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Entreprises

Plan de la dernière chance pour Alstom

Alstom échappe à la faillite immédiate mais le groupe industriel français n’est pas pour autant sorti de ses difficultés. Une restructuration de l’entreprise s’impose, mais surtout, les clients d’Alstom devront être au rendez-vous.
La Commission européenne a donné son accord à un plan de sauvetage du groupe Alstom, pour 3,2 milliards d’euros, qui préserve l’entreprise du dépôt de bilan imminent. Pour autant Alstom n’en est qu’au début d’un processus de redressement et à condition qu’entre temps les clients ne lui fassent pas défaut. Le PDG d’Alstom, Patrick Kron, a indiqué que durant le semestre écoulé les commandes ont diminué sensiblement. Et, depuis plusieurs mois, le carnet de commande est même gelé, en raison des incertitudes qui pesaient sur l’avenir du groupe spécialisé dans les transports et l’énergie, (construction navale, TGV, turbine).

Dans l’immédiat, les négociations entre le gouvernement français et la Commission européenne ont abouti à un plan de refinancement acceptable aux yeux de Bruxelles. En effet, contrairement au premier plan annoncé en août par le gouvernement, l’Etat français ne prend pas de participation directe à l’augmentation de capital prévue. La politique de la Commission européenne en cette matière permet des aides publiques d’urgence à une entreprise en difficultés à condition que ce soit à titre temporaire et aux conditions financières du marché. Par ailleurs, un plan de restructuration assurant la viabilité de l’entreprise doit suivre.

Efforts de restructuration

Après avoir obtenu l’assurance que le soutien du gouvernement français à Alstom ne serait pas irréversible, le commissaire européen chargé du dossier Mario Monti doit encore donner son avis, d’ici six mois environ, sur la compatibilité de l’ensemble du plan de refinancement avec les règles communautaires sur la concurrence. Aux termes de l’accord, Alstom peut compter sur 3,2 milliards d’euros en renforcement de fonds propres, émission d’obligations, prêts à court terme et facilités de trésorerie. Dans ce «paquet» l’Etat français intervient à hauteur de 800 millions d’euros. Ce qui, selon Francis Mer, ministre de l’Economie et des finances «ne coûte rien aux Français» car «l’argent n’est pas perdu, il est placé». Les 32 banques créancières d’Alstom fournissent le solde du financement.

De son côté le groupe industriel devra consentir des efforts de restructuration. Déjà un programme de réduction d’effectifs, de concentration, de spécialisation est en œuvre depuis le début de l’année. Sept mille suppressions d’emplois sur les 118 000 que compte Alstom dans le monde seront réalisées d’ici la fin 2005, dont 5 000 en Europe. Entre temps Alstom aura vendu pour 2,5 milliards d’actifs dont sa branche Transmission et Distribution au groupe nucléaire public français Areva. Toutefois Alstom pourrait être contraint d’aller plus loin en
augmentant le nombre des suppressions d’emplois et en élargissant le périmètre des cessions.

Dès à présent on peut affirmer que le groupe essuiera des pertes en 2003, probablement encore en 2004 et que la sortie du tunnel n’est pas envisageable avant 2005 ou 2006. A condition que les clients ne s’éclipsent pas dans la crainte de nouvelles difficultés pour l’entreprise. Alstom a enregistré 7 milliards d’euros de commande au premier semestre soit une baisse d’environ 25% sur le semestre précédent. C’est pourquoi le PDG d’Alstom s’est engagé à prendre des initiatives commerciales pour relancer les commandes.

Un signe de mauvais augure est venu de la Bourse où les marchés ne semblent guère croire à un redressement rapide de l’entreprise. L’action Alstom a amorcé une courbe des cours en «yo-yo», liée aux incertitudes des investisseurs face à l’avenir.



par Francine  Quentin

Article publié le 23/09/2003