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Afghanistan

Le retour des Taliban

Les Taliban sont de retour. Depuis quelques semaines, en effet, le sud-est de l’Afghanistan est le théâtre d’affrontements entre les troupes de l’armée régulière, soutenues par des unités américaines et les étudiants en religion.
Environ 300 miliciens se sont regroupés dans les montagnes des provinces de Zaboul et Uruzgan, lieu de naissance du mollah Mohammed Omar, chef des fondamentalistes chassés du pouvoir en 2001. Mais plus d’un millier de Taliban seraient retranchés dans le secteur, ce qui en fait la plus importante concentration de combattants de l’ancien régime islamiste depuis son renversement.

Car les Taliban courent toujours. Certains ont repris leurs activités en liaison avec les fidèles de l’ancien chef de guerre pachtoune Gulbuddin Hekmatyar. D’autres ont trouvé refuge dans les zones tribales du Pakistan, où ils se sont réorganisés et réarmés pour lancer des attaques de plus en plus audacieuses contre la coalition.

Un pouvoir sans autorité

Mais pourront-ils s’emparer à nouveau du pouvoir ? Compte tenu de la présence massive des forces américaines en Afghanistan, la réponse devrait être «non». Les États-Unis ont engagé environ 12 000 hommes sur le terrain et dépensent environ 900 million de dollars par mois pour «chasser les terroristes». Ils soutiennent le processus de réformes engagé par le président Hamid Karzaï, dont la plus récente est celle du ministère de la Défense, une réforme jugée indispensable à la sécurité du pays. Elle vise à réduire l’influence de la minorité tadjik au sein de ce ministère. Le déséquilibre actuel est à l’origine du malaise des minorités ethniques qui se sentent écartées du pouvoir.

Mais, comme en Irak, la présence américaine en Afghanistan est très mal perçue par la population. Dans les campagnes, le villageois se plaignent du comportement des soldats. À Kaboul, l’élite reproche aux représentants de Washington d’utiliser les troupes des seigneurs de la guerre pour combattre les «terroristes», leur donnant ainsi les moyens de s’opposer au pouvoir central.

Aujourd’hui, la réalité du gouvernement de Hamid Karzaï est celle d’un pouvoir sans autorité, sans moyens et sans unité ni cohérence. Son pouvoir ne tient qu’à l’aide internationale et à la présence militaire étrangère. Son autorité se heurte au morcellement politique du pays, livré aux chefs locaux. Il n’est pas surprenant, donc, que les Taliban profitent de cette situation pour revenir sur la scène politique et, encore une fois, déstabiliser l’Afghanistan.



par Any  Bourrier

Article publié le 01/09/2003