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Pétrole

Le brut irakien peine à couler

Le prix du pétrole atteint, ces derniers jours, des niveaux proches de ceux enregistrés avant le lancement de l’offensive américaine contre l’Irak, en mars dernier. L’émoi suscité sur les marchés par l’attentat à Djakarta devrait retomber rapidement. En revanche, les énormes difficultés de la coalition à relancer la production irakienne pèsent durablement sur les cours.
Avant l’intervention américano-britannique en Irak, en mars dernier, ce pays sous embargo produisait 2,2 millions de barils par jour. Les espoirs américains de relancer, à brefs délais, la production irakienne pour abaisser des prix contenus à un niveau élevé par l’Opep, se heurtent à des difficultés imprévues. Au premier rang desquelles les attentats et sabotages contre les sites pétroliers qui, ajoutés à l’état de délabrement des installations, retardent le processus de redémarrage. Résultat, la production avoisine actuellement 1,2 million de barils par jour, selon Paul Bremer, administrateur américain en Irak. L’objectif affiché est de parvenir à une production de 3 millions de barils par jour en mars 2004. Et, pour ce faire, l’administration civile américaine en Irak a demandé plus d’un milliard de dollars au Congrès afin de remettre en état l’industrie pétrolière, soit 800 millions de dollars de plus que prévu initialement.

Ce projet est loin d’être réalisé. En effet les actes de sabotage et de pillages des installations pétrolières échappent en grande partie aux forces armées. Un des derniers exemples en date est le sabotage de l’oléoduc alimentant la raffinerie de Baïji, à 200 km au nord de Bagdad, depuis les champs pétrolifères de Kirkouk, le 31 juillet. Depuis, un civil américain a sauté sur un explosif sur la route conduisant de la raffinerie à Tikrit. La raffinerie de Baïji illustre bien les dégâts qui devront être réparés avant d’envisager un retour à la normale et, plus encore, une augmentation de la production pétrolière irakienne. Bombardée en 1991 lors de la première guerre du Golfe elle a été remise en activité, mais sans entretien des installations dont une partie est hors service depuis des années.

Loin d’un retour massif

Fin juillet, le ministère irakien du pétrole a annoncé la signature de contrats avec 12 compagnies pétrolières étrangères pour des livraisons entre août et décembre 2003. Les prévisions d’exportations sont de l’ordre de 650 000 barils par jour en août et devraient progresser par la suite. Mais on est loin d’un retour massif du brut irakien sur les marchés mondiaux qui pourrait faire s’effondrer les cours, comme le craignaient les autres membres de l’Opep. Par prudence le cartel pétrolier a cependant maintenu ses quotas de production à 25,4 millions de barils par jour, ce qui pousse les cours mondiaux vers le haut de la fourchette de 22 à 28 dollars le baril, définie par l’Opep comme raisonnable pour les producteurs et les consommateurs. Tel n’est pas l’avis de l’Agence internationale de l’énergie, qui représente les pays consommateurs et selon laquelle le prix actuel du pétrole nuit à la reprise économique mondiale tant attendue.

D’autant plus que d’autres producteurs de premiers plans comme le Nigeria et le Venezuela donnent des signes inquiétants. Au Nigeria une plate-forme pétrolière du groupe Shell est occupée par des manifestants depuis plusieurs jours et la situation politique au Venezuela demeure des plus incertaines : en décembre 2002 et janvier 2003 une grève de la société nationale vénézuélienne PDVSA avait entraîné une chute drastique de la production.



par Francine  Quentin

Article publié le 06/08/2003