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Politique française

Les 35 heures dans le collimateur du gouvernement

Aménager les 35 heures : cet objectif est au cœur des préoccupations des membres du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Le ministre délégué au Budget, Alain Lambert, a ouvert, jeudi dernier, le bal des déclarations sur la nécessité d’assouplir les modalités d’application de la réduction du temps de travail, une réforme qui a, selon lui, coûté trop cher à la France. Acquis social irréversible pour les uns, erreur économique majeure pour les autres, ce débat alimente décidément la controverse.
C’est de Moscou, où il effectue une visite officielle, que le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin a donné son point de vue sur la polémique qui agite depuis plusieurs jours la majorité et l’opposition à propos des 35 heures. «Nous sommes prêts à apporter les aménagements nécessaires et à faire en sorte, sur les 35 heures comme sur tout autre sujet, que le dialogue social précède la décision législative». Pas question donc de brusquer les Français en remettant en cause une réforme qui a permis de réduire le temps de travail et d’imposer une loi qui aille dans le sens inverse de la précédente. Mais tout de même, le Premier ministre insiste sur la nécessité de «valoriser le travail». «Nous avons une productivité horaire exceptionnelle…mais en nombre d’heures travaillées, là, nous ne sommes pas médailles d’or».

L’idée semble donc être, comme l’a expliqué Jean-François Copé, le porte-parole du gouvernement, de trouver les moyens d’atténuer «les conséquences extrêmement négatives pour l’économie» de la loi de la socialiste Martine Aubry. Selon lui, le passage aux 35 heures a notamment eu en France pour effet de bloquer les salaires, d’empêcher la création d’emplois ou de provoquer des délocalisations. Pire, le ministre délégué au Budget Alain Lambert a, lui, estimé que c’est cette réforme qui a empêché la France d’atteindre ses objectifs européens c’est-à-dire de se situer sous les 3% du produit intérieur brut (PIB) de déficit public. «S’il n’y avait pas les 35 heures, on serait dans les critères européens… Le coût des 35 heures, c’est un point de PIB, c’est-à-dire 15 milliards d’euros par an», a-t-il ainsi déclaré.

Il est vrai que le contexte économique est difficile en France. La croissance est au point mort et le gouvernement a concédé récemment qu’il ne pouvait au mieux qu’espérer atteindre 0,5 % en 2003. Dans ce contexte, l’assouplissement de l’application de cette réforme «métier par métier» et en «concertation avec les partenaires sociaux» a pour objectif, selon le gouvernement, de redynamiser les entreprises et les salariés pour permettre à ceux qui le souhaitent «de gagner plus en travaillant plus».

Une commission d’enquête parlementaire sur les 35 heures

Cette analyse n’est, bien évidemment, pas du tout partagée par les socialistes qui sont à l’origine du passage aux 35 heures. François Hollande, le premier secrétaire du PS, n’a pas manqué d’insister sur le contexte dans lequel cette polémique a éclaté: «C’est parce qu’il est dans l’impasse par ses choix stratégiques et budgétaires» que, selon lui, le gouvernement s’en prend aujourd’hui à la réforme de Martine Aubry. Et pour François Hollande, il s’agit d’une pure et simple manœuvre politique. La preuve, avance-t-il, depuis l’année dernière il est possible de renégocier les conditions d’application de la réforme dans certaines entreprises, et pourtant, «aucune ne l’a fait».

Dans ces conditions, les socialistes sont d’accord avec les «réformateurs» de l’UMP qui ont fait des 35 heures l’un de leurs chevaux de bataille, pour demander la création d’une commission d’enquête parlementaire dans l’idée de mesurer les conséquences réelles de la réduction du temps de travail sur l’économie. François Hollande, pour lequel la gauche n’a rien à craindre sur une loi dont la droite a fait «un sujet idéologique», a ainsi estimé: «Par une évaluation précise et incontestable des effets sur l’emploi, l’organisation du travail ou les comptes publics, l’enquête parlementaire nous préservera à l’avenir des procès en sorcellerie».

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par Valérie  Gas

Article publié le 06/10/2003