Commerce mondial
Rébellion du Sud à Cancun
Conduit par le Brésil et l’Inde, le groupe des 22 (G22), qui représente la moitié de la population du monde, semble vouloir lancer à Cancun une offensive des pays du Sud et tente, dans ce but, d’attirer une cinquantaine de pays d’Afrique.
De notre envoyé spécial à Cancun
Après deux jours de stagnation, les discussions sur le thème agricole viennent de prendre un nouveau tournant avec la rébellion des pays du Sud. Ni les débats sur le coton, ni les propositions sur l’agriculture ne satisfont le G22 qui veut une suppression des subventions à l’exportation sur les produits des pays en développement et que le dossier agricole ait une priorité absolue. Une manière d’obliger les deux superpuissances et une dizaine de pays à assouplir leurs positions. Le ministre George Yeo Yong Bon, de Singapour, chargé du dossier agricole depuis Seattle, et qui est considéré comme un excellent médiateur, pourrait proposer, à titre personnel, une contre proposition sur les modalités de négociation pour l’agriculture.
Certains pays, comme l’Inde ou le Brésil, menacent de se retirer si les positions ne changent pas. Dans le même temps, le G22 tente d’attirer les pays africains bien que leurs économies soient souvent asymétriques et que les problèmes auxquels ils doivent faire face sont souvent fort différents. Les Américains exerceraient de fortes pressions sur certains pays alliés (Costa Rica, Honduras, Équateur), pour qu’ils abandonnent ce groupe. Dans un mémorandum aux journalistes, le sénateur Chuck Grassley, président du comité des finances américain, en appelle à la cohérence. Il a fait part de sa déception vis-à-vis de 8 pays membres du G 22 qui veulent, en même temps, signer des accords de libre-échange avec les États-Unis.
Quant à l’Union Européenne, elle se retrouve un peu le dos au mur en raison des relations qu’elle entretient avec l’Afrique. La rumeur, les bruits de couloirs laissent penser qu’elle serait prête à faire des concessions, mais le plus tard possible. «Attention, prévient Céline Cheverria, la responsable du bureau d’Oxfam à Genève, l’une des plus importantes ONG présentes à Cancun, la rumeur nourrit les spéculations, il y en a une toutes les 45 minutes». Si un nouveau groupe comprenant le G22 et la cinquantaine des pays africains voyaient le jour, il pourrait y avoir une sorte de renversement des tendances. On se retrouverait en présence non plus de deux superpuissances face aux autres pays, mais devant un groupe «protectionniste» qui comprendrait les États-Unis et une dizaine de pays comme la Suisse, qui ne veulent pas entendre parler de suppression des subventions, face à l’Union européenne plus disposée à trouver des solutions au cas par cas, secteur par secteur, afin de ne pas faire capoter le sommet de Cancun.
Le réveil de l’Afrique
Depuis Seattle, le mouvement africain a pris conscience de l’importance de la société civile et de l’esprit qui a animé Porto Alegre (Forum social mondial) où les Africains étaient présents. Cette conscience mondiale qui y est née à permis de mobiliser les pays africains qui ont organisé peu après un forum social continental dont la première édition a eu lieu a Bamako en 2002, suivi d’un second forum à Adis Abbeba en janvier de cette année.
Ces deux réunions ont été une caisse de résonance essentielle pour le mouvement social africain en terme de connaissances et d’implication dans les débats internationaux, en particulier sur les questions économiques. «La transition de Seattle, via Doha, jusqu’à Cancun va donc de soi et une intégration ou un rapprochement vers le groupe des 22 est tout à fait possible, même si il y a de très grandes divergences, a permis l’élaboration d’alternatives» souligne Bakary Fofana, du CECIDE (Centre du commerce international pour le développement, en Guinée). «Les Africains commencent à se mobiliser pour dire que ça ne peut pas continuer comme ça sur le continent africain, qu’une autre Afrique est possible, et qu’il est urgent d’élaborer des alternatives pour appuyer les états dans le processus de négociations à Cancun».
Après deux jours de stagnation, les discussions sur le thème agricole viennent de prendre un nouveau tournant avec la rébellion des pays du Sud. Ni les débats sur le coton, ni les propositions sur l’agriculture ne satisfont le G22 qui veut une suppression des subventions à l’exportation sur les produits des pays en développement et que le dossier agricole ait une priorité absolue. Une manière d’obliger les deux superpuissances et une dizaine de pays à assouplir leurs positions. Le ministre George Yeo Yong Bon, de Singapour, chargé du dossier agricole depuis Seattle, et qui est considéré comme un excellent médiateur, pourrait proposer, à titre personnel, une contre proposition sur les modalités de négociation pour l’agriculture.
Certains pays, comme l’Inde ou le Brésil, menacent de se retirer si les positions ne changent pas. Dans le même temps, le G22 tente d’attirer les pays africains bien que leurs économies soient souvent asymétriques et que les problèmes auxquels ils doivent faire face sont souvent fort différents. Les Américains exerceraient de fortes pressions sur certains pays alliés (Costa Rica, Honduras, Équateur), pour qu’ils abandonnent ce groupe. Dans un mémorandum aux journalistes, le sénateur Chuck Grassley, président du comité des finances américain, en appelle à la cohérence. Il a fait part de sa déception vis-à-vis de 8 pays membres du G 22 qui veulent, en même temps, signer des accords de libre-échange avec les États-Unis.
Quant à l’Union Européenne, elle se retrouve un peu le dos au mur en raison des relations qu’elle entretient avec l’Afrique. La rumeur, les bruits de couloirs laissent penser qu’elle serait prête à faire des concessions, mais le plus tard possible. «Attention, prévient Céline Cheverria, la responsable du bureau d’Oxfam à Genève, l’une des plus importantes ONG présentes à Cancun, la rumeur nourrit les spéculations, il y en a une toutes les 45 minutes». Si un nouveau groupe comprenant le G22 et la cinquantaine des pays africains voyaient le jour, il pourrait y avoir une sorte de renversement des tendances. On se retrouverait en présence non plus de deux superpuissances face aux autres pays, mais devant un groupe «protectionniste» qui comprendrait les États-Unis et une dizaine de pays comme la Suisse, qui ne veulent pas entendre parler de suppression des subventions, face à l’Union européenne plus disposée à trouver des solutions au cas par cas, secteur par secteur, afin de ne pas faire capoter le sommet de Cancun.
Le réveil de l’Afrique
Depuis Seattle, le mouvement africain a pris conscience de l’importance de la société civile et de l’esprit qui a animé Porto Alegre (Forum social mondial) où les Africains étaient présents. Cette conscience mondiale qui y est née à permis de mobiliser les pays africains qui ont organisé peu après un forum social continental dont la première édition a eu lieu a Bamako en 2002, suivi d’un second forum à Adis Abbeba en janvier de cette année.
Ces deux réunions ont été une caisse de résonance essentielle pour le mouvement social africain en terme de connaissances et d’implication dans les débats internationaux, en particulier sur les questions économiques. «La transition de Seattle, via Doha, jusqu’à Cancun va donc de soi et une intégration ou un rapprochement vers le groupe des 22 est tout à fait possible, même si il y a de très grandes divergences, a permis l’élaboration d’alternatives» souligne Bakary Fofana, du CECIDE (Centre du commerce international pour le développement, en Guinée). «Les Africains commencent à se mobiliser pour dire que ça ne peut pas continuer comme ça sur le continent africain, qu’une autre Afrique est possible, et qu’il est urgent d’élaborer des alternatives pour appuyer les états dans le processus de négociations à Cancun».
par Patrice Gouy
Article publié le 13/09/2003