Commerce mondial
Ouverture du cinquième sommet de l’OMC
La cinquième conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce se tient du 10 au 14 septembre à Cancun (Mexique) avec en toile de fond la relance du commerce mondial pour enrayer la crise économique. Cette réunion des 146 pays membres doit faire le point des négociations sur la libéralisation du commerce mondial ouvertes à Doha (Qatar), en 2001, sous le nom de «cycle du développement». Il porte sur un nombre de thèmes beaucoup plus important que ceux de l’agriculture et de l’accès aux médicaments qui ont polarisé l’attention au cours des semaines de préparation de la conférence. Vu le retard déjà pris, l’optimisme n’est guère de mise sur les chances de grandes avancées au cours de la rencontre.
Le Président Vicente Fox ouvre, le 10 septembre, dans la station balnéaire de Cancun, au nord de la péninsule du Yucatan, au Mexique, la cinquième réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce. Depuis deux jours déjà les délégations arrivent, s’installent, profitant pour certaines de la douceur des plages des Caraïbes avant des négociations qui s’annoncent difficiles.
En langue maya, Can Cun signifie «serpent d’or». C’est une longue langue de sable blanc qui sépare la lagune Nichupte de la mer des Caraïbes. Cette île, rattachée à la terre par deux ponts est un site privilégié pour l’organisation d’événement comme ce sommet de l’OMC. Il suffit de contrôler les deux accès pour en faire une zone de haute sécurité. Quatre mille éléments de l’État major présidentiel et de la police préventive assurent la sécurité, avec en arrière pensée les manifestations violentes de Seattle, en 1999, et surtout la commémoration du 11 septembre 2001. Vingt-cinq hôtels situés sur l’étroite bande de sable ont été réquisitionnés pour héberger délégations, ONG officiellement invitées et médias.
Le coût financier pour le gouvernement mexicain est estimé à 20 millions de dollars entre la prise en charge des délégations, le téléphone international, l’infrastructure et la sécurité, mais la conférence devrait laisser 3 millions de recettes aux hôteliers et restaurateurs. L’essentiel pour le Mexique est de diffuser, pendant 10 jours, l’image de Cancun dans les journaux et sur les écrans du monde entier. Cinquante mille personnes sont attendues, en comptant les altermondialistes qui ont bien l’intention de faire entendre leur voix et soumettre leurs contre-propositions, même si la plupart d’entre elles n’auront pas accès au centre de conférences.
L’enjeu est de taille
Tous les deux ans, depuis la création de l’OMC en 1995, les pays membres de l’organisation, dont le nombre va croissant, se réunissent au plus haut niveau de décision de cette instance, généralement les ministres du Commerce. Cette année, pour le 5ème sommet, 146 pays sont représentés avec pour objectif commun affiché la libéralisation des échanges en faveur du développement de tous et la relance de l’économie mondiale. C’est dire si l’enjeu est de taille.
Au cours de ces 50 dernières années, le commerce mondial a connu une croissance exceptionnelle. Les exportations de marchandises ont augmenté de 6% en moyenne. Le total des échanges en 2000 était 22 fois supérieur au niveau atteint en 1950. Faisant suite aux accords de Marrakech de 1994, qui ont mis un terme au cycle de l’Uruguay, l’Organisation mondiale du commerce lance des «cycles» de négociations au cours desquels les Etats conviennent de l’ouverture à la concurrence dans les échanges internationaux de biens et de services. Le cycle de Doha pour le développement, adopté en novembre 2001, prévoit des négociations dans divers secteurs dont l’agriculture, les produits non agricoles, les mesures antidumping et les subventions, l’investissement, la transparence des marchés publics et la propriété intellectuelle. Soit, au total, une vingtaine de sujets d’importante et de difficulté variables.
Les discussions doivent avoir abouti le 1er janvier 2005. Or, depuis leur ouverture, il semble bien que les négociations n’aient guère avancé, tant les intérêts divergent d’un pays à l’autre et en fonction des thèmes. Pascal Lamy, commissaire européen chargé du commerce, qui représente les Quinze à Cancun, reconnaît «qu’aujourd’hui, ce qu’on peut dire, c’est qu’il reste encore beaucoup de positions tactiques, avec des alliances fluctuantes». Les pays membres doivent faire le point de l’avancement des négociations, et, à ce jour, le projet de déclaration finale comporte encore beaucoup de passages non finalisés, laissés «en blanc» par les rédacteurs.
Depuis la création de l’OMC un certain nombre de secteurs économiques ont fait l’objet d’accords de libéralisation. En 1997, un accord a été conclu sur les services de télécommunication, quarante pays ont mené à bien des négociations sur les technologies de l’information et soixante-dix membres ont conclu un accord sur les services financiers. A chaque fois, les discussions ont été âpres. Mais elles le sont plus encore au fur et à mesure que les perspectives de levée des obstacles aux échanges approchent de questions liées à la vie quotidienne des citoyens : l’alimentation, la santé, les services publics et la culture.
Les négociations se durcissent également avec l’arrivée de nouveaux membres dans l’organisation, notamment les pays en développement qui y font entendre, et de plus en plus fort, leur propre discours. Le temps n’est plus ou la question était réputée réglée quand les Etats-Unis et l’Europe occidentale étaient parvenus à s’entendre. Sur ce point, l’entrée récente de la Chine à l’OMC ne pèsera pas de peu de poids. Car déjà, l’Inde et le Brésil forment sur certaines questions un bloc de défense des pays pauvres. De même, plusieurs Etats parmi les plus défavorisés de la planète (Bénin, Burkina Faso, Mali et Tchad), au nom d’une vingtaine d’autres pays, ont déposé une initiative en faveur du coton afin de réduire la pauvreté, texte qui sera discuté le 10 septembre par la conférence.
