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Etats-Unis

Le général Clark bat la campagne contre Bush

L’ex-général Wesley Clark a annoncé ce mercredi à Little Rock (Arkansas) son désir de briguer l’investiture démocrate face à George Bush pour la présidentielle de 2004.
C’est un militaire, un vrai –il a connu le feu au Vietnam où il a été décoré pour bravoure–, il est beau et télégénique et depuis ce mardi, il est l’espoir d’une grande partie des électeurs démocrates, et le cauchemar de la douzaine de candidats déjà déclarés de ce parti.

Le général Wesley Clark, ancien commandant suprême de l’OTAN à l’époque de la guerre du Kosovo, vient en effet de présenter officiellement sa candidature à l’investiture démocrate pour la présidentielle de novembre 2004. Apparemment, il a pris du retard sur ses concurrents. En réalité, il n’en est rien. En dehors de l’ex-gouverneur Howard Dean qui a effectué une percée significative, mais qui semble trop à gauche (aux États-Unis, on dit : «libéral») pour avoir une chance de l’emporter, les caciques du parti démocrate piétinent, font du sur-place, et tentent par des diatribes contre George Bush d’une violence parfois surprenante de faire oublier qu’ils se sont alignés comme un seul homme pour voter les pleins pouvoirs au président américain, que ce soit pour faire la guerre ou pour adopter le Patriot Act, cette loi qui suspend un certain nombre de libertés constitutionnelles au nom de la lutte antiterroriste.

De surcroît, son entrée en lice n’est pas vraiment une surprise. Depuis plusieurs mois, des indiscrétions soigneusement calculées publiées dans la presse laissaient entendre qu’il pourrait être le candidat-miracle du parti démocrate face à George Bush. Cet ancien militaire, devenu consultant pour la chaîne de télévision CNN depuis qu’il a pris sa retraite, est l’un des très rares commentateurs à s’être prononcé contre l’intervention militaire en Irak, que ce soit avant, pendant, et évidemment depuis la fin de cette guerre. Dans une tribune libre remarquée à l’époque, Wesley Clark avait prophétisé une campagne militaire courte et décisive, la victoire de la coalition écrasante, mais que les véritables difficultés surviendraient après.

Cette analyse, courante de ce côté-ci de l’Atlantique, était à l’époque quasiment inaudible aux États-Unis. Si, contrairement aux autres opposants à la guerre, il n’a pas été accusé d’antipatriotisme par les médias dominants, c’est que ses états de service sont irréprochables. Mais aujourd’hui, alors que l’armée américaine subit quotidiennement des pertes en Irak, que le désordre s’installe dans le pays géré par la coalition sous la férule du proconsul Paul Bremer, et que le président Bush demande au Congrès une rallonge de 87 milliards de dollars sans pouvoir indiquer quand prendra fin cette coûteuse occupation, la prédiction du général Clark prend une résonance particulière.

Déjà un million de dollars pour sa campagne

Wesley Clark, d’une certaine façon, est le pendant démocrate de Colin Powell, l’ancien chef d’état-major interarmes qui, après une longue période d’hésitation, s’est finalement rangé du côté républicain. Lui aussi avait été donné pour présidentiable, hypothèse qu’il a récemment catégoriquement écartée. Les États-Unis aiment leur drapeau, leur armée et leurs généraux, lorsqu’ils les font rêver et les mènent à la victoire. C’est sur cet imaginaire profondément ancré dans la société américaine que va désormais surfer le nouveau candidat.

Pour sa campagne, il n’est pas démuni. Alors qu’il n’était encore que candidat virtuel, ses amis ont déjà réuni pour sa campagne plus d’un million de dollars de promesses de dons. A présent qu’il s’est déclaré, Welsey Clark devrait rapidement en obtenir bien davantage.

A ceux qui lui reprochent de n’avoir aucune expérience politique, l’ancien commandant suprême des forces alliées en Europe répond qu’à ce poste, il devait traiter tous les jours de questions politiques et diplomatiques délicates au plus haut niveau. Mais il va devoir subir un nouveau genre de baptême du feu : le contact direct avec les électeurs et les enquêtes destructrices de la presse et de ses adversaires républicains… et démocrates. Plus d’un candidat déclaré gagnant sur le papier n’a jamais réussi à franchir ce premier barrage.

Sur ce point, Welsey Clark, vétéran de l’armée et novice en politique intérieure, pourra utilement s’inspirer des conseils de l’un de ses concitoyens de Little Rock, Arkansas : l’ancien président Bill Clinton dont il est très proche.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 17/09/2003