Algérie
Le FLN déchiré par la guerre Bouteflika-Benflis
Larvée depuis des mois, l’épreuve de force qui oppose Abdelaziz Bouteflika à son ancien Premier ministre, Ali Benflis, également secrétaire général du FLN, en vue de la prochaine élection présidentielle s’est radicalisée jeudi avec la décision de l’ancien parti unique de retirer du gouvernement les ministres qui ont refusé de faire allégeance au président algérien. Cette décision intervient à la veille d’un congrès extraordinaire du FLN, interdit par les autorités mais maintenu par les proches d’Ali Benflis et destiné à plébisciter le secrétaire général du parti comme candidat à la présidentielle prévue au printemps prochain. La tension entre les partisans du président et ceux de l’ancien Premier ministre est aujourd’hui telle que de nombreux observateurs s’inquiètent de voir la crise entre les deux hommes déborder dans la rue.
La réunion devait rassembler dans les faubourg de la capitale quelque 1 500 militants du FLN tous prêts à plébisciter la candidature d’Ali Benflis à l’élection présidentielle d’avril 2004. Le ministre de l’Intérieur, Yazid Zehrouni, un proche d’Abdelaziz Bouteflika, avait même affirmé en début de semaine qu’«il ne voyait pas pourquoi» il empêcherait un congrès extraordinaire de l’ancien parti unique de se tenir. Le services de la Wilaya d’Alger avaient en outre délivré mardi après-midi une autorisation écrite légitimant une telle réunion. Mais coup de théâtre dans la soirée, le FLN apprend qu’il lui est interdit de se réunir. Motif invoqué : une plainte a été déposée par des militants de cette même formation politique devant la chambre administrative du tribunal d’Alger pour dénoncer «les irrégularités des conditions dans lesquelles s’est déroulé en mars dernier le 8ème congrès du parti». Et Yazid Zehrouni de se rétracter : «C’est à la justice de trancher», a-t-il déclarant en menaçant purement et simplement de «bloquer non seulement le congrès mais aussi et surtout la candidature de Benflis à la présidentielle de 2004».
Cette interdiction a aussitôt été assimilée par les partisans du secrétaire général du FLN à un «putsch politique» contre leur candidat. Dans un communiqué rendu public mercredi soir, le bureau politique a ainsi estimé que «le candidat-président –Bouteflika n’a officiellement toujours pas présenté sans candidature– a complètement et définitivement manqué à sa mission de gardien des lois et de premier magistrat» en signant «un nouvel acte d’agression» contre le premier parti du pays. Le FLN détient en effet la majorité à l’assemblée nationale algérienne depuis sa victoire aux élections législatives de 2002 remportées par les proches d’Ali Benflis. Le parti a en outre menacé de maintenir la tenue de son congrès extraordinaire à la date prévue et dénoncé «un comportement irresponsable» qui pourrait avoir «des conséquences dangereuses». Jeudi, le bras de fer entre les deux hommes a pris les allures d’une crise politique. L’ancien parti unique a en effet infligé un second camouflet au président Bouteflika en annonçant le retrait du gouvernement de cinq de ses ministres, tous proches d’Ali Benflis.
L'armée officiellement silencieuse
Les hostilités entre les deux hommes ont débuté au mois de mars dernier, lors du 8ème congrès du FLN qui a donné tout pouvoir à son secrétaire général, alors Premier ministre choyé d’Abdelaziz Bouteflika. Réalisant qu’Ali Benflis –qui ne s’était pas gêné pour exclure des instances dirigeantes du parti les partisans du chef de l’Etat– était devenu un rival sérieux pour la présidentielle 2004, ce dernier l’a aussitôt limogé. Depuis la contestation gronde au sein du FLN et la bataille pour le contrôle du parti, formidable machine électorale implantée à travers tout le pays, fait rage. Une trentaine de militants pro-Bouteflika, réunis autour du ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem, réclament l’invalidation du 8ème congrès et appellent à la tenue d’«un congrès du redressement». Ils dénoncent en effet son caractère «stalinien» et les multiples infractions aux statuts auxquelles il a, selon eux, donné lieu. Cette bataille rangée a donné lieu le 5 septembre dernier au limogeage, sans aucune justification, de sept ministres, dont six membres du FLN. Tous étaient bien sûr des proches d’Ali Benflis qui ont été remplacés par des partisans d’Abdelaziz Bouteflika.
Avec l’interdiction du congrès extraordinaire du FLN et le retrait du gouvernement des derniers partisans d’Ali Benflis, le conflit entre pro et anti-Bouteflika vient de prendre un tour plus radical. L’ancien parti unique va-t-il maintenir la réunion de samedi et, si oui, où compte-t-il la tenir ? Son secrétaire général a déjà fait savoir qu’elle pourrait avoir lieu, si besoin, au siège de la formation politique à Alger. Les dissidents ont répliqué qu’ils s’y rendraient en nombre, aucune loi ne leur interdisant de se présenter au local de leur parti. Ces provocations de part et d’autre inquiètent de nombreux observateurs qui n’excluent pas un débordement dans la rue comme ce fut le cas en août dernier lorsque des partisans du président avaient investi, gourdin à la main, une réunion des pro-Benflis.
