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Argentine

Kirchner assouplit le FMI

La fermeté du gouvernement de Nestor Kirchner l’a finalement emporté. L’Argentine a refusé, mardi, d’honorer une dette de 3 milliards de dollars envers le FMI. Moins de 48 heures après, l’institution financière internationale et l’Argentine sont parvenus à un accord sensiblement plus favorable au pays.
Le Fonds monétaire international devrait prochainement approuver un nouvel accord financier avec l’Argentine, couvrant les trois prochaines années. Le contenu de cet accord est substantiellement différent de la première mouture présentée par le FMI aux autorités argentines. En effet, la nouvelle version va permettre à l’Argentine d’alléger considérablement le montant des remboursements à ses créanciers multilatéraux jusqu’en 2006. Les conditions imposées par le FMI en matière de finances publiques sont également adoucies.

Mais, pour parvenir à ces améliorations, le gouvernement argentin a eu recours aux grands moyens. Mardi, il a annoncé que la somme de 3 milliards de dollars, exigible ce jour par le FMI, ne serait pas versée car le pays n’avait pas l’intention de puiser dans ses réserves de changes alors qu’il se relève à peine de la pire crise économique de son histoire, intervenue en 2002.

Ce défaut de paiement est le plus important enregistré dans l’histoire du FMI et risquait de donner le mauvais exemple aux débiteurs de cette institution. De plus, une nouvelle crise financière en Argentine, alors que le feu couve aussi au Brésil et en Turquie, est une éventualité à combattre pour la sauvegarde même de tout le système financier international.

Rééchelonnement

C’est pourquoi, alors que l’Argentine encourrait l’application graduelle de mesures de rétorsion envers les mauvais payeurs, dès mercredi, le directeur général du FMI Horst Köhler s’est félicité de la conclusion d’une lettre d’intention des autorités argentines, assortie d’un programme économique de nature à «restaurer une croissance forte et réduire la pauvreté». L’accord prévoit le rééchelonnement d’une dette de 21 milliards de dollars dont plus de 12 milliards à l’égard du FMI. En gage de bonne volonté l’Argentine remboursera les 3 milliards de dollars gelés avant la réunion du conseil d’administration du fonds les 19 et 20 septembre.

Outre cet arrangement financier sur la dette, le président Nestor Kirchner peut se réjouir d’avoir obtenu la suppression d’exigences du FMI contre lesquelles il s’est battu. Le FMI voulait que le budget argentin dégage un excédent suffisant pour commencer à rembourser ses dettes auprès des créanciers privés. Cet excédent est fixé à un niveau jugé raisonnable de 3% en 2004.

D’autre part, le gouvernement argentin devait relever les tarifs de la plupart des services publics : l’eau l’électricité, le gaz, le téléphone, les routes et aéroports, à la demande des entreprises privées, souvent à capitaux français ou espagnols, qui les gèrent. Pour des raisons sociales évidentes le gouvernement argentin a obtenu qu’aucun calendrier de ces hausses de tarifs ne soit mentionné dans l’accord qui le lie au FMI.

Disparue aussi l’indemnisation, à hauteur de plusieurs milliards de dollars, exigée par les banques qui ont pâti de la dévaluation du peso en 2002, soutenues par le FMI. Ainsi, le directeur général du FMI lui-même a relevé, au titre des éléments positifs de l’accord, des perspectives budgétaires permettant de fixer des objectifs de croissance, d’emploi et de justice sociale, une amélioration des relations avec les créanciers et une dette gérable. En outre, l’Argentine s’est engagée à assainir son système bancaire afin de faciliter l’octroi de crédits pour relancer la croissance, et à améliorer la situation des investissements, tout en s’attaquant à la question de la viabilité des services publics. Le président Kirchner s’est quant à lui félicité que la négociation avec le FMI ait abouti à la prise en compte de la «quasi-totalité» des demandes de son pays.



par Francine  Quentin

Article publié le 11/09/2003