Liban
Israël privilégie pour l’instant la voie diplomatique
Un adolescent de 16 ans est mort dimanche et cinq autres personnes ont été blessées des suites de tirs effectués par le Hezbollah libanais sur des villages du nord d’Israël. Cette attaque n’était pas une surprise, l’organisation islamiste ayant déjà vendredi violé la trêve, qui prévalait de facto depuis sept mois, en bombardant le secteur contesté des fermes de Chebaa. L’armée israélienne était en outre en état d’alerte maximale depuis une semaine, après l’assassinat à Beyrouth dans un attentat à la voiture piégée d’un dirigeant du mouvement, Ali Saleh, le Hezbollah ayant juré de venger cette mort qu’il a imputé à l’Etat hébreu. Cette dégradation de la situation sur la frontière israélo-libanaise intervient alors que la trêve décrétée le 29 juin dernier par les mouvements radicaux palestiniens n’a jamais été aussi fragile. Et c’est sans doute dans le souci d’éviter une escalade à sa frontière nord que l’Etat hébreu, une fois n’est pas coutume, a choisi de réagir «avec retenue» à ce qu’il qualifie de provocations du Liban et de la Syrie et de porter l’affaire devant le Conseil de sécurité.
Israël ne pouvait pas ne pas riposter à l’attaque du Hezbollah qui a coûté dimanche la vie à un adolescent de 16 ans. Des avions de combats ont donc mené un raid contre une batterie anti-aérienne située dans un village du sud-ouest du Liban. Il s’agissait pour Tsahal de détruire le canon avec lequel le Hezbollah avait quelques heures plus tôt tiré sur la localité de Shlomi, blessant six personnes dont une mortellement. Plus tard dans la nuit, des chasseurs israéliens ont survolé Beyrouth, crevant le mur du son et provoquant un puissant double bang qui a réveillé les habitants de la capitale libanaise. «Israël ne peut pas rester les bras croisés face à ces attaques», a justifié un responsable israélien, soulignant que ces ripostes était «un avertissement de l’Etat hébreu».
Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon avait un peu plus tôt dans la soirée examiné avec des responsables militaires, parmi lesquels le chef d’Etat major Moshé Yaalon, «un éventail de ripostes» aux attaques du Hezbollah. La destruction d’une batterie anti-aérienne et le simple survol de la capitale libanaise tendent à démontrer que l’Etat hébreu a choisi de jouer la carte de la retenue. Les autorités israéliennes ne s’en cachent d’ailleurs pas, un responsable ayant affirmé qu’Israël «ne voulait pas d’une escalade militaire avec la Syrie et le Liban». L’armée de l’air a ainsi été autorisée à riposter mais «de façon ponctuelle aux provocations» du Hezbollah.
Sur le front diplomatique en revanche, l’Etat hébreu a multiplié les accusations à l’encontre de Damas et de Beyrouth accusés de soutenir ouvertement le mouvement islamiste. «Nous tenons le Hezbollah et ceux qui le soutiennent pour entièrement responsable de la situation», a ainsi affirmé le porte-parole d’Ariel Sharon, Avi Pazner. «Si nos ressortissants sont atteints, nous devrons les défendre et il vaut mieux pour la Syrie et le Liban qu’ils ne nous mettent pas en demeure de devoir le faire», a pour sa part menacé le ministre des Affaires étrangères Sylvan Shalom. «Nous exigeons que ces deux pays fassent le nécessaire pour stopper les très dangereuses activités du Hezbollah car ce dernier ne peut agir sans leur consentement et ils sont donc responsables de l’escalade», a-t-il ajouté. L’ambassadeur israélien aux Nations unies a dans ce contexte déposé une plainte auprès du Conseil de sécurité. Ironie du sort, c’est la Syrie qui préside ce mois-ci cette instance de l’ONU.
Un contexte périlleux
Indifférent aux accusations d’Israël et aux condamnations des Etats-Unis et du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, le Hezbollah a menacé de poursuivre ses attaques pour répondre, affirme-t-il, aux «provocations» de l’Etat hébreu qui selon lui viole systématiquement l’espace aérien libanais. «Nous voulons que les avions israéliens cessent de violer notre souveraineté et nous allons faire en sorte que ces violations deviennent coûteuses au commandement militaire israélien», a menacé l’un de ses dirigeants. Une menace qui trouve un large écho auprès des autorités libanaises qui estiment que le mouvement a le droit de «poursuivre la résistance» contre l’Etat hébreu. Beyrouth souligne en effet que le retrait israélien, même certifié par l’ONU, n’est pas complet tant que l’armée israélienne ne s’est pas retirée du secteur contesté des fermes de Chebaa.
Fondé au début des années 80 avec un très large soutien financier et militaire de Téhéran, qui avait notamment dépêché quelque 2 000 gardiens de la révolution combattre à ses côtés l’invasion israélienne du Sud-Liban, le Hezbollah chiite est un parti islamiste radical qui n’a jamais caché vouloir faire du Liban un Etat islamique. Ses succès militaires ont largement contribué, il y a trois ans, au retrait de Tsahal du sud du Liban après une occupation qui a duré 22 ans. Depuis, une sorte de routine s’était installée le long de la ligne bleue –frontière entre Israël et le Liban– avec des violations par l’aviation israélienne de l’espace aérien libanais et des ripostes symboliques de la DCA du Hezbollah, incapable d’atteindre ses cibles. Le dernier incident grave remonte au 12 mars 2002 lorsqu’un commando de ce mouvement s’était infiltré à Chlomi pour attaquer des civils en soutien à l’Intifada palestinienne. Six personnes avaient été tuées et dix autres blessées. Depuis la ligne bleue était considérée comme relativement calme.