Officiellement l’armée, qui a de tout temps influencé les grandes décisions mettant en jeu l’avenir du pays, reste à l’écart des luttes qui secouent le FLN. Le chef d’état major, le général Mohamed Lamari, avait d’ailleurs récemment affirmé, lors d’un entretien avec le journal égyptien al-Ahram, qu’il respecterait le résultats des urnes et qu’il ne s’opposerait pas à l’élection d’«un président de la république du courant islamique, à condition qu’il préserve la constitution, la démocratie et le multipartisme». Un vœu pieu dans la mesure où Ali Benflis est d’ores et déjà considéré comme étant le poulain des généraux.
Cette interdiction a aussitôt été assimilée par les partisans du secrétaire général du FLN à un «putsch politique» contre leur candidat. Dans un communiqué rendu public mercredi soir, le bureau politique a ainsi estimé que «le candidat-président –Bouteflika n’a officiellement toujours pas présenté sans candidature– a complètement et définitivement manqué à sa mission de gardien des lois et de premier magistrat» en signant «un nouvel acte d’agression» contre le premier parti du pays. Le FLN détient en effet la majorité à l’assemblée nationale algérienne depuis sa victoire aux élections législatives de 2002 remportées par les proches d’Ali Benflis. Le parti a en outre menacé de maintenir la tenue de son congrès extraordinaire à la date prévue et dénoncé «un comportement irresponsable» qui pourrait avoir «des conséquences dangereuses». Jeudi, le bras de fer entre les deux hommes a pris les allures d’une crise politique. L’ancien parti unique a en effet infligé un second camouflet au président Bouteflika en annonçant le retrait du gouvernement de cinq de ses ministres, tous proches d’Ali Benflis.
L'armée officiellement silencieuse
Les hostilités entre les deux hommes ont débuté au mois de mars dernier, lors du 8ème congrès du FLN qui a donné tout pouvoir à son secrétaire général, alors Premier ministre choyé d’Abdelaziz Bouteflika. Réalisant qu’Ali Benflis –qui ne s’était pas gêné pour exclure des instances dirigeantes du parti les partisans du chef de l’Etat– était devenu un rival sérieux pour la présidentielle 2004, ce dernier l’a aussitôt limogé. Depuis la contestation gronde au sein du FLN et la bataille pour le contrôle du parti, formidable machine électorale implantée à travers tout le pays, fait rage. Une trentaine de militants pro-Bouteflika, réunis autour du ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem, réclament l’invalidation du 8ème congrès et appellent à la tenue d’«un congrès du redressement». Ils dénoncent en effet son caractère «stalinien» et les multiples infractions aux statuts auxquelles il a, selon eux, donné lieu. Cette bataille rangée a donné lieu le 5 septembre dernier au limogeage, sans aucune justification, de sept ministres, dont six membres du FLN. Tous étaient bien sûr des proches d’Ali Benflis qui ont été remplacés par des partisans d’Abdelaziz Bouteflika.
Avec l’interdiction du congrès extraordinaire du FLN et le retrait du gouvernement des derniers partisans d’Ali Benflis, le conflit entre pro et anti-Bouteflika vient de prendre un tour plus radical. L’ancien parti unique va-t-il maintenir la réunion de samedi et, si oui, où compte-t-il la tenir ? Son secrétaire général a déjà fait savoir qu’elle pourrait avoir lieu, si besoin, au siège de la formation politique à Alger. Les dissidents ont répliqué qu’ils s’y rendraient en nombre, aucune loi ne leur interdisant de se présenter au local de leur parti. Ces provocations de part et d’autre inquiètent de nombreux observateurs qui n’excluent pas un débordement dans la rue comme ce fut le cas en août dernier lorsque des partisans du président avaient investi, gourdin à la main, une réunion des pro-Benflis.
Officiellement l’armée, qui a de tout temps influencé les grandes décisions mettant en jeu l’avenir du pays, reste à l’écart des luttes qui secouent le FLN. Le chef d’état major, le général Mohamed Lamari, avait d’ailleurs récemment affirmé, lors d’un entretien avec le journal égyptien al-Ahram, qu’il respecterait le résultats des urnes et qu’il ne s’opposerait pas à l’élection d’«un président de la république du courant islamique, à condition qu’il préserve la constitution, la démocratie et le multipartisme». Un vœu pieu dans la mesure où Ali Benflis est d’ores et déjà considéré comme étant le poulain des généraux.
par Mounia Daoudi
Article publié le 03/10/2003