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Irak

Irak : la Maison Blanche reprend la main

L’enlisement des forces américano-britanniques en Irak tout comme le coût de la reconstruction de ce pays en proie à une insécurité grandissante ou encore le nombre croissant de soldats américains tués par la guérilla fidèle à l’ancien régime ont largement contribué à la chute de la popularité de George Bush. A un an d’une échéance électorale majeure, le président américain, soucieux de regagner la confiance des électeurs, a décidé de recentrer à la Maison Blanche les responsabilités dans la gestion de ce dossier. Un nouveau «groupe de stabilisation de l’Irak» a été mis en place sous la direction de Condoleeza Rice, la conseillère de George Bush pour la sécurité nationale. Même si le porte-parole de la présidence américaine a minimisé la portée de la création de ce groupe, de nombreux observateurs estiment qu’il s’agit d’un moyen pour la Maison Blanche d’exercer davantage de contrôle sur le dossier irakien au dépens du Pentagone.
Près de six mois après la chute du régime de Saddam Hussein, l’administration Bush a de plus en plus de mal à esquiver les reproches qui lui sont faits sur sa gestion de l’après-guerre en Irak. Confronté sur le terrain à des difficultés de plus en plus importantes et incapable de convaincre la communauté internationale de s’engager financièrement et militairement dans la reconstruction du pays, le président américain a décidé de mettre en place une nouvelle structure chargée officiellement de coordonner les efforts des différentes agences impliquées dans ce dossier. «Nous faisons de bons progrès en Irak», a tenu à justifier George Bush ajoutant toutefois que «c’est parfois difficile à comprendre quant vous l’entendez après que cela soit passé par tous les filtres». «La situation s’améliore quotidiennement. Les gens sont plus libres, l’infrastructure s’améliore, les écoles ouvrent, les hôpitaux sont modernisées» a-t-il également affirmé.

Dans ce contexte, comment expliquer la création du nouveau «groupe de stabilisation de l’Irak» ? La réponse de George Bush se veut sans ambiguïté. «Il est fréquent pour le Conseil national de sécurité –dirigé par Condoleeza Rice– de cordonner les efforts entre les différentes agences», a-t-il déclaré. «Ce nouveau groupe, formé au sein de ce Conseil, visera donc à coordonner les efforts des agences sur le dossier irakien et aussi à aider le Pentagone et Jerry Bremer», l’administrateur américain en Irak, a-t-il ajouté. Très didactique, le président Bush a insisté: «la tâche de Condi Rice est de s’assurer que les efforts continuent d’être coordonnés pour que nous puissions continuer à faire des progrès».

Le «groupe de stabilisation de l’Irak» comprendra des représentants du Département d’Etat, du Pentagone et du Trésor américain. Il devra coordonner les efforts américains dans quatre domaines: la lutte anti-terroriste, les questions économiques, les institutions politiques et la communication.

«Le Pentagone reste l’agence dirigeante»

L’étendue des compétences octroyées à cette nouvelle structure a tout de suite été perçue comme un désaveu pour la politique menée jusque-là par le Pentagone qui gère l’après-guerre en Irak. L’ambassadeur Paul Bremer, en charge de l’Autorité provisoire de la coalition, est en effet rattaché à l’administration de Donald Rumsfeld. La décision de George Bush sonne donc comme une volonté de la Maison Blanche d’exercer davantage de contrôle sur la gestion de la reconstruction de l’Irak.

Le porte-parole du président américain a toutefois tenu à minimiser la portée de la création du «groupe de stabilisation de l’Irak». «Le Pentagone reste l’agence dirigeante», a ainsi insisté Scott McClellan, précisant que la nouvelle structure est uniquement «chargée d’aider le département de la Défense et la coalition dans leurs efforts». Malgré cette mise au point et les affirmations selon lesquelles la situation évolue favorablement en Irak, de nombreux observateurs estiment que la décision de George Bush confirme bien le diagnostic d’une mauvaise gestion du Pentagone du dossier irakien. La date choisie en outre pour annoncer la création de cette nouvelle structure, à la veille d’un vote du Congrès pour une rallonge budgétaire, sonne comme une volonté de George Bush de rassurer les élus américains sur son engagement à rendre compte de chaque dollar dépensé pour la reconstruction de l’Irak.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 07/10/2003