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Epidémie

SRAS : l’Asie sur le qui-vive

L’annonce de la détection d’un nouveau cas de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) à Singapour rappelle que le risque de résurgence de la pneumonie atypique est toujours présent. L’Asie qui a été la région la plus touchée par l’épidémie qui s’est propagée entre novembre et juin 2003, est désormais en état d’alerte pour éviter une nouvelle contamination de grande ampleur.
Pour la première fois depuis le 11 mai, Singapour a annoncé qu’un cas de contamination au SRAS avait été détecté sur son territoire à la fin du mois d’août. Il s’agit d’un jeune chercheur de 27 ans qui aurait pu être en contact avec le virus dans un laboratoire de son université où celui-ci a été stocké. Le patient a été mis à l’isolement dans une unité spécialisée dans les maladies contagieuses et environ cinquante personnes de son entourage familial et professionnel ont été placées en quarantaine pendant 10 jours, soit le temps d’incubation du virus.

Même si les autorités ont insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un cas isolé et que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que le malade ne correspondait pas à sa définition du SRAS, cette nouvelle a provoqué la consternation à Singapour mais aussi dans les autres zones où le syndrome a frappé il y a quelques mois, au premier rang desquelles la Chine et Hong Kong. Il est vrai que l’épidémie de pneumonie atypique a touché plus de 8000 personnes dans le monde, dont 916 sont mortes, et que c’est l’Asie qui a payé le plus lourd tribut (96% des cas, 95% des décès). Dans un tel contexte et en l’absence, pour le moment, de traitement ou de vaccin spécifique, la perspective d’une possible résurgence de ce virus particulièrement contagieux a de quoi angoisser les populations. D’ailleurs, un récent sondage a mis en valeur que les citadins chinois redoutaient le retour du SRAS avant la fin de l’année.

Cette inquiétude est partagée par les scientifiques et les médecins car l’épidémie de pneumonie atypique a débuté en Chine en novembre de l’année dernière et il est avéré que la période hivernale, durant laquelle les températures chutent, est propice au développement des virus respiratoires. C’est en effet à cette saison que la grippe frappe traditionnellement. L’Organisation mondiale de la Santé a d’ailleurs recommandé, cette année plus que jamais, la vaccination contre ce virus qui, même si elle ne prémunit pas contre le SRAS, peut permettre d’éviter les complications pulmonaires les plus graves de la grippe et la combinaison des deux maladies.

Améliorer les réseaux de surveillance

La crainte du SRAS est donc toujours bien présente mais dans les zones à risque on est aujourd’hui beaucoup plus à même de réagir au moindre signe de reprise de l’épidémie. La nouvelle de la présence d’un patient contaminé à Singapour a d’ailleurs été immédiatement prise en compte en Chine, à Hong Kong, à Taïwan ou au Vietnam. Partout, les mesures de surveillance et d’alerte maintenues ces derniers mois, ont été renforcées notamment dans les aéroports pour pouvoir détecter les voyageurs qui présentent des signes préoccupants dès leur arrivée ou avant leur départ.

En Chine, les autorités ont démenti certaines rumeurs qui faisaient état de nouvelles contaminations dans le pays et ont annoncé qu’elles avaient mis au point un plan de prévention. D’autre part, un programme de formation des personnels de santé doit débuter en collaboration avec l’OMS dès le mois de septembre. Malgré tout, un certain nombre de doutes subsistent sur l’ampleur de l’épidémie et sa prise en charge dans le pays.

A Hong Kong, la vigilance n’a pas été relâchée. Le système sanitaire est resté selon les responsables en «état d’alerte maximale» et un accord a été passé avec la province chinoise du Guangdong, d’où le virus semble être parti, pour échanger des informations et éviter une nouvelle propagation incontrôlée.

Dans un contexte où l’origine du virus reste encore inconnue, même s’il paraît vraisemblable qu’il est passé de l’animal à l’homme et que des espèces comme la civette ou le raton laveur sont suspectées d’en être les réservoirs, la meilleure défense reste la vigilance, seule à même de permettre une prise en charge rapide des cas et d’éviter l’engrenage des contaminations. Pour le nouveau directeur général de l’OMS, le Sud-Coréen Lee Jong-Wook, «notre défi est dorénavant de renforcer les réseaux de surveillance qui détecteront et traiteront le SRAS s’il revient». Des experts internationaux doivent d’ailleurs se réunir à Hanoï, au Vietnam, les 20 et 21 octobre prochains pour réfléchir ensemble aux moyens d’éviter une résurgence du SRAS.



par Valérie  Gas

Article publié le 11/09/2003