Le retrait israélien du Sud-Liban est sans conteste un aboutissement de la principale revendication du Hezbollah. Mais le mouvement radical, qui milite pour la destruction de l’Etat hébreu, ne limite pas ses seules actions au Liban. Il a ainsi publiquement déclaré à maintes reprises être prêt à ouvrir un second front contre Israël dans le seul but de soutenir l’Intifada palestinienne. L’attaque de vendredi contre le secteur des fermes de Chebaa est dans ce contexte tout sauf anodine. Elle intervient alors que la trêve décrétée par les groupes radicaux palestiniens ne tient plus qu’à un fil. Israël a en effet repris vendredi ses attaques ciblées contre les activistes du Hamas, provoquant la colère de la branche armée de ce mouvement qui a appelé ses militants à rompre la trêve. En outre les négociations autour de la feuille de route piétinent, l’Etat hébreu libérant les prisonniers palestiniens au compte-gouttes et rechignant à se retirer des territoires qu’il occupe comme le réclame pourtant le plan de paix du quartette.
Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon avait un peu plus tôt dans la soirée examiné avec des responsables militaires, parmi lesquels le chef d’Etat major Moshé Yaalon, «un éventail de ripostes» aux attaques du Hezbollah. La destruction d’une batterie anti-aérienne et le simple survol de la capitale libanaise tendent à démontrer que l’Etat hébreu a choisi de jouer la carte de la retenue. Les autorités israéliennes ne s’en cachent d’ailleurs pas, un responsable ayant affirmé qu’Israël «ne voulait pas d’une escalade militaire avec la Syrie et le Liban». L’armée de l’air a ainsi été autorisée à riposter mais «de façon ponctuelle aux provocations» du Hezbollah.
Sur le front diplomatique en revanche, l’Etat hébreu a multiplié les accusations à l’encontre de Damas et de Beyrouth accusés de soutenir ouvertement le mouvement islamiste. «Nous tenons le Hezbollah et ceux qui le soutiennent pour entièrement responsable de la situation», a ainsi affirmé le porte-parole d’Ariel Sharon, Avi Pazner. «Si nos ressortissants sont atteints, nous devrons les défendre et il vaut mieux pour la Syrie et le Liban qu’ils ne nous mettent pas en demeure de devoir le faire», a pour sa part menacé le ministre des Affaires étrangères Sylvan Shalom. «Nous exigeons que ces deux pays fassent le nécessaire pour stopper les très dangereuses activités du Hezbollah car ce dernier ne peut agir sans leur consentement et ils sont donc responsables de l’escalade», a-t-il ajouté. L’ambassadeur israélien aux Nations unies a dans ce contexte déposé une plainte auprès du Conseil de sécurité. Ironie du sort, c’est la Syrie qui préside ce mois-ci cette instance de l’ONU.
Un contexte périlleux
Indifférent aux accusations d’Israël et aux condamnations des Etats-Unis et du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, le Hezbollah a menacé de poursuivre ses attaques pour répondre, affirme-t-il, aux «provocations» de l’Etat hébreu qui selon lui viole systématiquement l’espace aérien libanais. «Nous voulons que les avions israéliens cessent de violer notre souveraineté et nous allons faire en sorte que ces violations deviennent coûteuses au commandement militaire israélien», a menacé l’un de ses dirigeants. Une menace qui trouve un large écho auprès des autorités libanaises qui estiment que le mouvement a le droit de «poursuivre la résistance» contre l’Etat hébreu. Beyrouth souligne en effet que le retrait israélien, même certifié par l’ONU, n’est pas complet tant que l’armée israélienne ne s’est pas retirée du secteur contesté des fermes de Chebaa.
Fondé au début des années 80 avec un très large soutien financier et militaire de Téhéran, qui avait notamment dépêché quelque 2 000 gardiens de la révolution combattre à ses côtés l’invasion israélienne du Sud-Liban, le Hezbollah chiite est un parti islamiste radical qui n’a jamais caché vouloir faire du Liban un Etat islamique. Ses succès militaires ont largement contribué, il y a trois ans, au retrait de Tsahal du sud du Liban après une occupation qui a duré 22 ans. Depuis, une sorte de routine s’était installée le long de la ligne bleue –frontière entre Israël et le Liban– avec des violations par l’aviation israélienne de l’espace aérien libanais et des ripostes symboliques de la DCA du Hezbollah, incapable d’atteindre ses cibles. Le dernier incident grave remonte au 12 mars 2002 lorsqu’un commando de ce mouvement s’était infiltré à Chlomi pour attaquer des civils en soutien à l’Intifada palestinienne. Six personnes avaient été tuées et dix autres blessées. Depuis la ligne bleue était considérée comme relativement calme.
Le retrait israélien du Sud-Liban est sans conteste un aboutissement de la principale revendication du Hezbollah. Mais le mouvement radical, qui milite pour la destruction de l’Etat hébreu, ne limite pas ses seules actions au Liban. Il a ainsi publiquement déclaré à maintes reprises être prêt à ouvrir un second front contre Israël dans le seul but de soutenir l’Intifada palestinienne. L’attaque de vendredi contre le secteur des fermes de Chebaa est dans ce contexte tout sauf anodine. Elle intervient alors que la trêve décrétée par les groupes radicaux palestiniens ne tient plus qu’à un fil. Israël a en effet repris vendredi ses attaques ciblées contre les activistes du Hamas, provoquant la colère de la branche armée de ce mouvement qui a appelé ses militants à rompre la trêve. En outre les négociations autour de la feuille de route piétinent, l’Etat hébreu libérant les prisonniers palestiniens au compte-gouttes et rechignant à se retirer des territoires qu’il occupe comme le réclame pourtant le plan de paix du quartette.
par Mounia Daoudi
Article publié le 11/08/2003