Patrice Gouy et Francine Quentin
Lire également :
OMC : la menace de blocage des pays pauvres
Chronique économique de Norbert Navarro du 10/09/2003
L'Union européenne défend ses intérêts à Cancun
Chronique Europe de Valérie Lainé du 10/09/2003
Les anti-OMC et la politique en France
Edito politique de Genviève Goëtzinger du 10/09/2003
Pour un Conseil de sécurité économique
Edito international de Richard Labévière du 10/09/2003
OMC, ce que demande l’Asie
Chronique Asie d'Any Bourrier du 10/09/2003
En langue maya, Can Cun signifie «serpent d’or». C’est une longue langue de sable blanc qui sépare la lagune Nichupte de la mer des Caraïbes. Cette île, rattachée à la terre par deux ponts est un site privilégié pour l’organisation d’événement comme ce sommet de l’OMC. Il suffit de contrôler les deux accès pour en faire une zone de haute sécurité. Quatre mille éléments de l’État major présidentiel et de la police préventive assurent la sécurité, avec en arrière pensée les manifestations violentes de Seattle, en 1999, et surtout la commémoration du 11 septembre 2001. Vingt-cinq hôtels situés sur l’étroite bande de sable ont été réquisitionnés pour héberger délégations, ONG officiellement invitées et médias.
Le coût financier pour le gouvernement mexicain est estimé à 20 millions de dollars entre la prise en charge des délégations, le téléphone international, l’infrastructure et la sécurité, mais la conférence devrait laisser 3 millions de recettes aux hôteliers et restaurateurs. L’essentiel pour le Mexique est de diffuser, pendant 10 jours, l’image de Cancun dans les journaux et sur les écrans du monde entier. Cinquante mille personnes sont attendues, en comptant les altermondialistes qui ont bien l’intention de faire entendre leur voix et soumettre leurs contre-propositions, même si la plupart d’entre elles n’auront pas accès au centre de conférences.
L’enjeu est de taille
Tous les deux ans, depuis la création de l’OMC en 1995, les pays membres de l’organisation, dont le nombre va croissant, se réunissent au plus haut niveau de décision de cette instance, généralement les ministres du Commerce. Cette année, pour le 5ème sommet, 146 pays sont représentés avec pour objectif commun affiché la libéralisation des échanges en faveur du développement de tous et la relance de l’économie mondiale. C’est dire si l’enjeu est de taille.
Au cours de ces 50 dernières années, le commerce mondial a connu une croissance exceptionnelle. Les exportations de marchandises ont augmenté de 6% en moyenne. Le total des échanges en 2000 était 22 fois supérieur au niveau atteint en 1950. Faisant suite aux accords de Marrakech de 1994, qui ont mis un terme au cycle de l’Uruguay, l’Organisation mondiale du commerce lance des «cycles» de négociations au cours desquels les Etats conviennent de l’ouverture à la concurrence dans les échanges internationaux de biens et de services. Le cycle de Doha pour le développement, adopté en novembre 2001, prévoit des négociations dans divers secteurs dont l’agriculture, les produits non agricoles, les mesures antidumping et les subventions, l’investissement, la transparence des marchés publics et la propriété intellectuelle. Soit, au total, une vingtaine de sujets d’importante et de difficulté variables.
Les discussions doivent avoir abouti le 1er janvier 2005. Or, depuis leur ouverture, il semble bien que les négociations n’aient guère avancé, tant les intérêts divergent d’un pays à l’autre et en fonction des thèmes. Pascal Lamy, commissaire européen chargé du commerce, qui représente les Quinze à Cancun, reconnaît «qu’aujourd’hui, ce qu’on peut dire, c’est qu’il reste encore beaucoup de positions tactiques, avec des alliances fluctuantes». Les pays membres doivent faire le point de l’avancement des négociations, et, à ce jour, le projet de déclaration finale comporte encore beaucoup de passages non finalisés, laissés «en blanc» par les rédacteurs.
Depuis la création de l’OMC un certain nombre de secteurs économiques ont fait l’objet d’accords de libéralisation. En 1997, un accord a été conclu sur les services de télécommunication, quarante pays ont mené à bien des négociations sur les technologies de l’information et soixante-dix membres ont conclu un accord sur les services financiers. A chaque fois, les discussions ont été âpres. Mais elles le sont plus encore au fur et à mesure que les perspectives de levée des obstacles aux échanges approchent de questions liées à la vie quotidienne des citoyens : l’alimentation, la santé, les services publics et la culture.
Les négociations se durcissent également avec l’arrivée de nouveaux membres dans l’organisation, notamment les pays en développement qui y font entendre, et de plus en plus fort, leur propre discours. Le temps n’est plus ou la question était réputée réglée quand les Etats-Unis et l’Europe occidentale étaient parvenus à s’entendre. Sur ce point, l’entrée récente de la Chine à l’OMC ne pèsera pas de peu de poids. Car déjà, l’Inde et le Brésil forment sur certaines questions un bloc de défense des pays pauvres. De même, plusieurs Etats parmi les plus défavorisés de la planète (Bénin, Burkina Faso, Mali et Tchad), au nom d’une vingtaine d’autres pays, ont déposé une initiative en faveur du coton afin de réduire la pauvreté, texte qui sera discuté le 10 septembre par la conférence.
Patrice Gouy et Francine Quentin
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Article publié le 10/09/2003