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Sénégal

En attendant le remplaçant du «Joola»

Après les prières et le recueillement du vendredi 27 septembre dernier en souvenir du naufrage du Joola, à Dakar, Ziguinchor et Banjul, retour à la réalité : à quand un autre bateau pour remplacer la vieille carcasse qui gît par dix-huit mètres sous les eaux au large des côtes gambiennes ? Les Sénégalais se montrent sceptiques.
De notre correspondant à Dakar

Au lendemain du naufrage en septembre 2002, le président Abdoulaye Wade avait promis «deux bateaux dans les prochains mois». S’il est vrai que «prochains mois» peut s’entendre aussi en années, dans l’esprit des usagers de la liaison maritime qui ne peuvent pas se payer l’avion et évitent la route du fait de l’insécurité, «quelques mois» signifiait pour eux un délai court.

En juillet dernier, à Ziguinchor, le Premier ministre Idrissa Seck s’engageait formellement devant l’opinion nationale et internationale : «j’ai donné des instructions au ministre de l’Équipement et des Transports pour affréter deux bateaux au lieu d’un… Mon espoir est de pouvoir vous annoncer la date précise de mise en service des deux bateaux le 26 septembre, date anniversaire du terrible drame». S’il est vrai que le Premier ministre avait pris la précaution de parler de «son espoir de pouvoir annoncer» la mise en service des fameux bateaux, dans l’esprit des Sénégalais, c’était davantage une promesse ferme qu’un espoir.

Pourtant, le 18 septembre dernier, le ministre des Transports, Mamadou Seck, douche tous ceux qui, naïvement, avaient fait de l’«espoir» du Premier ministre une certitude en annonçant que finalement, le nouveau bateau ne sera au Sénégal qu’en octobre prochain.

Pour faire avaler ce énième report, le ministre invoque les questions de sécurité : «pour rien au monde, nous ne prendrons le risque d’inaugurer un nouveau Joola… le gouvernement n’entend céder sous aucune pression». Le bateau en question, est un catamaran de 400 places avec une possibilité de charger 34 véhicules et fret. Il est actuellement à Saint-Malo, en France.

Superstition

Après toutes ces volte-faces, le président Wade peut bien être désolé comme il l’a déclaré vendredi dernier à Ziguinchor pour le retard pris dans l’affrètement d’un nouveau bateau. «J’avais ardemment souhaité pouvoir vous associer ce jour à l’inauguration du bateau, ne sous-estimant pas les effets de l’absence d’un transport adapté pour les populations de la Casamance, tout est mis en place pour rétablir la liaison. Mais des raisons techniques ne nous ont pas permis de le faire… mais cela ne saurait tarder».

En attendant, pour rallier Ziguinchor, il faut 14 heures de route (si le bac gambien n’est pas en panne), ou payer environ 120 euros par avion. A moins d’une semaine de la rentrée des classes, plusieurs familles auront de la peine à ramener leurs enfants à Dakar et dans les grandes villes du Sénégal. Du reste, même s’il y avait eu un nouveau bateau, il est douteux que les parents l’utilisent durant les premières rotations par superstition : l’année dernière c’était à la veille de la rentrée scolaire que le drame s’était produit emportant des dizaines d’élèves et d’étudiants.

Ecouter également:

Appels sur l’actualité, l’émission présentée par Juan Gomez est consacrée aux conséquences du naufrage du Joola (25 septembre 2003, 20’).

L'invité Afrique : Guy Harris Ndouye, du collectif de défense des familles (Ch. Boisbouvier, 26/09/2003, 5'25")

RFI-Soir, Frédéric Rivière, 24/09/2003, 20mn



par Demba  Ndiaye

Article publié le 29/09/2003