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Etats-Unis

Schwarzenegger en tête dans les sondages

A quelques jours du scrutin au cours duquel les électeurs de Californie doivent décider s’ils désirent ou non destituer leur actuel gouverneur, le démocrate Gray Davis, c’est l’acteur républicain Arnold Schwarzenegger qui a pris la corde dans la course entre les candidats à sa succession. Même si ses adversaires dénoncent son absence d’expérience et de programme, il a su trouver les arguments pour convaincre les Californiens qu’il est le plus à même de rétablir l’équilibre budgétaire de leur Etat, mis à mal par la gestion de Gray Davis.
Décidément les Californiens aiment les acteurs. Et Arnold Schwarzenegger le leur rend bien, lui qui a décidé de se dévouer à la cause d’un Etat auquel il doit tout : ses premiers prix aux concours de «musculator», ses records d’entrées pour ses rôles de «Terminator» et bientôt peut-être la clef du temple du «gouvernator». Car les derniers sondages confirment que Schwarzenegger est bel et bien le candidat qui arrive aujourd’hui en tête dans la course à la succession de Gray Davis comme gouverneur de Californie.

La dernière enquête publiée mercredi par le Los Angeles Time révèle que l’acteur recueille 40 % des intentions de vote et devance donc de 8 % son principal rival Cruz Bustamante, qui occupe pour le moment le poste de vice-gouverneur et a la lourde charge d’être le candidat démocrate dans ce scrutin. L’arrivée de Terminator à la tête d’un Etat qui représente la sixième puissance économique mondiale derrière la France est donc de plus en plus probable puisque son ascension dans les sondages est parallèle avec l’augmentation du nombre de citoyens qui annoncent qu’ils veulent destituer Gray Davis. Ils sont aujourd’hui 56 % à être dans ce cas, alors qu’ils n’étaient que 50 % au début du mois de septembre.

L’arrivée dans la course électorale d’Arnold Schwarzenegger renforce le caractère peu ordinaire d’un scrutin qui fait suite à une pétition lancée par le parlementaire républicain Darrell Issa pour obtenir le départ du gouverneur Davis accusé d’être à l’origine de la gabegie qui a ruiné les finances de la Californie. Une procédure exceptionnelle permet en effet d’engager un processus de destitution du gouverneur si l’on obtient la signature d’au moins 12 % des électeurs de l’Etat. C’est ce que Darrel Issa a réussi à faire en réunissant les paraphes de 1,6 millions de Californiens. Jusqu’à présent, il n’y a eu qu’un vote de ce type organisé aux Etats-Unis où 18 Etats disposent de cette procédure de révocation. Il a permis la destitution du gouverneur du Dakota du Nord en 1921.

Terminator candidat des républicains

Lors de la consultation, les quinze millions d’électeurs convoqués devront répondre à deux questions : voulez-vous destituer le gouverneur Gray Davis et si oui, quel candidat choisissez-vous pour lui succéder ? Si le oui obtient 51 % des voix, le mieux placé des quelque 130 candidats inscrits sera alors déclaré vainqueur. Le prochain gouverneur de Californie pourrait ainsi être élu sans avoir à obtenir la majorité.

La campagne d’Arnold Schwarzenegger pour cette élection est un modèle du genre. Il a d’abord ménagé le suspens sur sa candidature, a pris ses marques, s’est fait désiré. Puis il a annoncé qu’il y allait finalement et s’est lancé dans une course effrénée au cours de laquelle il a participé à trois fois plus de meetings que ses adversaires. Après avoir refusé longtemps les débats télévisés, il tout de même accepté de tenter cet exercice périlleux et s’en est tiré avec les honneurs. Ceux qui l’attendaient au tournant et espéraient qu’il serait pris en défaut par inexpérience politique ont été déçus. C’est d’ailleurs à la suite de l’émission au cours de laquelle il a été confronté aux autres candidats, que le Parti républicain a finalement annoncé qu’il soutenait sa candidature plutôt que celle de Tom McClintock.

Duf Sundheim, le président de ce parti en Californie, a expliqué les raisons de ce choix : «Arnold a une capacité éprouvée à établir le contact avec les électeurs pour consolider la base républicaine tout en emportant l’adhésion de démocrates et d’indépendants, ainsi que de nouveaux électeurs». Autrement dit à ratisser large. Et à résister à toutes les peaux de bananes semées consciencieusement par ses adversaires. Les dernières révélations sur ses frasques de jeunesse (participation à des orgies, consommation de marijuana) n’ont pas eu l’effet escompté. Comme si les électeurs étaient plus conciliants avec un ex-acteur reconverti qu’avec un professionnel de la politique.

Les tentatives de ses adversaires pour dénoncer le vide de son programme et mettre en valeur son incapacité à diriger du jour au lendemain un Etat comme la Californie n’ont pas non plus réussi à l’ébranler. Il a d’ailleurs présenté mercredi sans état d’âme son programme dans lequel il préconise le gel des dépenses publiques et propose des mesures inattendues pour renflouer les caisses de l’Etat. Il compte ainsi faire rentrer deux milliards de dollars en renégociant les contrats avec les casinos indiens jusqu’ici trop peu taxés, selon lui. Il promet aussi de faire de l’éducation, de la santé et de l’environnement des priorités de son mandat. Face à ce Terminator républicain que rien ne semble pouvoir arrêter, il ne reste plus que quelques jours aux démocrates pour renverser la vapeur et ne pas céder la direction d’un Etat très important si l’on se place dans la perspective des élections présidentielles de 2004. Le 7 octobre, les électeurs californiens diront en tout cas si, oui ou non, ils veulent envoyer un deuxième acteur d’Hollywood (après Ronald Reagan) à la tête de leur Etat.



par Valérie  Gas

Article publié le 02/10/2003