouvrir à la concurrence le marché des annuaires. En effet, le décret impose aux opérateurs de fournir la liste de leurs abonnés à toute structure souhaitant éditer un annuaire universel, et ce à un prix devant «refléter le coût du service rendu». Lequel pourra ensuite être exploité pour tout ou partie, sur des supports papiers ou électronique, par différents éditeurs à des fins commerciales.




par Myriam  Berber

Article publié le 08/08/2003