Irak
Les cinq membres permanents se concertent à Genève
Ce samedi, les ministres des Affaires étrangères des cinq membres permanents du Conseil de sécurité vont tenter de rapprocher leur point de vue sur le projet de résolution proposé par les États-Unis.
Agacé d’entendre les critiques émises par Jacques Chirac et Gerhard Schröder qui s’étaient exprimées lors du sommet de Dresde quelques heures à peine après la publication du projet de résolution américain, le secrétaire d’État Colin Powell avait invité la France et l’Allemagne à ne pas se contenter de critiquer, mais à faire des propositions concrètes. C’est désormais chose faite: Paris et Berlin ont transmis au Conseil de sécurité un document commun proposant des amendements au projet américain.
Ce texte, enrobé de miel, précise que ces propositions ont été rédigées «dans un esprit de coopération constructive avec l’inspirateur du document de travail», autrement dit les États-Unis. En fait, il ne s’agit pas à proprement parler d’un texte alternatif, mais bien d’amendements au texte de base proposé par Washington. Mais les modifications suggérées sont tout sauf des clauses de styles. Des paragraphes entiers sont supprimés et la rédaction proposée change du tout au tout le sens du projet de résolution. C’est ainsi que le rôle politique de l’administrateur américain Paul Bremer disparaît purement et simplement au profit du secrétaire général des Nations unies, dont le rôle consiste désormais, selon les amendements franco-allemands, à accélérer la transition au profit d’un gouvernement irakien de plein exercice.
Paris et Berlin demandent en outre que soit supprimée la référence à la résolution 1483, adoptée après la guerre avec le consentement de la France et de l’Allemagne, et qui légitimait en quelque sorte le statu quo imposé par la coalition anglo-britannique. Enfin, un paragraphe du texte européen est entièrement consacré aux contrats de la reconstruction et exige une «transparence complète» dans l’allocation des fonds et des contrats et une participation véritablement internationale. En d’autres termes, Halliburton, la compagnie que dirigeait le vice-président Cheney avant son entrée à la Maison Blanche et qui continue de le rétribuer jusqu’à ce jour ne devrait pas continuer de jouir du quasi-monopole de contrats attribués dans l’opacité la plus totale.
Un «devoir partagé»
C’est de tout cela que doivent débattre ce samedi à Genève les ministres des Affaires étrangères des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, réunis autour de Kofi Annan. Dominique de Villepin, le ministre français, a préparé le terrain dans une tribune libre publiée ce vendredi par Le Monde: «Peut-on demander à l'ONU d'intervenir davantage sur le terrain sans lui accorder la capacité d'action ni les conditions de sécurité indispensables ? Le projet de résolution peut-il s'inscrire, en effet, dans la continuité de ce qui a déjà été fait ? Est-ce à la mesure de la situation ? Est-ce de nature à enrayer les mécanismes de décomposition en Irak ? Nous ne le pensons pas.(…) C'est un défi sans précédent. Il exige de nous compréhension et adaptation aux réalités du terrain. Il exige aussi que chacun veuille bien oublier les querelles du passé et renoncer aux partis pris idéologiques. La reconstruction de l'Irak est un devoir partagé».
Le ton est à la conciliation, mais à lire l’article du ministre français, on voit bien que sur le fond, le désaccord avec Washington reste entier. A Washington, les néo-conservateurs font grise mine. Ce vendredi, le Washington Times, proche de la Maison Blanche, exprimait le pessimisme de l’administration Bush sur les chances d’un accord ce samedi à Genève. La Russie, de son côté, a également soumis ses propres amendements. Moins radicale que le texte franco-allemand, la proposition russe suggère néanmoins des modifications en profondeur du projet américain au profit des Nations unies. La Chine, de son côté, n’a pas soumis ses propres remarques, mais déclare soutenir la position des Français, des Allemands et des Russes. La Grande Bretagne cherche, comme par le passé, à jouer les intermédiaires, mais il ne fait guère de doute que Londres soutient sans réserve la position américaine, ce qui limite singulièrement sa marge de manœuvre.
Ce texte, enrobé de miel, précise que ces propositions ont été rédigées «dans un esprit de coopération constructive avec l’inspirateur du document de travail», autrement dit les États-Unis. En fait, il ne s’agit pas à proprement parler d’un texte alternatif, mais bien d’amendements au texte de base proposé par Washington. Mais les modifications suggérées sont tout sauf des clauses de styles. Des paragraphes entiers sont supprimés et la rédaction proposée change du tout au tout le sens du projet de résolution. C’est ainsi que le rôle politique de l’administrateur américain Paul Bremer disparaît purement et simplement au profit du secrétaire général des Nations unies, dont le rôle consiste désormais, selon les amendements franco-allemands, à accélérer la transition au profit d’un gouvernement irakien de plein exercice.
Paris et Berlin demandent en outre que soit supprimée la référence à la résolution 1483, adoptée après la guerre avec le consentement de la France et de l’Allemagne, et qui légitimait en quelque sorte le statu quo imposé par la coalition anglo-britannique. Enfin, un paragraphe du texte européen est entièrement consacré aux contrats de la reconstruction et exige une «transparence complète» dans l’allocation des fonds et des contrats et une participation véritablement internationale. En d’autres termes, Halliburton, la compagnie que dirigeait le vice-président Cheney avant son entrée à la Maison Blanche et qui continue de le rétribuer jusqu’à ce jour ne devrait pas continuer de jouir du quasi-monopole de contrats attribués dans l’opacité la plus totale.
Un «devoir partagé»
C’est de tout cela que doivent débattre ce samedi à Genève les ministres des Affaires étrangères des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, réunis autour de Kofi Annan. Dominique de Villepin, le ministre français, a préparé le terrain dans une tribune libre publiée ce vendredi par Le Monde: «Peut-on demander à l'ONU d'intervenir davantage sur le terrain sans lui accorder la capacité d'action ni les conditions de sécurité indispensables ? Le projet de résolution peut-il s'inscrire, en effet, dans la continuité de ce qui a déjà été fait ? Est-ce à la mesure de la situation ? Est-ce de nature à enrayer les mécanismes de décomposition en Irak ? Nous ne le pensons pas.(…) C'est un défi sans précédent. Il exige de nous compréhension et adaptation aux réalités du terrain. Il exige aussi que chacun veuille bien oublier les querelles du passé et renoncer aux partis pris idéologiques. La reconstruction de l'Irak est un devoir partagé».
Le ton est à la conciliation, mais à lire l’article du ministre français, on voit bien que sur le fond, le désaccord avec Washington reste entier. A Washington, les néo-conservateurs font grise mine. Ce vendredi, le Washington Times, proche de la Maison Blanche, exprimait le pessimisme de l’administration Bush sur les chances d’un accord ce samedi à Genève. La Russie, de son côté, a également soumis ses propres amendements. Moins radicale que le texte franco-allemand, la proposition russe suggère néanmoins des modifications en profondeur du projet américain au profit des Nations unies. La Chine, de son côté, n’a pas soumis ses propres remarques, mais déclare soutenir la position des Français, des Allemands et des Russes. La Grande Bretagne cherche, comme par le passé, à jouer les intermédiaires, mais il ne fait guère de doute que Londres soutient sans réserve la position américaine, ce qui limite singulièrement sa marge de manœuvre.
par Olivier Da Lage
Article publié le 12/09/2003